C'est hier à 9h34 que le coup d'envoi de l'exercice de simulation international d'un séisme de grande ampleur, plus de 7 degrés sur l'échelle de Richter, a débuté dans la wilaya de Bouira. Le colonel Lalaoui, qui coordonne cette opération avec un ensemble d'observateurs internationaux, s'est mis dans la peau du wali de Bouira pour évoquer, devant tous les directeurs concernés par un tel événement, ce tremblement qui aurait impacté selon les premières informations même les wilayas de Boumerdès et Tizi-Ouzou. «Vu l'ampleur des dégâts, et en tant que wali de Bouira, j'active le plan Orsec et j'installe le PCF (le poste de commandement fixe) ici même au niveau de la protection civile, et un poste de commandement opérationnel au niveau de la commune de Bouira. Je délègue la direction du PCF à Monsieur le SG et je vous fixe deux rendez-vous : le premier à 11h30 et le deuxième à 16h30 pour un point de situation et, éventuellement, un communiqué de presse.» Voilà en substance ce à quoi ressemblaient les premiers instants d'un tremblement de terre simulé à travers un exercice international, lancé hier à Bouira et dont le coup d'envoi du premier exercice intitulé : «Table Top puis Command Post» a été donné et durera deux jours les 14 et 15 avril, avant de passer au deuxième exercice : «Grandeur nature» du 16 au 18 avril. L'exercice communautaire «Eu Al Seimeex 2018» est venu après que l'Algérie eut intégré l'Insarag durant l'année 2016. L'Insarag (International Search and Rescue Advisory Group), ou Groupe consultatif international de recherche et de sauvetage, est un réseau international de 80 pays et organisations qui travaille sous l'égide des Nations-Unies. Il est spécialisé dans les questions touchant à la recherche et au sauvetage en zones urbaines, et son objectif est d'établir des normes minimales communes à toutes les équipes ainsi qu'une coordination de leur intervention à la suite des séismes. Aussi, c'est dans ce cadre que l'Algérie a décidé de faire cet exercice en associant des équipes de protection civile étrangères dans le cadre d'un consortium européen dont l'Espagne, la France, l'Italie, la Pologne, le Portugal, d'un côté, et de l'autre, l'Algérie et la Tunisie pour les pays du Partenariat méditerranéen ainsi que le Bureau de recherches géologiques et minières français ou BRGM pour la partie scientifique de l'exercice. Près de 1 000 éléments de la protection civile venus de sept pays participeront à cet exercice, dont le scénario retenu comporte, selon les organisateurs, plusieurs phases successives nécessitant l'intervention concomitante des équipes d'intervention et de secours locales, puis nationales puis internationales ; ainsi que la mobilisation, comme nous l'avons vu dès le départ, des équipes et des modules spécialisés dans les différentes composantes des interventions. Des unités de sauvetage, déblaiement, des postes médicaux avancés, des modules de plongée subaquatique avec bateaux et des unités de détection-décontamination sont ainsi mobilisés au cours de l'exercice «terrain». Le séisme retenu pour ce scénario de l'exercice «Eu Al SeiMeex» est basé sur l'hypothèse d'une rupture de faille au niveau du chevauchement de la Grande-Kabylie. Dans ce scénario, le BRGM qui prévoit un séisme de magnitude compris entre 6,54 et 7° sur l'échelle de Richter envisage un bilan très conséquent avec des dizaines de milliers de bâtiments effondrés, occasionnant plusieurs centaines sinon quelques milliers de victimes décédées, des dizaines de milliers de blessés en zone urbaine et en zone rurale, et près de 100 000 sans-abris. Ces bilans s'alourdiront dans un second temps avec le risque de rupture du barrage Tilesdit avec inondations et glissements de terrain. Ainsi, une heure après le séisme, le paysage de crise sera de très grande ampleur avec dommages physiques et fonctionnels généralisés aux bâtiments ainsi qu'aux réseaux et infrastructures tels que les routes, les hôpitaux, les réseaux de télécommunications et d'électricité. En somme, un séisme d'une ampleur telle que tous les modules intervenant à l'échelle locale et régionale seront testés dans un premier temps dans le cadre de l'exercice «Table Top Command Post», pour voir le degré de réactivité de tous les acteurs intervenant sur le terrain, mais d'une manière virtuelle, à partir de deux salles de commandement, avant de passer à une deuxième phase, avec l'intervention des équipes d'aide internationale soit sur leur propre initiative en venant en aide à un pays membre de l'Insarag. Un exercice de simulation international qui associera plusieurs pays dans le cadre de l'Insarag, ou à la demande de l'Algérie. Des équipes de protection civile étrangères qui devront intervenir sur terrain au niveau de trois sites différents, à Bechloul, au barrage Tilesdit ainsi qu'à Sour-el-Ghozlane. Ainsi, de par ses objectifs, cet exercice permettra de tester le fonctionnement des différents niveaux de la chaîne de commandement ; vérifier la couverture et l'organisation des transmissions ; tester la coordination au niveau du PCF wilaya ; tester l'interopérabilité des cellules de soutien logistique et, enfin, tester la procédure, «Assistance internationale : Cenac-ERCC». Cet exercice permettra également à l'Algérie, et à la Direction générale de la Protection civile algérienne, de consolider sa position de pays associé au mécanisme européen de Protection civile dans le cadre du «Mentorat» que l'Algérie assure en tant qu'Etat membre. Yazid Yahiaoui