Les retraités, comme chaque année à l'approche du 1er mai, attendent avec impatience ce que va décider le gouvernement en matière de revalorisation annuelle des pensions de retraite. Le 1er mai est passé, et une semaine plus tard, le gouvernement reste silencieux : 0 annonce ! Si pour la Casnos cela ne devrait pas poser de problème au vu de sa bonne santé financière, cela semble un peu plus compliqué pour la CNR, et de ses plus de 3 millions de retraités, du fait de son très grave déficit financier. Cette situation n'autorise pas cependant le directeur général de la CNR à déclarer récemment sur les ondes de la Radio nationale que «cette année, 2018, il n'y aura pas de revalorisation» : propos maladroits, surtout en cette période de surchauffe sociale ; encore heureux qu'ils soient passés inaperçus. Plus grave, sauf à avoir été mandaté par son ministre, ce qui est peu probable, le directeur général de la CNR a outrepassé ses missions fixées par les lois en vigueur : c'est le conseil d'administration de la CNR (dont le directeur général assure le secrétariat de ses réunions) qui propose un taux de revalorisation et c'est le ministre du secteur qui prend la décision finale. Les pensions et allocations de retraite directes ou d'ayants droit sont revalorisées tous les ans, avec effet à partir du 1er mai, par arrêté du ministre chargé de la Sécurité sociale sur proposition du conseil d'administration de la CNR. C'est donc le gouvernement qui a le dernier mot pour fixer le taux de revalorisation, taux qui varie d'une année à l'autre, en fonction notamment du taux d'inflation et de la trésorerie de la CNR. La revalorisation des pensions et allocations de retraite est consacrée par l'article 43 de la loi n°83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite modifiée et complétée. La procédure de calcul de la revalorisation, mise en œuvre depuis plusieurs années (1991), est celle fixée par les différents arrêtés portant revalorisation annuelle des pensions et allocations de retraite qui précisent explicitement que le taux de revalorisation est affecté au montant brut de la pension de retraite découlant des droits contributifs. Ce montant est déterminé selon la formule suivante : avantage principal (AP) x le taux de revalorisation. Est-ce que dans le budget des dépenses de la CNR pour 2018 a été prévu un chapitre «revalorisation des pensions» ? Si oui, est-ce que le conseil d'administration de la CNR, comme le prévoit la loi, s'est réuni à cet effet pour proposer un taux de revalorisation ? Malheureusement, «Le Soir Retraite» n'a pas de réponse à donner à ses lecteurs. En 2017, 2,5% seulement ! Si revalorisation il y a, il est probable qu'elle soit annoncée dans les prochains jours par le ministre chargé de la Sécurité sociale. Pour rappel, en 2017, le taux de revalorisation avait été fixé à seulement 2,5%, ce qui avait suscité le mécontentement des retraités. L'inflation, qui ne cesse d'augmenter — la cherté de la vie est une réalité —, grève grandement le pouvoir d'achat de centaines de milliers de retraités, plus particulièrement ceux qui ont une petite pension ou une allocation de retraite. Par ailleurs, la CNR subit de plein fouet depuis plusieurs années un important déséquilibre financier — ses dépenses sont très nettement supérieures à ses recettes —, ce qui pourrait expliquer ce très lourd silence des pouvoirs publics sur cette question de revalorisation. Les retraités espèrent et attendent une bonne décision, et la Banque mondiale est à l'affût, surveillant de très près ce que le gouvernement algérien va décider, lui recommandant fortement ces derniers temps de limiter, voire de restreindre au maximum les dépenses à caractère social... Djilali Hadjadj Les propositions de la FNTR La Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) a demandé aux pouvoirs publics de continuer à subventionner la Caisse nationale de retraite (CNR) jusqu'au rétablissement de son équilibre financier, en prenant des mesures «adéquates» à même de renflouer la trésorerie de cette caisse. Face à la hausse «vertigineuse» des prix, la FNTR prie les pouvoirs publics «de continuer à subventionner la CNR jusqu'au rétablissement de ses finances, en prenant des mesures adéquates susceptibles de renflouer la trésorerie de cette caisse», a indiqué un communiqué de la FNTR, rendu public au lendemain de la réunion de la Commission exécutive fédérale. La FNTR, affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), réclame de continuer d'attribuer un taux de revalorisation équivalent aux taux d'inflation déclaré par l'Office national des statistiques (ONS) en fin d'année 2017, rappelant la nécessité d'améliorer le pouvoir d'achat des petites pensions en rétablissant le montant de la pension minimum à 100% du SNMG et une actualisation des pensions attribuées avant 2008. Elle a appelé également à la révision du seuil d'exonération et la réduction de l'IRG des pensions dont le montant est inférieur à 40 000 DA et procéder à des réductions d'impôt sur les pensions supérieures à 40 000 DA et inférieures à 100 000 DA ou de confectionner un barème d'IRG propre aux seuls retraités. Les membres de la commission exécutive fédérale ont salué, par ailleurs, le geste du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a consenti l'injection de 500 milliards de DA au budget de 2018 de la CNR sur le budget de l'Etat pour permettre aux trois millions de retraités de toucher régulièrement leurs pensions cette année.