�Ceux qui �crivent clairement ont des lecteurs ; ceux qui �crivent obscur�ment ont des commentateurs. � (Albert Camus) Je ne vais pas r�pondre ici � toutes les outrances de Nordine A�t Hamouda (ci-apr�s N. A. H.), d�autant plus que l�int�ress� est connu pour ses d�rapages verbaux et orf�vre en mati�re de fariboles et autres sornettes. Je lui dirais seulement ceci qui concerne mon itin�raire personnel. Si j�avais �t� r�ellement condamn� pour intelligence avec l�ennemi (quel ennemi ?) et si cette condamnation e�t repos� sur un fondement s�rieux, je me serais interdit d�intervenir jusqu�� la fin de mes jours dans le d�bat public national et j�aurais quitt� depuis longtemps l�Alg�rie pour me faire oublier. A fortiori, je n�aurais pas pu, comme je le fais r�guli�rement depuis 2006, disserter sur l�histoire r�cente et pass�e de notre pays avec la libert� de ton qui a toujours �t� la mienne. Tout le monde sait bien, � commencer par les gens tr�s initi�s du RCD, que les d�boires que j�ai pu avoir, � un moment donn�, r�sultent d�une odieuse cabale men�e contre moi par des personnes aujourd�hui disparues et qui ont cru bon circonvenir la religion du premier magistrat du pays. Ils sont aujourd�hui soumis au jugement de Dieu ; qu�il leur accorde toute sa cl�mence et sa mis�ricorde. � cet �gard, je ne peux que m�affliger des proc�d�s vils et ignobles utilis�s par S. Sadi et N. A. H. pour diaboliser un contradicteur qui a toujours �t�, ne leur en d�plaise, un �lectron libre, tr�s loin de toute attache clanique ou partisane ; ce sont ces proc�d�s que l�un et l�autre reprochent aux gouvernements successifs de l�Alg�rie d�avoir us� pour conqu�rir et conserver le pouvoir. Je fr�mis m�me � l�id�e que S. Sadi et N. A. H. puissent un jour pr�sider aux destin�es de ce pays car ils pourraient nous faire regretter les pages sombres, selon eux, que l�Alg�rie aurait connues sous H. Boumedi�ne. Sur le pr�tendu souci d��crire objectivement l�histoire Le r�cit hagiographique du colonel Amirouche par S. Sadi ne me semble pas avoir �t� motiv� par le souci de restituer les �v�nements douloureux de l�histoire de notre pays dans une trame intelligible pour les jeunes g�n�rations. Cela fait 48 ans que l�histoire n�est pas enseign�e ni aux �coliers ni aux lyc�ens. Et il est douteux que l�exhumation de l�itin�raire du colonel Amirouche, tout d�un coup, en 2010, avec le souci qui court tout au long des 442 pages qui lui sont consacr�es, de jeter dans un m�me opprobre, l�arm�e coloniale et les combattants alg�riens (qu�ils fussent de l�int�rieur ou de fronti�res), permette en quoi que ce soit aux Alg�riens de porter un regard lucide et adulte sur l�histoire de leur pays. Il nous faut bien admettre que le r�cit du pr�sident du RCD est encombr� d�arri�re-pens�es et que celui-ci cherche d�lib�r�ment � instrumentaliser l�Histoire � des fins qui n�ont strictement rien � voir avec le souci d��crire objectivement et scrupuleusement certaines des pages les plus tumultueuses de notre pass�. Si r�ellement l�objectif de S. Sadi �tait de contribuer � une relecture critique et roborative de l�histoire, que le RCD n�a-t-il mis � profit ses 20 ans d�existence pour entreprendre des actions de sensibilisation en direction des jeunes, comme le font avec une pers�v�rance exemplaire (�tat d�urgence ou pas) les octog�naires qui animent l�Association historique et culturelle du 11 D�cembre 1960 qui a d�j� rendu l�hommage qu�ils m�ritent � Mohamed Belouizdad, Hocine Lahoual, Hocine Asselah ou Rachid Amara et d�autres qui ont pens� la R�volution alg�rienne bien avant le 1er Novembre 1954. Houari Boumedi�ne et le colonel Amirouche Le colonel H. Boumedi�ne ne connaissait pas le colonel Amirouche et il n�existait aucune relation entre eux. La R�volution alg�rienne a d�marr� dans l��miettement des forces qui �taient cens�es lui donner sa vigueur et elle