Par Kader Bakou Même quand la rencontre est littéraire, Belkacem Babaci, président de la Fondation Casbah, parle beaucoup de patrimoine architectural. C'est le cas dernièrement où il a révélé que la fondation qu'il dirige essaye d'être sur le terrain lors des travaux de rénovation des maisons de La Casbah d'Alger afin de voir si les ouvriers respectent les normes dans ce domaine. Certains anciens quartiers européens d'Alger connaissent eux aussi des travaux dits de «rénovation» ou de «réhabillitation» qui souvent se résument à des coups de peinture (c'est comme si la réparation d'une voiture se limitait à donner à sa carcasse une nouvelle couche de peinture). En outre, ces travaux sont souvent confiés à des ouvriers qui ignorent la valeur et l'importance du patrimoine et qui usent à leur guise du burin et du marteau sur les murs, les statues, les céramiques, les mosaïques, etc. Un Babaci ne fait pas le printemps. Les artistes et les architectes, dans ce domaine, font preuve d'une étonnante absence sur le terrain. Avant, ils n'étaient pas comme ça. Le monument le Pavois, construit en 1928 par le sculpteur Paul Landowski au jardin de l'Horloge florale à Alger, allait être détruit après 1962 pour le motif qu'il représentaient la colonisation des Français. Mais en 1978, M'hamed Issiakhem mobilisa ses collaborateurs dont Moussa Bourdine, Bouarour Saïd et Bendaoud Youcef, afin de recouvrir le Pavois d'un coffrage en béton, et d'éviter ainsi sa destruction. «L'artiste ne détruit jamais, il construit», aurait-il répondu à ceux qui voulaient raser le monument. Himoud Brahimi Momo, dit-on, veillait jour et nuit dans un coin du jardin pour éventuelement intervenir et empêcher les «destructeurs» de raser le monument. Paul Landowski a aussi réalisé au Brésil la célèbre statue du Christ rédempteur en 1936. Le Pavois est plus ancien que le célèbre monument de Rio de Janeiro ! K. B.