J'aurais pu dire, comme Mohamed Marocain, que cette histoire, que je vais raconter, je l'ai lue dans un vieux livre sur une plage abandonnée. Il était une fois une très jolie Mexicaine, une sorte d'Antinéa, reine du désert, à la beauté fatale pour tout homme qui l'approche. Il était une fois un génial photographe de presse américain, dont une seule photo vaut des centaines de colonnes. Le photographe fait connaissance avec la Mexicaine et tombe sous son charme, malgré les mises en garde des gens qui connaissent la «dévoreuse d'hommes». Au début, c'est le paradis. Juanita est non seulement belle, charmante et séduisante mais tout aussi douce, gentille et agréable à vivre. Un jour, l'Américain téléphone à la Mexicaine et lui fait remarquer qu'il a entendu une voix d'homme à la maison. Elle lui répond que c'est la télévision qui est allumée. Elle lui dit aussi quelque chose que je n'ai pas compris : «Tu ne l'emporteras pas au paradis !» Cette «erreur» sera fatale pour l'Américain, car ne supportant pas d'être soupçonnée d'infidélité, Juanita rompt avec lui. Ses mille et une excuses, et ses multiples tentatives de réparer les pots cassés restent vaines. Le photographe fait désormais partie des nombreuses victimes de la belle, qui errent comme des loques dans une vie qui a perdu pour eux tout goût. On montre à l'Américain un torero qui s'apprête à affronter un taureau dans une arène : «Vous voyez cette cruche devant lui, elle n'est pas remplie d'eau mais de tequila.» Ivre mort dans l'arène, le torero est mortellement blessé. Il est lui aussi une victime de la mystérieuse fille. Le photographe américain lui aussi perd tous ses moyens, devient alcoolique et incapable de faire son métier convenablement. Il passe sa vie désormais à n'être que l'ombre de lui-même, l'ombre de son ombre. Ce genre de femme, comme Juanita, ça existe ? K. B. [email protected]