a pris fin dans la division de tous ses segments et sous-segments. Comme le dit, � juste titre, Mourad Benachenhou (et aucun historien ne peut le contester), toutes les structures de la r�volution �taient compartiment�es. � cet �gard, il est inexact de laisser entendre que le MALG aurait �t� une machine de guerre contre les wilayas de l�int�rieur. C�est une injustice commise � l��gard de toutes les recrues du MALG qui ont trouv� la mort en essayant de franchir la ligne Morice et qui ignoraient tout des r�volutions de palais qui se concoctaient dans certains cercles de d�cision du FLN/ALN. Mohamed Lemkami, moudjahid authentique, s�il en est, a bien d�crit dans son ouvrage tous les sacrifices consentis par les jeunes du MALG et leur compl�te adh�sion au combat lib�rateur contre l�arm�e coloniale (V. Les hommes de l�ombre, M�moires d�un officier du Malg, Anep, Alger, 2004). Et on ne peut, sans ignominie, accr�diter la th�se que Mourad Benachenhou n�est pas un vrai moudjahid ou qu�il aurait cautionn� le d�viationnisme de ses chefs, d�autant moins d�ailleurs qu�il n�a gu�re �t� associ� � l��laboration de d�cisions prises dans les sommets de l�appareil. S�agissant de la s�questration des restes du colonel Amirouche, il est �vident que le pr�sident Boumedi�ne n�en a jamais �t� inform� et qu�il ignorait tout de leur emplacement. Le seul t�moignage digne de foi est celui du g�n�ral-major Mustapha Cheloufi, ancien commandant de la Gendarmerie nationale et ancien SG du MDN, grand commis de l��tat, honn�te et scrupuleux qui disculpe compl�tement le pr�sident Boumedi�ne. L�ancien chef de l��tat alg�rien �tait beaucoup trop accapar� par les questions du d�veloppement et du remembrement d�une soci�t� dont les cadres traditionnels avaient vol� en �clats pendant la p�riode coloniale, pour se permettre d�ordonner la s�questration des ossements des colonels Amirouche et Si Haou�s. Il est invraisemblable que H. Boumedi�ne ait requis du colonel Bencherif, alors patron de la Gendarmerie nationale, l�enfouissement des restes des deux anciens maquisards dans les caves de la Gendarmerie nationale. Quel int�r�t aurait-il eu � le faire ? En quoi la c�l�bration d�un valeureux combattant par ses partisans et coreligionnaires kabyles pouvait le g�ner ? H. Boumedi�ne ne pouvait ignorer qu�une telle infamie le discr�diterait � jamais devant l�Histoire et c�est pourquoi il n�a pas pu y recourir. Il n�y a aucune raison de douter de la v�racit� du t�moignage du G-M Cheloufi dont la sagesse et la pond�ration, encore une fois, sont de notori�t� publique. Le colonel Amirouche, le GPRA et les conflits de l�gitimit� GPRA/EMG Comment comprendre que S. Sadi et N. A. H. n�aient pas pris conscience de la contradiction dirimante dans laquelle ils s�enferrent en soutenant � la fois que le colonel Amirouche avait entrepris de d�capiter le GPRA, coupable � ses yeux d�avoir compl�tement abandonn� les wilayas de l�int�rieur, et pr�senter la prise du pouvoir par l�EMG, en 1962, comme un coup d��tat contre le GPRA ? Le GPRA serait ill�gitime lorsqu�il est mis en cause par le colonel Amirouche mais l�gitime lorsqu�il affronte l�EMG. Curieuse conception de la l�gitimit�. Celle-ci se mesurerait � l�aune de l�identit� des protagonistes. Un simple rappel pour l�histoire : l�EMG n�existe pas encore lorsque les colonels Amirouche, Si Haou�s, Si M�hamed et Hadj Lakhdar contestent ouvertement la vocation du GPRA � diriger la R�volution alg�rienne et envisagent son �limination. Il y avait un commandement Ouest, sous le patronage du colonel Boumedi�ne et un commandement Est dirig� par le fantasque et primitif colonel Nasser (Mohammedi Sa�d). Si le GPRA �tait devenu, aux yeux des chefs de wilayas de l�int�rieur, ill�gitime, quelques mois seulement apr�s sa cr�ation, quel titre pouvait-il avoir � diriger l�Alg�rie ind�pendante ? Et au nom de quel principe