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Le Capitaine Zoubir: l'un de nos héros trahis
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 08 - 12 - 2009

In Algeria-Watch
Le journal « Algérie Actualité » avait publié, à la fin des années quatre-vingts, un sondage qui révélait que soixante treize pour cent de nos lycées ignoraient qui étaient Ben M'hidi, les accords d'Evian, etc.
Pendant les « présidentielles » d'avril 1999 et précisément lors du show médiatique d'AEK. Bouteflika sur Algeria TV., Hamida, le journaliste d'El Khabar avait honoré sa profession en posant une question au candidat-monarque éphémère sur l'affaire du capitaine Zoubir. L'invité perd son sang froid et lance un défi à quiconque qui apporterait la preuve de l'implication du groupe de Oujda dans l'exécution du capitaine de la zone I de la wilaya V.
Bien que versés dans les événements qui sont à l'origine des plus belles pages de notre histoire contemporaine, nous ignorions complètement cette affaire. Aussi avions-nous attendu, la bouche sèche, ( bi riq ennachef) de voir au moins l'un de nos nombreux savants relever ce défi présidentiel. Après bientôt deux ans passés, à notre connaissance, personne ne l'a fait. Nous sommes convaincus que personne ne le fera.
A défaut d'une réponse de nos spécialistes, nous avons fait nos propres recherches qui se sont avérées fort fructueuses et qui lèvent une partie du voile sur l'un des multiples crimes commis par le groupe le plus influent et le plus scélérat de notre république bannière.
Le meilleur hommage que l'on puisse rendre à nos martyrs et à nos sincères combattants pour la libération de notre pays, c'est de rappeler succinctement, aux générations montantes, dans quelles condition, avec quels moyens et par déduction logique, comment ils tombaient au champ d'honneur.
Nous allons relater trois cas, l'un vécu, les deux autres nous ont été rapportés, de l'autre bout de notre vaste territoire national, par des témoins dignes de foi.
En hiver 1957, notre région avait fait l'objet d'un grand ratissage opéré par les forces coloniales appuyées par plusieurs types d'avions : bombardiers T6 et T28, des pipers (avions de renseignement) des hélicoptères de toutes sortes, de divers véhicules tout terrain et en nombre impressionnant, des milliers de soldats surarmés, surentraînés, abondamment nourri, chaudement vêtus, régulièrement relevés, encadrés par des polytechniciens, ont participé à cette opération dévastatrice.
Nous connaissions les moudjahidin du coin un par un. Ils étaient peu nombreux, démunis d'arme ou au mieux, ils étaient armés de fusils de chasse usagers, rafistolés à l'aide de fil de fer et de cordes en osier nain (doum) tressé. Leur principale force reposait sur l'indéfectible soutien des populations rurales, la parfaite connaissance du terrain et la rapidité de leurs jambes.
A la fin de ce grand matraquage à l'aide de munitions de tout calibre et de napalm qui avait duré quatre jours, deux djounoud au moins avaient survécu en se cachant sous les branchages au fond d'un oued. Nos deux héros qui étaient restés immobiles en plein hiver, avaient perdu l'usage de leurs jambes. C'est à l'aide de leurs mains et de leur fessier qu'ils ont pu s'approcher, à travers le maquis, du voisinage du douar le plus proche. Repérés par des bergers qui sont allés à leur rencontre, nos survivants lancent en chœur : « n'approchez pas, rana âaraya, nous sommes nus. »
Les bergers sont allés leur procurer quelques oripeaux pour cacher leur nudité. Une fois habillés, nos vaillant combattants se sont montrés dans un état lamentable, leurs mains étaient en sang, leur derrière pelé, leurs pieds engourdis par le froid. Ils ne pouvaient ni marcher ni s'asseoir. Et pour toute arme ? Ils n'avaient que leurs deux mains meurtries, l'une devant l'autre derrière pour cacher leur pudeur.
Pour rompre leur jeûne de quatre jours et quatre nuits, les habitants du douar leur ont offert une galette d'orge, un bol d'huile d'olive et une cruche de petit lait de chèvre, menu ordinaire de nos fellahs sans terre.
