Beaucoup d'anecdotes circulent au sujet d'El Hadj M'hamed El Anka, mettant en avant son légendaire art de la répartie, ses «maâni» et ses répliques rendant à leur place blancs-becs et effrontés réunis. Ces dernières années, c'est au sujet de Kateb Yacine que sont racontées le plus grand nombre d'anecdotes. Un lecteur nous en a envoyé une. Sollicité à un moment donné pour une «conférence», Kateb Yacine entreprend de monter sur les planches, mais trébuche sur les marches et tombe. Des énergumènes, dans la salle, ont ri ! Kateb se relève, s'empare du micro et dit : «Je viens de faire mieux que Jean de La Fontaine, lui a fait parler les animaux, moi je viens de les faire rire.» M'hamed Issiakhem a aussi ses anecdotes. Un artiste peintre nous en a raconté une bien curieuse. Au temps du président Boumediène, on avait décidé de démolir le monument aux morts Le Pavois, construit en 1928 par le sculpteur Paul Landowski (Le Christ Rédempteur de Rio de Janeiro est une de ses œuvres). Les responsables avaient demandé à Issiakhem de bâtir un monument qui symbolise l'Algérie indépendante à la place de ce qui était considéré comme un vestige colonial. L'artiste algérien refusa de détruire Le Pavois. «Un vrai artiste ne détruit pas, il construit», avait-il répondu aux responsables. M'hamed Issiakhem proposa de «cacher» le monument aux morts intact sous une nouvelle construction. Boumediène avait aussi demandé à Issiakhem de graver son portrait (celui du président) sur le nouveau monument. Mais M'hamed Issiakhem avait fait un autoportrait en gravant son propre portrait sur le monument. Avec la casquette et les moustaches, Boumediene n'avait pas vu la différence ! K. B. [email protected]