contester � l�EMG le droit de prendre la rel�ve de l��tat colonial, �tant entendu qu�il n�existe plus, au lendemain du cessez-le-feu, quelque institution que ce soit pouvant se pr�valoir d�une l�gitimit� sup�rieure � celle des autres (qu�on ne pr�tende pas, en tout cas, que l�ex�cutif provisoire avait les moyens de coopter les futures �lites dirigeantes de l�Alg�rie). Houari Boumedi�ne n��tait pas un putshiste mais un homme d��tat Nous venons de voir qu�il est intellectuellement incoh�rent d�approuver le combat du colonel Amirouche contre le GPRA et de voler au secours de ce m�me GPRA (lequel �tait, soit dit au passage, loin de constituer une entit� soud�e et homog�ne), lorsque l�EMG refuse de s�incliner devant lui. C�est le GPRA qui avait d�cid� unilat�ralement la dissolution de l�EMG, pr�rogative qui appartenait au seul CNRA et non pas � l�EMG qui avait cherch� � d�l�gitimer le GPRA. Pri�re de ne pas confondre. En 1962, c�est l�institution la plus puissante, la mieux organis�e, la mieux soud�e, la plus d�gag�e des relents du wilayisme, du n�potisme, du client�lisme qui prend la direction des affaires de l��tat, non sans chercher � associer tous les protagonistes du conflit contre le colonialisme, y compris le premier pr�sident du GPRA, Ferhat Abb�s. Le colonel Boumedi�ne, dont l�obsession a toujours �t� l�unit� du pays, comme me le rappelait encore, il y quelques jours, l�ancien ministre de l�Enseignement, Abdelkrim Benmahmoud (auquel le pr�sident Boumedi�ne allait confier de tr�s importantes responsabilit�s en 1978), avait tendu la main � Krim, Boudiaf, A�t Ahmed, Ben Khedda qui ne voulaient pas la saisir, d�s lors qu�ils �taient assur�s de ne plus pouvoir jouer les premiers r�les dans l�Alg�rie ind�pendante. Mais H. Boumedi�ne n�avait, a priori, exclu personne. Quant � l�h�ritage de Boumedi�ne, je prendrais un seul exemple. L��cole et l�universit� alg�riennes de H. Boumedi�ne n��taient pas sinistr�es mais rayonnantes. Le baccalaur�at alg�rien valait largement le baccalaur�at fran�ais et les dipl�mes d�livr�s par les universit�s et instituts alg�riens �taient tous reconnus � l��tranger, ce qui a permis � des milliers d�Alg�riens de se former et de se perfectionner dans les plus prestigieuses universit�s et centres de recherche du monde. Aujourd�hui, la migration hautement qualifi�e alg�rienne qui exerce � l��tranger et dont on bat le rappel avec force insistance, mais h�las en vain, est issue de l��cole et de l�universit� qui ont �t� voulues par H. Boumedi�ne. S. Sadi a pu conna�tre le cursus universitaire prestigieux qui est le sien, gr�ce � la d�mocratisation de l�enseignement d�cr�t�e par le m�me H. Boumedi�ne, au milieu de la circonspection g�n�rale. Sur l��viction d�Ahmed Ben Bella L�auteur de ces lignes persiste � affirmer que l��viction d�A. Ben Bella, le 19 juin 1965, n�est pas un coup d��tat. C�est, au contraire, une tentative largement aboutie de r�tablissement de l�autorit� de l��tat, syst�matiquement bafou�e par le premier pr�sident de la R�publique alg�rienne. L� aussi, il faut r�tablir la v�rit� historique. L��viction d�Ahmed Ben Bella a-t-elle �t� le seul fait de H. Boumedi�ne ? Etait-ce la man�uvre du seul groupe d�Oujda ? Comment expliquer qu�officiaient au sein du Conseil de la R�volution, les colonels Sa�d Mohammedi, Mohand Oulhadj, Salah Boubnider, Tahar Zbiri, Sa�d Abid, Salah Soufi (ancien patron de la Zone Sud), Youcef Khatib, tous anciens responsables des wilayas de l�int�rieur. S. Sadi va m�me jusqu�� louer certains d�entre eux et accr�diter leur t�moignage (notamment celui de Salah Boubnider). Voil� des anciens chefs de wilayas qui non seulement adoubent le �coup d��tat�, mais y participent, en parfaite connaissance de ses tenants et aboutissants. De deux choses l�une, ou l��viction de A. Ben Bella constitue un v�ritable putsch, et dans ce cas, il faudrait