C'est l'hiver et le ciel est magnifique, les zerzour sont de retour, le matin et le soir ils emplissent le ciel, traversant Alger, ils iront chercher refuge jusqu'en Afrique du Sud, pendant que nous, plantés les yeux au ciel, nous voilà confinés en attendant nos guerres imprévisibles à force de répétition. Les vents seront violents nous annonce la météo qui n'a pas la mesure de ceux de nos cœurs blessés, humiliés de tant de mépris. Las, fatigués : de quel côté se prend la violence du mépris ? C'est un vent invisible qui traverse les cœurs et la mémoire, qui laisse des traces sans bruit et si proches de l' intime. Que faire ? Si ce n'est compter les jours qui passent et se gaspillent, tel un or noir dont on n'a pas l'usage. Nous n'avons pas le secret d'arrêter le temps volé par ceux qui gouvernent tels des aveugles sans voix et aux visages bleus, gantés, casqués, armés. Entre l'Allemagne et la Suisse ils se soignent pendant que nous attendons leurs sombres retours. Qu'auront-ils appris de l'art de tuer les ombres qui les fuient ? Qu'auront-ils appris de leurs corps qui se meurent et qui répandent cette odeur de vieillards aux cœurs mous pendant que les nôtres se durcissent ? Que ferons nous de ces traces qu'ils nous laissent sur nos visages masqués quand nous sortons en comptant nos sous, nos sourires en guise de guirlande pour dire à chacun croisé, courage mon frère, courage ma sœur, le temps est long et le matin d'hier ressemble à celui d'aujourd'hui. Que ferons nous de ces traces ?Bientôt le nuit tombera et nous déménagerons dans nos têtes, sur le dos d'un livre où encore à cheval sur des paraboles nous irons chercher la force pour demain.