Une délégation de diplomates européens s'est rendue hier dans la wilaya de Bouira (120 km à l'est d'Alger) pour visiter les différents sites de manœuvres internationales de simulation d'un fort séisme et pour s'enquérir du bon déroulement de ces exercices entre l'Algérie et l'Europe. Accueillis au salon d'honneur de la wilaya de Bouira par le wali, Mustapha Limani, et le directeur général de la Protection civile algérienne (DGPC), le colonel Mustapha El-Habiri, les diplomates représentant les six pays participant aux manœuvres, à savoir la France, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la Pologne ainsi que la Tunisie, ont suivi un exposé détaillé sur cet évènement d'envergure lancé depuis le 14 avril dans trois communes (Bechloul, El-Asnam et Sour El-Ghozlane). L'exposé a été présenté par le directeur des opérations d'urgence à la DGPC, le colonel Fouad Lalaoui, et le chef des relations internationales à la direction générale de sécurité civile française, le général Philippe Nardin, qui est également président du comité européen de pilotage des exercices EU AL Seismeex 2018 à Bouira. "Les exercices se sont bien déroulés malgré l'aléa climatique. Un énorme plan de travail et d'intervention a été mis en place en coordination avec les différentes équipes et modules pour effectuer des opérations de sauvetage et d'évacuation sur les sept sites endommagés par un séisme simulé de magnitude de 7 sur l'échelle de Richter", ont-ils expliqué à la délégation diplomatique étrangère. Le colonel El-Habiri a souligné, à l'occasion, que "le choix de simulation d'un aléa sismique régional avec ses effets directs et indirects permettra à l'Algérie, sous la conduite européenne, de tester ses capacités d'intervention et de projection sur le théâtre des opérations lors d'une catastrophe majeure". "Cette coopération permet aussi à l'Algérie de tester son interopérabilité avec les équipes internationales, sa capacité d'intégration dans un système de gestion et de coordination opérationnelle", a-t-il ajouté. Les diplomates se sont déplacés à la base de vie, située à El-Asnam (est de Bouira), où ils ont visité les différentes structures de campagne et services d'urgence installés dans le cadre de ces exercices virtuels. Au cours d'une conférence de presse, animée à la base de vie d'El-Asnam, la représentante de la Commission européenne, Anne Simone, a loué le "professionnalisme" de la Protection civile algérienne et sa "parfaite organisation" qui, a-t-elle dit, "serait bénéfique aussi pour la partie européenne". Les équipes algériennes "sont très organisées et elles ont la capacité et les moyens de faire face à ce genre de catastrophe naturelle", a-t-elle indiqué, précisant que cela "constitue un atout pour l'Algérie qui est l'un des pays partenaires du mécanisme européen de la protection civile". L'exercice, ou cette expérience, permettra à l'Algérie ainsi qu'aux autres pays participants de "développer leurs procédures d'organisation, de coordination dans le cadre d'une assistance internationale en cas de risques majeurs", a ajouté devant la presse Mme Simone, précisant que l'exercice de simulation EU AL Seismeex 2018 est financé par l'Union européenne à hauteur d'un million d'euros dans le cadre des efforts de la coopération internationale. Le directeur général de la sécurité civile française, le général Jacques Vitkowski, a mis en avant les compétences de la Protection civile algérienne, et le "bon niveau de formation atteint par les unités algériennes grâce aux différentes expériences vécues". "Les éléments algériens sont organisés et très engagés sur le terrain", a-t-il dit, avant de s'étaler sur d'autres détails liés directement aux interventions sur le terrain des différents modules et équipes, ainsi qu'aux éventuels aléas ou entraves pouvant compromettre le plan de communication de crise en cas de catastrophe, comme les coupures d'électricité ou du réseau de communication. "Ces aléas peuvent sérieusement freiner le bon avancement du travail sur le terrain", a-t-il averti. À propos de la formation d'agents de volontariat de la Protection civile, le colonel El-Habiri, a fait savoir que l'Algérie est forte de 60 000 hommes et femmes de la Protection civile, et 102 000 agents volontaires formés par la DGPC. Par ailleurs, à la fin de cette rencontre, la délégation diplomatique s'est dirigée vers le barrage de Tilesdit, situé dans la commune voisine de Bechloul, où se déroulent, depuis deux jours, des exercices de simulation face à un risque de rupture du barrage causé par un séisme. Des équipes de plongeurs tunisiens étaient sur place et des experts européens évaluaient l'ampleur de la menace de rupture.