La Russie et l'Arabie saoudite ont annoncé s'être accordées sur une augmentation de la production de l'Opep et de ses partenaires. L'augmentation serait d'un million de barils par jour mais selon l'expert international en énergie Mourad Preure, «ces pays ont considéré qu'il était urgent de ne rien faire». Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne 3, l'expert a expliqué que la décision prise par ces pays n'a pas été formalisée dans le texte. «Il n'y a pas eu réellement une rupture; en plus, cette augmentation n'est pas définie par pays», a-t-il soutenu, précisant par la même occasion que l'organisation Opec a toujours été partagée par un dilemme : défendre les prix ou défendre les parts de marché. Abordant la question de l'offre et la demande sur le marché mondial, l'expert précise que «le marché tend à s'équilibrer» et que «la demande reprend». Et encore «elle (la demande) était de 98 millions barils/jour en 2017, elle va grimper à 1,3 million barils en 2018 et en 2019, on s'attend à une demande de 100,6 millions de barils/jour». Dans ses explications, M. Preure souligne la disparation de près de 1 000 milliards de dollars d'investissements depuis 2014, la production commence à ne plus suffire et «il n'y a plus de capacité excédentaire aujourd'hui», affirme-t-il. De son point de vue, les prix sont structurellement orientés vers la hausse sur le long terme et devront terminer l'année avec un prix moyen de 70 dollars. Ainsi, cette augmentation est liée à une anticipation d'épuisement des gisements, d'une part, et à l'augmentation des coûts d'extraction, d'autre part, estimant que les gisements vieillissent et le niveau des découvertes selon le cabinet d'experts Wood Mackenzie est le plus bas depuis 1947. Même avec l'arrivée massive des énergies non conventionnelles ou le schiste américain, il n'y a aucune crainte sur l'évolution du marché et notamment sur le prix du pétrole car. «Les Américains se sont montrés moins flexibles qu'on s'y attendait», explique M. Preure avant d'ajouter : «En plus, les Etats-Unis ne possèdent que 48 milliards barils de réserve sur les 1 700 milliards de réserves mondiales, soit 2,8%», jugeant que la pression des huiles de schiste américaines serait de court ou moyen terme au plus. Les Américains ont, donc, une portée limitée sur le marché pétrolier. «Avant juillet 2014, le nombre de puits aux Etats-Unis était estimé à 1 500. Ensuite, le nombre est descendu à 600 pour remonter, par la suite, à quelque 800 puits. Aussi, depuis 2014, les investissements de l'industrie pétrolière ont baissé de 1 000 milliards de dollars. Ce qui mènera le marché pétrolier vers une contrainte d'offre à l'horizon 2020-2025», a-t-il indiqué. Pour ce qui est de l'alliance entre l'Arabie Saoudite et la Russie, elle est en train de se structurer. «Ces deux grands producteurs de pétrole ont renouvelé leur accord (de limitation de production).» Pour l'expert, «l'Algérie est un pays qui a du potentiel» et «le problème n'est pas dans nos réserves mais dans nos demandes pétrolières et gazières nationales puisqu'on consomme beaucoup trop par rapport à la création de richesses», trouve-t-il avant d'estimer que le point d'équilibre pour l'Algérie serait de 100 dollars le baril. Mais dans cette phase actuelle, «l'Algérie doit saisir cette chance pour se diversifier». D'autre part, Preure indique que le P-dg de Sonatrach a eu raison de dire que ce n'est pas encore la fin du pétrole. Il ajoutera qu'«il faut renforcer Sonatrach», insistant sur le retour à la loi 86-14 et au contrat de partage de protection sans oublier d'assurer la stabilité juridique. Ilhem Tir