Le Soir d'Algérie 05 décembre 2009 Licencié par son employeur pour avoir créé une section syndicale, Yacine Zaïd subit aujourd'hui une série de procès pour diffamation et menace sur Internet. Le syndicaliste s'est présenté mardi dernier pour la 21e fois devant un juge. Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Yacine Zaïd est poursuivi dans le cadre de six plaintes déposées par le groupe français Compass, sa filiale Eurest Algérie, le directeur des ressources humaines ainsi que le chef de la base où il était employé. «Je subis un véritable acharnement de la part de mes anciens employeurs. Leur objectif est simple : ils veulent m'anéantir moralement et financièrement à travers ce harcèlement judiciaire», expliquait, hier, Yacine Zaïd. Depuis le déclenchement du conflit, il est convoqué régulièrement par la justice. «Mardi, je suis passé une nouvelle fois devant le juge suite à une plainte déposée par le DRH de l'entreprise. Il m'accuse de diffamation et de menace sur Internet. Le dossier comporte juste une illustration d'un terroriste et une autre représentant un tombeau. Cette personne dit que je l'ai menacée par email mais sans apporter de preuves concrètes», note le syndicaliste, en ajoutant avoir demandé la nomination d'un expert pour déterminer exactement les faits. Dans un autre procès intenté par son ex-employeur, Yacine est également poursuivi pour diffamation suite à des informations publiées sur des sites internet de syndicats européens et américains. «Ils n'ont rien trouvé de mieux à faire que de me coller un procès car des syndicats étrangers ont évoqué mon cas sur leurs sites. C'est ridicule. Mais puisqu'ils s'estiment lésés, ils n'ont qu'à poursuivre en justice ces organisations syndicales. Je peux vous dire qu'en France, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), un des principaux syndicats d'entreprise au sein de Compass, attend de pied ferme leur plainte. Mais nous savons tous qu'ils ne passeront jamais à l'acte, ils préfèrent plutôt s'acharner contre un petit syndicaliste isolé à Hassi-Messaoud. Au début du conflit, j'ai eu l'occasion de rencontrer des responsables envoyés en Algérie dans le cadre d'une soi-disant initiative de conciliation. Ils m'avaient clairement déclaré que l'entreprise avait les moyens de me rendre la vie très difficile si je persistais à vouloir créer une section syndicale. Finalement, ils avaient raison. Ces gens sont très puissants.» Epuisé et ruiné, Yacine Zaïd ne compte pourtant pas lâcher prise. «J'ai tout perdu, ma famille et toutes mes économies. Ils pensent que je vais finir par céder, mais ils se trompent totalement. Je compte défendre ma dignité jusqu'au bout». T. H.