«Il est important de garder le lien durant les premières menstrues» Psychologue clinicienne, spécialiste en éducation positive et relation mère-enfant, coach professionnelle certifiée, consultante en développement organisationnel et conseillère interculturelle, Tassadit Cherfaoui aborde dans cet entretien la symbolique du passage de l'enfance à la puberté et l'importance que les parents gardent un lien durant toute cette étape. Soirmagazine : Le passage à la puberté a toujours été important dans la vie de la personne ou même de la famille. Dans ce sens, des rituels existent. Que pensez-vous de leur symbolique ? Tassadit Cherfaoui : Oui, il y a certains rituels qui sont respectés. Dans certaines familles algéroises, la jeune fille se lave le visage avec du lait et l'essuie avec une serviette en soie, ou bien encore dans certaines régions de Kabylie, les filles sont honorées le premier Ramadhan qui suit leurs premières menstruations pour célébrer leur premier jeûne. En cette occasion, elles sont joliment habillées en tenue traditionnelle et, dans la soirée, après l'iftar, la maman ou la grand-mère invite les parentes et les voisines pour partager de délicieux gâteaux traditionnels. La jeune fille reçoit à cette occasion de l'argent ou des bijoux. Dans le monde, il y a d'autres rituels qui peuvent-être surprenants, mais qui mettent en avant l'importance de l'évènement. A titre d'exemple, au Japon, cette cérémonie est dénommée : «la fête de la première floraison». Pour célébrer l'événement, le papa organise un repas et met des fleurs avec des pommes rouges sur la table pour que les invités comprennent la raison du repas. Dans certaines îles, cette fête est plus importante que le mariage. Autre exemple, autre culture. Au Nigeria, les premières règles d'une jeune fille sont considérées comme «un gage de fertilité et de bonheur». La jeune fille traverse les champs du village et laisse couler sur la terre quelques gouttes de son sang menstruel pour bénir le sol et garantir la récolte. Enfin, au Brésil, la jeune fille change de coiffure à l'occasion de ses premières règles, tout en troquant ses tresses d'enfant. Elle en coupe quelques mèches et les distribue aux parentes et amies en souvenir. Ces exemples c'est pour mettre en avant l'importance de cette étape dans une vie de jeune fille. Dans mon cabinet, je conseille aux parents, notamment les mamans, de ne pas oublier de célébrer cet événement. Il est important de garder la communication et le contact avec ses enfants à ce moment-là. Que les enfants aient le réflexe naturel d'en parler avec leurs parents. C'est important de faire une fête exceptionnelle, d'organiser une collation entre copines, tout en parlant amplement du sujet, de partager des astuces et des recettes pour apaiser les douleurs par exemple. C'est une étape charnière dans la vie d'une personne. Il y a des chamboulements hormonaux et physiques, qu'en est-il des transformations psychiques ? Pour répondre à cette question, je dirais que les hormones sont responsables de nos émotions. Les hormones sont des substances que le corps fabrique. Elles assurent son bon fonctionnement et lui envoient en permanence des messages. Ceci dit, ce sont les hormones sexuelles qui sont responsables des règles. De ce fait, être triste, joyeux, en colère ou dégoûté, ce sont bien nos hormones qui en sont responsables. Elles envoient des messages qui indiquent aux cellules quand et comment agir. Celles-ci, qui sont des hormones différentes contrôlent le sommeil, la température, la faim, l'humeur ou l'agressivité... C'est important d'expliquer à ces pubères que leur humeur est changeante. Et qu'ils ont l'impression que la famille ne les comprend plus. En tant qu'environnement direct ou cellule familial, il faut comprendre et s'acclimater de ces changements d'humeurs. Quelques fois, ils ont envie d'un câlin, d'autres ils préfèrent qu'on leur fiche la paix ! Quel impact cela induit-il sur la cellule familiale ? Et sur la relation adolescent-parents ? Je le disais à la précédente question. C'est nécessaire pour l'harmonie familiale d'être patient et compréhensif. Des moments de tensions peuvent surgir, mais pas de panique. C'est tout à fait normal. Et il y a d'autres pubères qui passent cette étape de façon très calme. Les maîtres-mots dans cette phase sont la patience et la communication. Il est important de garder le lien durant la puberté Y a-t-il une différence entre le passage à la puberté chez un homme et une femme ? Comme expliqué auparavant, les hormones agissent sur l'humeur. Le corps des filles et des garçons fabrique les mêmes hormones. C'est à la puberté que les doses diffèrent pour donner les caractéristiques masculines pour le garçon et féminines pour les filles. La principale hormone qui agit sur les garçons est la testostérone. Elle provoque des perturbations de caractère, augmente l'agressivité, donne les caractéristiques masculines (voix aiguë, muscles forts, épaules larges et l'ordre de produire les spermatozoïdes). Pour les filles, il est à distinguer deux hormones : - les œstrogènes : elles sont issues des ovaires et participent aux changements du corps. Pendant la première moitié du cycle, elles provoquent l'épaississement de la muqueuse utérine. Puis la jeune fille ovule ; un des ovaires libère un ovule mature qui remonte dans la trompe de Fallope ; - la deuxième hormone, la progestérone, est aussi sécrétée par les ovaires pour contrôler le cycle et les règles. Elle épaissit davantage la muqueuse utérine. Si l'ovule n'est pas fécondée par un spermatozoïde, il meurt. A ce moment-là, le taux des deux hormones baisse, ce qui provoque la désagrégation de la muqueuse utérine sous forme de règles.