Le fleuron de l'acier dans le pays se meurt. Il appartient aux autorités de sauver ce qui en reste. Des centaines de sidérurgistes ont observé hier un sit-in devant le siège du bureau régional de l'Ugta. Une action à travers laquelle les employés d'ArcelorMittal interpellent le boss de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, afin de mettre fin aux agissements déstabilisants de Tayeb H'marniz, secrétaire général de l'Ugta Union de wilaya, dont la mandature a tiré sa révérence depuis plus de deux ans. Les sidérurgistes ont pointé du doigt la direction de Tayeb H'marnia chargé de la réglementation au niveau de la Centrale syndicale, un parlementaire, d'être la principale source de déstabilisation du complexe, de par leur soutien à Noureddine Amouri SG du syndicat de l'entreprise d'ArcelorMittal en l'occurrence. Ce dernier, rappelons-le, a été mis en place à la tête du bureau syndical du complexe sur instruction de Sidi Saïd sur suggestion de Tayeb H'marnia. Toutefois, il convient de signaler que cette nomination arbitraire, selon les travailleurs de l'entreprise de l'acier, a contraint tous les membres du bureau syndical à démissionner, cédant la place à un groupe «d'Arlequin» bien formé pour bien servir leurs maîtres, notamment avec la présence dans les caisses de l'usine d'un million de dollars, montant de l'investissement versé par l'Etat algérien. Ainsi, face à un pourrissement bien distingué et conscients de leur obligation de préserver leur entité, les travailleurs d'ArcelorMittal ont, après avoir fait, il y a une semaine, un retrait de confiance au nouveau SG, Amouri et, sur la base d'une pétition signée par les SG de toutes les sections syndicales du complexe, faisant état de la désignation, le 13 juillet, en cours d'un bureau syndical intérimaire. Selon des propos recueillis auprès de quelques sidérurgistes, une copie de la pétition a été remise au SG de l'Union de wilaya de l'Ugta, comportant les noms des neuf nominés syndicaux pour assurer les fonctions syndicales. Dans l'attente de la désignation d'un nouveau bureau syndical, Adel Djamel devra assurer le poste de SG par intérim. Par ailleurs, les employés du complexe sidérurgique repoussent toute représentativité de Amouri. «Celui qui a trahi Daoud Kechichi ne peut pas nous représenter, d'ailleurs, il a, d'ores et déjà, ouvert les portes de la magouille devant la mafia de l'acier...», nous ont déclaré des contestataires. «Amouri, dès son installation à la tête du syndicat d'ArcelorMittal a contracté un marché avec le parlementaire, dont nous tairons le nom pour le moment. Pour veiller sur ses intérêts, le parlementaire a besoin de quelqu'un comme Amouri qui lui ouvre toutes les opportunités afin de s'ingérer dans les affaires du complexe», devaient-ils ajouter. Par ailleurs, campant sur leur position, les sidérurgistes menacent de radicaliser leur mouvement en observant chaque jour des sit-in aussi bien à l'intérieur du complexe que devant le siège de l'Ugta. Au moment où nous mettons sous presse, les actions de contestation revendiquent le départ de Amouri et H'marnia, ce dernier continue de gérer l'Ugta, Union de wilaya, en dépit de l'expiration de sa mandature depuis plus de 28 mois. Ce brasier de l'acier risque de dégénérer si l'on sait que la production du complexe est à l'arrêt depuis plus de 15 jours. Un arrêt dont la cause, selon une source interne au complexe, demeure inconnue. Une situation dans laquelle, la mafia de l'industrie est mise directement à l'index. Cette mafia qui, selon des ex- syndicalistes, a été favorisée par le piétinement de la Centrale syndicale, en cédant à la volonté de Tayeb H'marnia, avec ce changement au sein du bureau syndical. Un syndicat, rappelons-le, qui avait été sous l'autorité de Daoud Kechichi, relevé de son poste par Sidi Saïd et vient d'être interdit de créer son syndicat indépendant. Dans une communication téléphonique, l'ex-SG d'ArcelorMittal, Daoud Kechichi, a haussé le ton. «La mafia industrielle n'aura aucun répit et elle n'empêchera pas mon activité syndicale, et ne saura s'interposer entre moi et les milliers de sidérurgistes qui me soutiennent afin de remettre de l'ordre dans la maison de l'acier», dira notre interlocuteur. Ce dernier, apostrophé sur la situation de la production, nous confirme les déclarations portant l'arrêt de la production, et par conséquence, le poids pesant de la chute libre de la production sur l'avenir des 45.000 travailleurs, menacés de chômage technique.