Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, a présidé hier au siège de son ministère la cérémonie d'installation du Conseil national de la mutualité sociale (CNMS). Cette cérémonie a duré le temps qu'a duré l'allocution du ministre. Dans son intervention, Zemali a commencé par mettre en exergue subtilement les décisions du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, en faveur des caisses des retraites et la caisse de la Sécurité sociale. «La Sécurité sociale touche en Algérie 39 millions de personnes, y compris une partie de la population qui ne cotise pas.» Et de rappeler que cette couverture est rendue possible grâce à la participation de l'Etat. «L'Etat a consacré 500 milliards de dinars pour équilibrer le système de la couverture sociale en Algérie.» Le ministre faisait également allusion à la décision prise en 2006 par le chef de l'Etat de consacrer 2% de la rente pétrolière au financement de la caisse des retraites, laquelle décision a été revue à la hausse – 3% – en 2012. Par ailleurs, le ministre affirme que la caisse de la Sécurité sociale est, en partie, financée par des ressources fiscales du pays notamment par des taxes prélevées sur le commerce du tabac et les médicaments destinés à la vente. Mais l'orateur laisse entendre que tout n'est pas rose. « Il ne vous échappe pas que cette organisation de la Sécurité sociale a des difficultés financières liées à la situation sociale, économique et démographique du pays. Le gouvernement préconise des réformes de ces organismes de la Sécurité sociale pour les pérenniser et les adapter aux mutations que vit le pays. Ce programme souligne la nécessité de réformer les instruments de recouvrement des cotisations sociales et trouver d'autres ressources financières.» A ce propos, il n'a pas manqué de rappeler aux 3 200 000 retraités que la double décision du chef de l'Etat concernant le prélèvement sur les recettes pétrolières a pour objectif la sauvegarde de la Caisse des retraites et garantir la retraite à la génération actuelle et celles à venir. S'agissant de la retraite complémentaire, on a la nette impression que le ministre a opté pour une annonce liée à la conjoncture politique du pays. A cet effet, il s'est contenté de dire «la prochaine étape est cruciale d'autant plus qu'elle se rapporte à la généralisation de la retraite complémentaire en vue d'améliorer le pouvoir d'achat de cette catégorie de citoyens». Il s'est abstenu de fournir plus d'indications. Un membre du Conseil installé que nous avons questionné sur le sujet n'y croit pas trop. Notre interlocuteur s'explique. «Le ministre n'a pas dit comment il compte faire pour généraliser cette retraite, au demeurant très bénéfique aux petites retraites, car c'est un dossier, lequel sans l'intervention de l'Etat dans l'organisation et dans le financement ne démarrera jamais.» Ce membre du Conseil national de la mutualité sociale, visiblement à jour en matière d'informations sur le fonctionnement de la sphère sociale, a attiré notre attention disant que «la retraité complémentaire a existé en Algérie. Elle a été supprimée par Zhor Ounissi quand elle gérait ce ministère». Le ministre n'a dit aucun mot en direction des retraités dont la grande majorité voit, chaque mois, sa modeste pension érodée par une terrible inflation. C'est quoi le CNMS ? Revenant sur le sujet du jour, Zemali a fait état de l'existence de 29 mutuelles en activité à travers le territoire national et qui comptent 1 000 000 d'adhérents représentant 8% de la masse des travailleurs. Pour rappel, ce Conseil a pour mission de formuler de diverses propositions sur les mutualités et de procéder à des études et enquêtes sur la mutualité. Il peut être saisi par le ministre. Dans la liste des 25 membres de ce Conseil, une bonne moitié vient de plusieurs ministères, caisses de Sécurité sociale, de l'UGTA et deux personnes choisies. En clair, l'administration a la mainmise sur cette entité, théoriquement relevant du droit privé. En effet, le principe de la mutuelle, ce sont des personnes privées (des travailleurs en Algérie) qui s'organisent en mutuelle et qui cotisent pour créer un moyen de se solidariser afin de faire face à des difficultés ou améliorer leur cadre de vie. Dans ce cas pareil, un étudiant en première année de droit dira que les relations entre ces individus sont régies par le droit privé. L'administration veille seulement à ce que la loi soit respectée et qu'aucun des membres ne soit lésé. Par ailleurs, pourquoi les organisateurs ont choisi d'autorité l'UGTA pour faire partie de ce Conseil alors qu'il y a des milliers de travailleurs qui cotisent dans leurs mutuelles respectives sans faire partie de ce syndicat ? Cela ne relève-t-il pas d'autre chose que de la bonne autorité impartiale ? Abachi L.