Un officier colonial se souvient, trente ans après la guerre : » nous avons encerclé un groupe de quelques « fellagas » faiblement armés, nous leur avons demandé de se rendre les mains en l'air. Ils ont répondu par des tirs de fusils de chasse alors qu'ils n'avaient aucune chance de s'en sortir. Ils se sont battu avec une audace qui dépassait notre entendement. Les autorités militaires pensaient que ces gars étaient drogués. Elles ont ordonné une autopsie. Celle-ci avait révélé qu'ils n'avaient pas mangé depuis plusieurs jours et que leurs estomacs ne contenaient que quelques résidus de Kharoub… »
Un médecin légiste, ami de Ferhat Abbas, avait vécu un fait similaire dans la région de Batna. Ces : »gars (moudjahidin), dit-il, avaient le ventre vide, seulement quelques résidus de gland. Ils étaient légèrement vêtus alors que nous étions en plein hiver. Comment pouvaient-ils se battre dans de telles conditions, s'interroge le légiste ? » (1)
Oui, nos vaillants combattants forçaient l'admiration de leurs adversaires, cependant leurs maffieux dirigeants méprisent. Le capitaine Zoubir et ses frères se battaient, jusqu'à la fin de l'année 1959, dans la wilaya oranaise, dans les conditions et avec les moyens que nous venons de résumer. Ils étaient constamment exposés au matraquage terrestre, aérien et parfois même la marine coloniale participait aux combats ou au transport de troupes dans les régions côtières.
Les aides : financières, alimentaires et l'armement promis par les « frères » de Oujda ne leur arrivaient jamais. Les appels de détresse lancés par le capitaine de la zone I restaient sans réponses et sans effet.
Zoubir apprenait par la radio et par la presse que les réfugiés algériens au Maroc enduraient une grande famine : les nourrissons sans lait, les personnes âgées sans soin l'ensemble vivait, selon ces sources d'information, dans une misère indescriptible. Un représentant de l'I.R.O. ( organisation internationale des réfugiés) déclarait au journal le « Monde » : « … nous ne comprenons pas le dénuement de ces réfugiés, il cite le nombre d'articles et les quantités respectives de chaque produit qui leur ont été régulièrement livrés, il ajoute, nous leur avons même versé 200 dollars ( 150.000 francs de l'époque) par personne… » (2)
A priori ce type d'information s'apparente à une tentative d'intoxication. mais des rumeurs folles circulaient sur la cupidité des émirs de Oujda. Zoubir qui ne pouvait plus se battre par manque de moyen, décide de rentrer au Maroc pour vérifier ces rumeurs et pour demander des comptes à ceux qui le privaient de moyens : vêtement, arme… pour se batte honorablement et pour mourir dignement..
Le capitaine était conscient de la gravité de son geste et de la peine que lui et ses compagnons encouraient suite à la « désertion de leur poste. » Il connaissait aussi la cruauté des planqués de Oujda. Il rentre au Maroc. Dès son arrivée il se rend au camps de réfugiés de Nzala qu'il trouve livré à la misère globale. Où passent les aides internationales, s'interroge Zoubir ? Elles sont détournées et vendues dans les souks, répondent les réfugiés destinataires.
Le capitaine se précipite aux souks où il découvre des sacs de semoule, de riz, de sucre, de lait, des cartons de médicament, de couverture, des ballots de vêtement, dans leurs emballages qui portaient encore les marques de l'lRO. et de la croix rouge internationale, qui s'y vendaient effectivement. Il demande des explications aux barons de Oujda qui se défendent comme ils peuvent : »… les revenus des ventes, disent ils, servent à armer, à habiller et à nourrir les moudjahidin qui se battent au front, à l'intérieur. C'est faux ! rétorque Zoubir, j'en viens ! les maquis sont livrés à eux-mêmes !
