Quarante-huit heures après la publication du communiqué annonçant la naissance d'un «comité de redressement» au sein de l'UGTA et dont l'initiateur n'est autre que l'ex-secrétaire national à l'organique et actuel sénateur du tiers présidentiel, M. H'marnia Tayeb, une rencontre d'urgence s'est tenue, hier, au siège de la centrale syndicale. A l'ordre du jour : «réitérer le soutien à Abdelmadjid Sidi-Saïd et dénoncer les agissements de ceux qui veulent porter atteinte à l'UGTA». Abder Bettache - Alger (Le Soir) - En l'absence du premier responsable de la centrale syndicale, des secrétaires nationaux et des secrétaires généraux de fédération se sont rencontrés, hier, au siège de la Maison du peuple Abdelhak-Benhamouda pour «débattre de la situation qui prévaut depuis quelques jours au sein de la centrale syndicale». Ainsi, si l'événement portant célébration du double anniversaire du 24 février n'a pas occupé une grande partie de ladite rencontre, les informations publiées par la presse et portant création «d'une commission nationale pour le redressement de la trajectoire syndicale» ont fait l'essentiel des interventions des cadres syndicaux de l'UGTA. Des interventions qui ont pris pour cible l'ex-secrétaire national chargé de l'organique, M. Tayeb H'marnia, accusé de «vouloir lancer une opération de déstabilisation de la centrale syndicale». Ce dernier, selon des informations rapportées ici et là et dont certaines ont été publiées dans la presse, en «collaboration avec d'anciens responsables de l'UGTA», il a été procédé à la création d'un comité de «redressement de l'UGTA» appelé «Commission nationale pour le redressement de la trajectoire syndicale». Ainsi, le premier communiqué de ce mouvement a été signé par l'initiateur lui-même, en l'occurrence M. Mohamed-Tayeb H'marnia. Pour rappel, M. H'marnia était un ancien député du RND et ex-secrétaire général de l'Union de wilaya d'Annaba. Il a été nommé à la tête du département de l'organique au lendemain du dernier congrès national de l'UGTA, et ce, après avoir scellé une alliance avec les délégués du Centre et du Sud pour faire barrage à son prédécesseur au poste de l'organique, M. Salah Djenouhat. Considéré comme un très proche du secrétaire général, il est désigné secrétaire national chargé de l'organique, avant d'être propulsé au-devant de la scène politique pour devenir sénateur, et ce, sur proposition de Sidi-Saïd dans le quota du tiers présidentiel avec feu Abdelkader Malki. Le feuilleton Tebboune-Haddad et l'«implication» de l'UGTA dans cette affaire étaient une opportunité pour H'marnia d'exprimer son désaccord avec Sidi-Saïd et entamer un processus de «redressement». Une initiative qui n'a pu voir le jour, et ce, après les bouleversements politiques qu'a connus la scène nationale. Il a fallu attendre le premier communiqué annonçant la naissance de ce comité pour que M. H'marnia refasse surface et annonce sa «détermination à redresser l'UGTA». Hier, les secrétaires nationaux des fédérations qui se sont succédé à la tribune ont, dans leur majorité, dénoncé les «agissements de celui qui a semé la dictature au sein de l'UGTA à l'époque où il était secrétaire national chargé de l'organique», ou encore «d'avoir brutalisé les syndicalistes et piétiné les statuts et le règlement intérieur de l'UGTA». Ainsi, les Badreddine, Belmouloud, Amara, Chabakh, pour ne citer que ceux-là, ont sévèrement critiqué l'ex-secrétaire national chargé de l'organique, l'accusant d'être «à l'origine de tous les maux qu'a connus l'UGTA». Seule intervention qui a remis les choses dans leur contexte est celle de l'ex-secrétaire général de la Fédération des travailleurs du cuir et textile et actuel secrétaire général de l'Union de wilaya d'Alger, M. Amar Takjout. Ce dernier, dans un discours syndical, a exprimé son désaccord avec «ceux qui crient haut et fort leur soutien à Sidi-Saïd». Pour lui, le «véritable soutien à Sidi-Saïd est de défendre la centrale syndicale, en occupant l'espace de la revendication sociale, d'engager un débat et un dialogue avec les travailleurs, de réfléchir pour défendre les acquis des travailleurs et redonner à l'UGTA la place qui est la sienne». «C'est de cette manière qu'on exprimera notre soutien à notre secrétaire général et non pas à travers des mots creux», a-t-il dit. Une déclaration finale de cette réunion a été lue à l'assistance et dans laquelle il a été demandé au secrétariat national «d'agir pour prendre des mesures disciplinaires». A. B.