Déclaration commune de 25 organisations de citoyens algériens en France. L'Etat algérien s'est constitué dès l'indépendance autour de l'état-major de l'Armée, en régime autoritaire dont le président concentre tous les pouvoirs. Depuis, il s'est consolidé par une série de coups d'états, de coups de forces, de manœuvres contre les institutions issues de la révolution puis contre l'assemblée constituante, étouffant toute vie politique, syndicale et associative dans notre pays. Le dernier coup de force du 12 décembre 2019 portant Tebboune à la tête de la République n'a pas innové, il n'a fait que reproduire les mêmes méthodes du passé et confirme la nature autoritaire du système. L'arrivée de la pandémie dès le mois de mars, qui s'est répandue de façon croissante et effrayante, a contraint les citoyens mobilisés à suspendre les manifestations du Hirak et à adapter ses modalités d'actions pour limiter la propagation du virus. Malgré la gravité de cette situation, la population n'a nullement bénéficié d'une prise en charge à la hauteur du danger, ce qui illustre de manière tragique les carences du système sanitaire algérien ainsi que les dysfonctionnements structurels de la gouvernance des pouvoirs qui se sont succédé depuis l'indépendance. Alors que les citoyens des quatre coins du pays, par leur auto-organisation, ont fait preuve de solidarité, d'unité, démontrant ainsi une prise de conscience aigüe du danger de cette pandémie ; le pouvoir de fait, en exploitant cette tragédie, intimide, arrête et condamne à de lourdes peines les militants du processus révolutionnaire, réduit les libertés d'expression, d'organisation et de manifestation, et accentue sa politique de répression envers les militants politiques, associatifs et les médias, en particulier envers les journalistes. L'arrivée de la pandémie, la chute des prix du pétrole s'ajoutant à la mauvaise gouvernance caractérisée par la dilapidation des ressources nationales et des deniers publics, amplifient la précarisation et aggravent la paupérisation de la société algérienne. C'est dans ce contexte que les relais du pouvoir ont initié une campagne d'une rare violence sur les réseaux sociaux avec pour objectif de diviser le peuple et aider le « pouvoir de fait » à mieux régner et régénérer le système. Le silence de la justice aux ordres devant ces atteintes graves à l'unité de la nation est un aveu flagrant de sa complicité. Fidèle à sa nature, le régime représenté par Tebboune, façade civile désignée et imposée par l'état-major, véritable détenteur du pouvoir, dépourvu de toute légitimité populaire ne change pas de cap : se maintenir à tout prix en régénérant le système. Il s'enlise dans l'impasse et dans la tentative de normalisation de la vie publique en proposant une révision constitutionnelle et des élections législatives à l'horizon. Les mêmes méthodes de Bouteflika pour constituer sa majorité présidentielle, sont réutilisées par Tebboune pour se doter d'une base sociale et politique. Le processus révolutionnaire pose la question du pouvoir, le peuple en mouvement depuis février 2019 veut prendre son destin en main alors que le système veut se maintenir par tous les moyens. Cette révision constitutionnelle, manœuvre émanant d'un pouvoir illégitime, tente d'usurper encore une fois la souveraineté du peuple. La volonté du peuple a permis d'accomplir depuis le début du processus révolutionnaire le rejet du cinquième mandat, la destitution d'un Président de la république, le refus de la conférence nationale, le rejet des élections du 4 juillet 2019, le rejet des élections du 12 décembre 2019. Ces actes s'inscrivent dans le processus continu de la révolution dont la finalité est le recouvrement de la souveraineté totale du peuple algérien pour reprendre son destin en main. Ces acquis n'ont été possibles que par l'unité sans failles de l'immense majorité du peuple et l'esprit de la SYLMYA qui a prévalu à tout moment depuis février 2019. Nous, collectifs, comités citoyens, partis d'opposition et militants activistes en France, déclarons le rejet de la feuille de route du pouvoir de révision constitutionnelle et décidons de répondre à tous les appels pour un rassemblement le plus large, pour d'une part, le respect de toutes les libertés démocratiques ainsi que pour la libération sans conditions de tous les détenus politiques et d'opinion, et d'autre part, pour l'aboutissement d'un processus constituant en dehors du système, pour le recouvrement du Peuple de sa souveraineté totale. Nous militons ensemble pour leur concrétisation, dans le respect de la diversité des origines politiques, des convictions et des traditions de lutte de chacun. En conséquence, nous appelons l'ensemble des organisations, comités, partis et collectifs, à poursuivre et développer toute démarche collective, notamment sur la « place de la République », et s'engager à consacrer le premier dimanche de reprise, à débattre des voies et moyens pour consolider l'unité de notre peuple jusqu'à la victoire finale. Vive l'Algérie éternelle. Gloire à nos martyrs. Paris le 06 juin 2020. Liste des organisations signataires par ordre alphabétique : ACA (action citoyenne pour l'Algérie), ACDA, ADDA (alliance des démocrates de la diaspora algérienne), CA2R (Collectif Algérien pour la Deuxième République), CAMAN France, CCAF – PACS (Comité de Citoyens Algériens en France Pour une Assemblée Constituante Souveraine), CDL'A, Collectif debout l'ALGERIE, CGADD (Collectif Groupe l'Algérie Droit Devant ), CRAC (Comite de Réflexions pour une Algérie Consensuelle), Dzayer 2.0, Elhdaka, ENAF (Etudiants Nord Africains de France), FFS (Front des Forces Socialistes Section NORD), JTA, Le réseau Algérien Contre la Répression et pour la Libération des détenus, Les Progressistes, Libérons L'Algérie, MJC , Mouvement Ibtycar (section France), RCD (Section France) , Réseau pour la nouvelle Algérie, Révolution du Sourire, Riposte Internationale, Sawt E'chaab, UCP.