A sa grande stupéfaction, Zoubir apprenait que les caïds de Oujda vivaient comme les stars de Hollywood, ils se pavanaient à bord de voitures haut de gamme, ils s'habillaient chez les grands couturiers parisiens, ils se gavaient dans les restaurants les plus chics, ils dormaient dans les hôtels les plus huppés du royaume chérifien, ils entretenaient des prostituées de luxe, ils fumaient des cigares « don pérignon » de la célèbre marque davidov…
En termes fermes, Zoubir lance aux corrompus de Oujda : »… n'attendez pas de moi à ce que je sacrifie mes hommes pour des profiteurs de votre acabit. » Les révolutionnaires de palace, selon les termes de Abane Ramdhan, rusent de toutes leurs fibres, ils invitent leur accusateur au dialogue. Zoubir savait que les étrangleurs de Abane Ramdhan et exploiteurs de la misère du peuple algérien ne connaissent qu'un seul langage, celui des armes ou donner des ordres de type: dez mâahoum, marche ou crève…
Zoubir et ses vingt fidèles compagnons qui avaient le soutien des réfugiés restent fermes sur leur position. Ils dénoncent les turpitudes des planqués de Oujda soutenus par le prince héritier des croyants, le futur despote du Maroc et l'une des plus grosse fortune politique du monde.
Boussouf mobilise ses milices surarmées, chaudement habillés, abondamment gavées, longuement reposées, pour éradiquer le « rebelle » et ses vingt compagnons démunis mais rompus aux combats du harcèlement. Zoubir et ses fidèles repoussent et tiennent à distance leurs assaillants pendant deux mois. Les multiples accrochages font des victimes dans les deux rangs. Des marocains sont tués par les miliciens de l'étrangleur de Abane Ramdhan, mais Boussouf attribue ces victimes à Zoubir et il court (dhrabni ou bka sbaqni ou chka) vers son ami, le futur Hassan II, pour lui présenter ses condoléances mais surtout pour lui demander main forte afin d' étouffer une révolte légitime. (op.cit.)
Le prince héritier et Boussouf partageaient les fruits du trabendo de l'aide des ONG extorquées aux réfugiés algériens. Zoubir et ses hommes constituaient leurs ennemis communs. Hassan zoudj, à la demande expresse de Boussouf, engage plusieurs colonnes armées pour mettre fin à l'admirable action de l'un des plus illustre de nos Robins des bois.
Après deux mois de résistance, à court de munitions, cernés de toute part, le vaillant capitaine et ses hommes se rendent aux forces royales qui lui ont promis l'amane. Mais le prince héritier n'avait pas tenu ses engagements, il avait livré les hommes de la zone I au camp de Khemisset où ils se sont fait immédiatement massacrés sous les yeux de Boussouf. Quant à Zoubir, il avait fait l'objet d'un simulacre de procès dont Houari Boumédienne, la référence de Bouteflika, avait les secrets. Il est condamné à mort et exécuté sur le champ à l'instar des colonels : Abane Ramdhan, Nouaoura, El Amouri, Aouachria, el Askri, du capitaine Lak Hel et des milliers d'autres héros qui restent inconnus de nos lycéens et ignorés de notre histoire contemporaine.
Dès l'indépendance acquise, les planqués de Ghardimaou et de Oujda, qui n'avaient pas accédé au pouvoir, Boussouf en tête, sont allés se mettre au vert, au large, en réserve de la république à Paris où ils ont opté pour la double nationalité et où ils étaient déjà propriétaires de palaces dans les quartiers les plus riches. Ils fréquentaient les mêmes boites de nuits que les stars de cinéma, ils prenaient leurs repas gargantuesques aux : Ritz, Crillon, Georges V et autres restaurants les plus chics de la capitale des « méchants colonialistes. » Ils ne revenaient en Algérie que pour prendre une parcelle de pouvoir, à l'heure du partage de la manne pétrolière et gazière ou mort dans un cercueil.
En conclusion, nous faisons constater à nos générations montantes en général et à nos lycéens en particulier que nos confortables ressources constituent une authentique malédiction pour notre pays car elles excitent l'insatiable rapacité de nos illégitimes et vulgaires politiciens, qui s'achètent des armes pour renforcer leur maffieuse autorité, défendre leurs privilèges indus, augmentent notre misère pour obtenir notre docilité et pour réduire nos libertés individuelles et collectives.
Références bibliographiques :
(1) Ferhat Abbas, « l'Autopsie d'une guerre. » éd. Garnier
(2) Jacquin, » La guerre secrète en Algérie. » Olivier Orban.


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