condamner tous les auteurs et complices sans discrimination et pas le seul H. Boumedi�ne ou bien il faut admettre que c�est A. Ben Bella qui violait la Constitution de 1963 (mise entre parenth�ses d�s le 3 octobre de la m�me ann�e, le pr�sident l�gif�rant par ordonnances et exer�ant les pleins pouvoirs en vertu de l�article 59) et dans ce cas, le sursaut du 19 Juin 1965 a constitu� un acte salvateur qui est � mettre au cr�dit du pr�sident Boumedi�ne et de ses compagnons de route ; il ne peut d�s lors ressortir � la cat�gorie (au demeurant non scientifique, au sens de la science politique) des coups d��tat. Pour le surplus, la d�position d�A. Ben Bella a �t� accueillie par un v�ritable soulagement populaire, tandis que les premi�res r�formes institutionnelles et politiques obtenaient un large appui de la part des couches moyennes de la population. Il est absurde de nier l�existence des purges Plut�t que de s�obstiner � nier l�existence de purges dans la Wilaya III, il serait de meilleure m�thode et de plus parfaite rigueur d�expliquer en quoi les Wilayas III et IV ont �t� le si�ge d��purations dans les rangs des moudjahidine et pour quelle raison la Wilaya II a �t� �pargn�e. Il ne s�agit pas de d�cerner un brevet d�honorabilit� aux responsables qui se sont montr�s capables de s�parer le bon grain de l�ivraie et d�accabler, sans m�nagement, ceux qui, sur la foi d�indications sommaires ou de t�moignages controuv�s, ont ordonn� la liquidation de milliers de jeunes Alg�riens. Le colonel Amirouche a �t� un grand chef de guerre et un des plus valeureux combattants de la R�volution alg�rienne. Son courage, son abn�gation, son opini�tret� resteront l�gendaires. Sa perspicacit� et ses scrupules dans la recherche de la v�rit� sur la Bleuite sont, � l�inverse, sujets � caution. Laissons les historiens professionnels (dont je ne suis pas) nous �clairer davantage sur des �pisodes sanglants dont notre r�volution, il s�en faut de beaucoup, n�a pas l�exclusivit�. Du reste avant que le colonel Amirouche ne prenne les r�nes de la Wilaya III, des �purations sanglantes et non justifi�es truffaient d�j� la trajectoire de la Wilaya III : le 13 avril 1956, � proximit� d�Oued Amizour, des centaines d�habitants de la dechra Trifraten sont �gorg�s pour prix de leur soutien au MNA, le 29 mai 1957, dans le Hodna, quelque 300 habitants de sexe masculin de la mechta Casbah, dans le douar B�ni Illmane, sont massacr�s, parce qu�eux �galement soutenaient le MNA, mais sans hostilit� d�clar�e au FLN. On ne peut passer par pertes et profits de telles trag�dies qui ont port� un s�rieux coup � la cr�dibilit� du FLN/ALN et entretenu de nombreux Alg�riens dans une attitude de d�fiance � l��gard des proclamations de la R�volution alg�rienne. Bien s�r que des purges ont �galement �t� commises en W I, W IV, W V et W VI. Mais il s�agit ici de r�pondre au r�cit du Dr Sadi qui cherche � occulter l�ampleur du ph�nom�ne en Wilaya III, alors que ses contradicteurs ne pr�tendent nullement que les autres wilayas en auraient �t� indemnes. Mais c�est lui qui a ouvert le d�bat, c�est lui qui a d�terr� la hache de guerre, en remettant au go�t du jour les griefs jadis invoqu�s contre Amirouche � propos de la disproportion entre le ph�nom�ne de la Bleuite et l�ampleur de la r�pression qu�il avait ordonn�e. En revanche, les W III et IV peuvent se pr�valoir de circonstances att�nuantes (mais non �videmment exon�ratoires) qui tiennent � leur harc�lement par les services fran�ais, pour lesquels la forteresse arm�e la plus inexpugnable �tait tout enti�re dans l�Alg�rois et la Kabylie. Sur l�ostracisme � l��gard des Kabyles C�est un th�me r�current sur lequel brode sans cesse N. A. H. Il faut d�abord rappeler pour l�histoire que ni le colonel Amirouche, ni Belkacem Krim, ni Hocine A�t Ahmed ni a fortiori Ramdane Abane n�ont, � aucun moment, donn� une