En Algérie, les éditeurs de la presse digitale se battent quotidiennement pour séduire les internautes, face à la concurrence des réseaux sociaux (que certains considèrent «déloyale») qui se nourrissent des médias traditionnels pour devenir la première source d'information des internautes. Cependant, l'absence d'outils juridiques empêche la presse digitale d'attirer des investisseurs, de monétiser l'apport d'audience, de fonctionner juridiquement sous un statut autre que «boîte de communication» et, surtout, de créer des start-up technologiques pour devenir de véritables compagnies d'internet activant dans le monde des médias connectés. Des observateurs avertis estiment que le renoncement des pouvoirs publics à légiférer dans l'immédiat sur «l'information numérique» est à l'origine de l'absence prolongée d'un écosystème destiné aux médias connectés. D'autres, par contre, estiment qu'il faut cesser de faire la distinction entre les journalistes traditionnels et journalistes numériques, pour pouvoir créer l'encadrement juridique adéquat au vecteur numérique du paysage médiatique. Pour eux, le journalisme connecté, classique ou totalement numérique, est avant tout un service d'information destiné à améliorer la vie digitale d'une communauté d'internautes. Pour rappel, les avancées notables relevées dans le domaine du numérique ont facilité l'exercice quotidien du métier de journaliste de la presse écrite. En revanche, elles ont propulsé cette presse dans une crise internationale inédite. Chaque jour, elle enregistre une baisse de ses revenus publicitaires et, surtout, elle perd en nombre de lecteurs sur support papier. Le passage des supports journalistiques sur le web a provoqué une vraie mutation dans le secteur des médias. Le lecteur est devenu placé au plus près de l'actualité en toute mobilité. En Algérie, le renforcement des capacités réseau de l'internet mobile, à travers le lancement du LTE (4G), consolide l'audience digitale et compromet la poursuite de la cohabitation entre la presse en ligne gratuite et celle du papier. Pourra-t-on parler encore de la carte de presse lorsque le nombre de reporters numériques dominera le secteur officiel des médias. Ces reporters auront-ils besoin d'assister aux conférences de presse alors que celles-ci peuvent être regardées en «live streaming» ? A l'ère de l'information algorithmique, il est temps pour les journalistes de jouer pleinement leur nouveau rôle, celui d'apporter de la valeur aux flux des news en ligne. F. F.