« Je suis très lucide sur les défis que j'ai devant moi d'un point de vue mémoriel. La guerre d'Algérie, sans doute, est le plus dramatique d'entre eux. Je veux mettre un terme au conflit mémoriel. Si j'y parviens, ce sujet aura à peu près le même statut que ce qu'avait la Shoah pour Chirac en 1995. » Emmanuel Macron – Actuel Président Français Cet été a vu du coté français le président Macron confier une mission sur la mémoire de la colonisation et la guerre d'Algérie , à l'historien Benjamin Stora. De l'autre rive, le chef d'Etat Tebboune a nommé Abdelmadjid Chikhi, responsable du Centre National des Archives Algériennes, comme conseiller aux mêmes questions et chargé de traiter avec la partie française. Si le geste est louable, l'effort humain consenti est dérisoire face à l'immensité de la responsabilité. Responsabilité que les montagnes elles-mêmes auraient refusé. Pour la nation algérienne cette mission ne doit avoir qu'un seul objectif : Etablir l'entière responsabilité de l'Etat Français dans le terrible drame de la colonisation. Pour cela il ne faut se tenir qu'aux faits historiques afin de surgir: sa culpabilité criminelle, politique, morale et métaphysique dans cette tragédie. Chaque génération, sans doute, se croit destinée à reconstruire le monde. La présente est devant un double défi, mener l'Eveil National à bon port en donnant de véritables structures civiles au pouvoir algérien et mettre à genoux les nostalgiques des biens-faits de la colonisation. Elle sait pourtant qu'elle ne peut compter que sur elle-même. En sachant que cette tâche est aussi grande et sacrée que celle qui fut dévolue à ceux qui ont payé le prix fort pour libérer cette nation. Héritière d'une histoire millénaire où se mêlèrent révolutions, conquêtes, empires devenus histoire, cultes morts et idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs ont régné jusqu'à leur destruction sans y parvenir à la subjuguer, c'est avec abnégation loin de toute haine, oppression, que chaque génération a pu, en elle-même et autour d'elle, restaurer à partir de ses seules négations un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir sur cette terre. Devant tant de dangers internes et externes, où les Elites des Ténèbres de ce monde risquent d'établir pour toujours les royaumes de la mort, cette génération sait qu'elle doit, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre ses enfants une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les algériens une arche d'alliance. Il n'est pas sûr qu'elle puisse accomplir cette tâche immense, mais il est certain que, dans chaque cœur algérien qui bat, elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté. Mais devant ces immenses défis, cette génération appréhende aussi avec circonscription cette mission de recherche mémorielle dans le fait de voir l'autre partie se référer à une vision française, dans une démarche et dans un esprit qui seront en porte-à-faux avec ceux de la déclaration du 1er Novembre 1954. Chaque nation, cultive une mystique qui explique sa résilience dans le temps. A ce jour, la France Savante reste perplexe devant un fait inexplicable : l'âme algérienne a résisté aux sirènes françaises tout au long de l'occupation. C'est cette distance morale qui empêcha la France de neutraliser l'ensemble des forces collectives qui ont constitué le fer de lance de la farouche résistance Algérienne. Dans un pays comme l'Algérie – où tout est jeune – tous les mots doivent garder leur vertu. En particulier le mot Mémoire ne doit pas signifier n'importe quoi, mais désigner un thème précis en rapport avec la terrible guerre et le grand génocide perpétrés par la France, depuis la conquête de 1830. Sous peine de voir surgir de nos rangs des obnubilés louant dans notre pays les bienfaits du colonialisme. Car la pensée révisionniste est en marche en Algérie en épousant partout les formes qui lui permettent de violer les jeunes consciences. Le seul moyen de lui faire barrage, c'est de documenter d'une manière sérieuse, précise et une fois pour toute la responsabilité totale de la République Française dans le drame de la colonisation en Algérie. Cela n'est possible que dans la mesure où la nation sera elle-même dégagée des équivoques historiques dont un abus de langage voudrait l'envelopper. Ces équivoques ont été prévues justement pour faire glisser le peuple algérien dans l'absurde et le doute. khaled Boulaziz kaerdin Zerrouati