coloration r�gionaliste � leur combat contre le colonialisme. Pour eux, seule comptait l�Alg�rie. En revanche, A. Ben Bella n�a eu de cesse de vouloir discr�diter le Congr�s de la Soummam, redoutant qu�un jour le pouvoir supr�me vienne � �choir � un Kabyle et avait mis en garde les �gyptiens contre un tel danger. Honte � lui, � ses m�thodes et � son anti-berb�risme primaire. Ceci dit, N. A. H. serait mieux avis� de r�fl�chir aux divisions entre Kabyles qui constituent quasiment, comme l�a rappel� dans son ouvrage Ali Yahia Abdenour ( La dignit� humaine, Inas Editions, Alger, 2007), une loi d�airain, et il n�est nul besoin d�un complot arabe pour semer la discorde entre les Kabyles. L�autoflagellation et l�autodestruction constituent la marque de fabrique de cette r�gion, pourtant la premi�re pourvoyeuse de l��lite intellectuelle du pays. Ceci pos�, l��miettement du mouvement national a eu peu � voir avec les divisions r�gionales. Lorsqu�Abane Ramdane proclame la sup�riorit� du politique sur le militaire et de l�int�rieur sur l�ext�rieur, il s�ali�ne tous les chefs militaires sans exception (y compris les chefs kabyles, � commencer par Krim) et tous les membres de la d�l�gation ext�rieure (dont H. A�t Ahmed). Les plus fid�les collaborateurs de Abane ne sont pas kabyles (Larbi Ben M�hidi, Benyoucef Benkheda et Sa�d Dahlab), cependant qu�un des plus proches alli�s de Boussouf contre Abane est issu de la Kabylie profonde, � savoir Krim. Il faut donc cesser d�opposer Kabyles et Arabes, tant il est vrai que cette opposition avait �t� tr�s largement transcend�e pendant le combat lib�rateur par les enjeux de pouvoir ainsi que par les pr�occupations claniques et client�listes qui sont venues se superposer aux affinit�s strictement locales ou tribales. Abane a �chou� dans son projet de constitution d�un �tat puissant, multiethnique, multilingue, multiconfessionnel (nous ne disposons pas malheureusement de la place pour en parler), non parce qu�il �tait kabyle mais parce que sa vision de l�organisation des pouvoirs publics, dans la perspective de l�ind�pendance, prenait � revers non seulement les ambitions de tous les chefs militaires et ceux de la d�l�gation ext�rieure mais ambitionnait de tuer dans l��uf la d�rive pr�torienne qui se dessinait, bien avant que le colonel Boumedi�ne ne fit son entr�e dans la sc�ne politique. Il faut revisiter l�Histoire d�une main tremblante Contrairement � ce qu�a pu �crire G. Meynier dans l�avant-propos � son ouvrage : L�Alg�rie des origines. De la pr�histoire � l�av�nement de l�Islam (Barzakh, Alger, 2007), �l�histoire officielle de l�Alg�rie n�a pas �t� plomb�e par les pr�occupations dirigeantes de la bureaucratie�. C�est infiniment plus compliqu� que cela. H. Boumedi�ne avait pour unique objectif l�unification des Alg�riens et le souci de les r�concilier avec eux-m�mes. Il pensait, de bonne foi, que le rappel d�une histoire convulsive et sanglante � laquelle le chercheur alg�rien disposait de peu de ressources pour acc�der et plus encore pour enseigner �tait encore pr�matur�. Il �tait suffisant de dire aux Alg�riens, tout au moins durant la p�riode post-traumatique de l�ind�pendance, que leurs anc�tres avaient souffert de la colonisation qui fut une nuit pour la majorit� des Alg�riens et que leurs parents avaient pris les armes pour lib�rer le pays. Si l�on prend l�exemple de la France, � travers Vichy, on sera �difi� sur les turbulences que le d�voilement de certaines v�rit�s mettant en cause l��tat fran�ais lui-m�me dans la d�portation des Juifs a provoqu�es �� et l�. Plus pr�s de nous, le film de Rachid Bouchareb : Hors-la-loi, t�moigne cruellement que les blessures n�es des �v�nements de Mai 1945 ne sont pas encore cicatris�es, et qu�en les exhumant � travers la fiction cin�matographique, on ouvre une bo�te de Pandore dont le pire vient d�j� de sortir. A. M.