C'est au niveau du siège de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) El Mordjane, sis au centre-ville d'El Tarf, que son président, en l'occurrence M. Dine Mohamed Ali, s'est prêté volontiers aux questions du Soir d'Algérie sur la problématique de l'investissement dans la wilaya ainsi que les solutions idoines et indispensables qui sont proposées aux pouvoirs publics à même de rendre El Tarf un pôle d'excellence en matière de création d'emplois et de richesses et ce, compte tenu des multiples atouts indéniables dont jouit et se targue la région. D'emblée, le président de la Chambre situe la première contrainte, qui empêche la wilaya de connaître un décollage salvateur et une expansion économique en matière de projets industriels et d'investissements tous azimuts et ce, nonobstant ses atouts attractifs comparativement aux autres wilayas, dans «le prix exorbitant et révulsant du mètre carré proposé aux potentiels investisseurs». «Il est judicieux de savoir que le prix moyen du mètre carré proposé dans le cadre du Calpiref est de 12 000 DA. Un prix qui reste excessivement cher par rapport à d'autres wilayas du pays à l'image de Souk Ahras qui nous est limitrophe et dont le prix du mètre carré est de 2 500 DA. Même dans la wilaya de Bouira, le prix est de 1 500 DA le mètre carré, sachant qu'elle est distante de 120 km de la capitale, Alger. Autre exemple révélateur, le magnat de l'investissement touristique M. Mehri a pu disposer de terrains achetés au dinar symbolique. En ce sens, nous sollicitons le wali M. Belkateb Mohamed ainsi que le ministre des Finances afin d'intercéder en faveur des investisseurs locaux, dans le but de revoir les prix pratiqués dans la wilaya d'El Tarf. La fourchette des prix pour la wilaya doit se situer entre 2 000 et 2 500 DA le mètre carré avec un cahier des charges très strict et bien ficelé pour fermer la porte, une fois pour toutes, aux spéculateurs de tout acabit et aux faux investisseurs», a fait savoir, un brin optimiste, le président de la CCI El Mordjane. Et d'ajouter pour mieux expliciter ses déclarations que «nous disposons à travers la wilaya de 5 ZAC (zone d'expansion commerciale), à savoir Ben M'hidi, Dréan, Zérizer, Matroha (El Tarf) et Chebaïta-Mokhtar, ainsi que de 2 ZET (Zone d'expansion touristique) qui ont reçu des investissements et qui sont respectivement Echatt et El Batah dans la commune de Ben M'hidi. Malheureusement, l'ensemble des ZAC et ZET ne sont pas viabilisées et ceux qui sont en activité méritent des opérations de réhabilitation et de réaménagement. A titre d'exemple, la ZAC de Ben M'hidi souffre le martyre à cause des routes qui sont éventrées et défoncées, du manque de l'eau potable et des coupures récurrentes de courant électrique. Un vrai calvaire pour les chefs d'entreprises. Même topo, au niveau d'El Matroha où les unités tournent grâce aux groupes électrogènes. Le nouveau wali d'El Tarf M. Belkateb Mohamed qui m'a reçu dans son bureau est conscient du challenge qui nous attend et est complètement compréhensif et ouvert aux propositions de la CCI pour booster l'investissement dans notre wilaya et par ailleurs, il s'est dit disposé et prêt à lever tous les écueils qui freinent les entreprises locales dans leurs projets d'investissement et qui font dans la production de biens de large consommation». Dans le même registre, M. Dine interpelle les autorités afin que la CCI El Mordjane puisse faire partie des membres du Calpiref à l'image des autres wilayas du pays. «Nous avons à notre niveau une commission d'investissement et nous connaissons tous les rouages de l'administration. Nous sommes partie prenante du processus de l'acte d'investir et nous avons dénoncé, de par le passé, les décisions de l'ex-wali qui avait la phobie des chiffres à fournir à Alger et ce, pour faire bonne figure et qui a octroyé des actes de concessions à de pseudo-investisseurs. Il suffit de connaître le chiffre des désistements pour s'en convaincre. L'investissement doit être réparti équitablement à travers les communes de la wilaya et selon des équilibres économiques bien définis», mentionnera, avec désarroi et désappointement, notre interlocuteur. Notre vis-à-vis signalera que les autres contraintes que connaît l'investissement ont trait au rayon douanier et à l'interdiction d'exercer comme grossistes. «Nous sommes soumis à des autorisations de circuler. Le rayon douanier est devenu un obstacle devant l'investissement. Les autorités doivent revoir la liste des produits soumis à autorisation, du fait que certains ne sont pas censés figurer sur ladite liste dont l'eau minérale, le yaourt, les boissons etc. le rayon doit s'appliquer sur les produits subventionnés par l'Etat et au niveau des communes frontalières. Egalement, nous sommes pour la levée de l'intrication d'ouvrir des magasins pour la vente en gros. Un autre obstacle de taille pour les investisseurs et pour les consommateurs», martèlera le président de la CCI. «Cependant, les banques au niveau local sont des partenaires fiables et crédibles. Elles accompagnent les investisseurs dans la concrétisation de leurs projets», dira-t-il. En conclusion, M. Dine a fait noter que «contrairement au passé, les autorités actuelles de la wilaya sont en totale osmose avec les cadres et les représentants de la Chambre et un grand travail de fourmi et constant est en train d'être accompli afin de lever l'ensemble des contraintes et booster par ricochet l'investissement, seule panacée contre le chômage». Daoud Allam