Le Comité national de soutien aux travailleurs algériens (CNSTA) a observé, hier, un deuxième sit-in devant le ministère du Travail. Plus nombreux que lors du premier sit-in observé il y a quelques jours, les protestataires ont crié leur colère face au «silence méprisant et irresponsable» des autorités à l'égard de Meriem Mehdi, qui boucle aujourd'hui son 35e jour de grève de la faim pour protester contre son licenciement abusif par la multinationale British Gas. «El-Djazaïr harrana'ha li elmultinationales wedjedna'ha» (nous avons libéré l'Algérie pour baliser le terrain aux multinationales), scandaient, entre autres slogans, les frondeurs. Peine perdue. Contrairement au premier sit-in, les portes du département de Tayeb Louh sont restées cette fois désespérément fermées. Aucun responsable n'est venu à la rencontre des protestataires, qui ont préféré se retirer en voyant le dispositif policier devant le siège du ministère se renforcer. Nassera Ghozlane du comité femmes du SNAPAP et du CNSTA n'arrive plus à cacher ses craintes sur la vie de sa camarade et encore moins sa colère à l'encontre des responsables. «Si un malheur arrive à Meriem, ce sera un crime dont le ministre du Travail assumera l'entière responsabilité», lance la syndicaliste, larmoyante. «Meriem se meurt, elle ne peut plus parler. Nous l'avons conduite à quatre reprises pour un gavage à l'hôpital et elle est sous assistance psychologique», déplore-t-elle. Meriem Mehdi s'est métamorphosée après 35 jours de jeûne. Les yeux hagards, elle s'est murée dans un silence total depuis quelques jours déjà, assurent les femmes qui l'assistent et l'assistance psychologique. En outre, un méchant herpès, aidé par la grave immunodéficience induite par la longue période d'abstinence, lui gangrène la plus grande partie de son visage et l'acné s'est attaquée à ses tempes et à sa nuque. D'ailleurs, par respect, les femmes qui l'assistent refusent aux photographes de presse de prendre Meriem en photo. Mme Mehdi est sous surveillance médicale bénévole et son médecin affirme qu'elle gardera des séquelles. Au-delà d'un litige social opposant une employée à son employeur, le cas Meriem Mehdi relève d'un cas humanitaire nécessitant une intervention urgente des autorités concernées pour assister une personne réellement en danger de… mort.