Le général Luka Modric impressionne : le maître à jouer peut entrer dans les favoris du Ballon d'or s'il parvient à mener sa séduisante Croatie à une belle campagne de Russie. Première bataille dimanche contre le Danemark à Nijni Novgorod en huitième de finale du Mondial-2018 (18h GMT). Depuis le début de la Coupe du monde, le capitaine (32 ans) a tout réussi ou presque, dans le sillage d'une incroyable saison au Real Madrid, couronnée par un troisième sacre européen consécutif. De Kaliningrad à Rostov, le petit milieu blond a écrasé les uns après les autres ses adversaires nigérians (2-0), argentins (3-0) et islandais (2-1). Virevoltant, dictant le jeu, marquant à l'occasion contre Messi et sa bande, ses performances lui ont valu les hommages de par le monde. Et en Croatie, où beaucoup voient «Lukita» mener cette génération dorée (Rakitic, Mandzukic, Perisic, etc.) sur les traces de celle de 1998 (Boban, Suker, Prosinecki, etc.), troisième du Mondial français. S'il y parvenait, le milieu pourrait jeter un oeil sur le Ballon d'or, qui semble vouloir se diriger une sixième fois de plus vers les mains de son coéquipier madrilène, Cristiano Ronaldo. La récompense lui permettrait peut-être de mettre un peu en sourdine ses ennuis judiciaires : il est accusé par la justice de son pays d'avoir livré un faux témoignage en faveur de l'ancien dirigeant Zdravko Mamic, condamné à six ans et demi de prison pour corruption, notamment lors de transferts frauduleux. Le Messi du milieu Alors Modric Ballon d'or ? «J'espère», explique le milieu Milan Badelj. «Je pense que s'il nous emmène loin, c'est possible. Après, ça dépend de jusqu'où va l'Argentine de Messi. Mais pour moi, au milieu de terrain, il est ce que Messi est en attaque.» «Ce n'est pas qu'un grand joueur, c'est un type super, c'est notre leader», renchérit Ivan Rakitic, adversaire régulier en Liga avec Barcelone. «C'est un grand défi de l'affronter en championnat, c'est encore mieux de jouer avec lui pour l'équipe nationale.» Pour le joueur du Barça, Modric se compare définitivement avec l'immense Andrés Iniesta. «On a l'impression qu'ils viennent d'une planète différente et qu'ils sont descendus pour jouer avec nous, nous les mortels», savoure le Croate. «Ils sont les meilleurs à leur poste. (...) Si je devais créer une équipe, je les prendrais tous les deux.» Pour recevoir un Ballon d'or, Modric va devoir se battre contre la machine médiatique espagnole, qui ne le voit pas forcément récipiendaire du prix (A Madrid, la presse vote Cristiano Ronaldo, en Catalogne Lionel Messi). «Dur» Danemark Un peu comme en 2010. Les créateurs Xavi et Iniesta avaient alors été sacrés champions du monde, mais c'est leur coéquipier du Barça Messi qui avait reçu le Ballon d'or. Peut-être un brin trop au service du collectif pour être considéré ? A Madrid, ses statistiques ne sont pas impressionnantes avec deux buts et huit passes décisives sur la saison. Mais cela ne rend pas justice à «Lukita», qui organise, perfore et progresse balle au pied face aux défenses renforcées que ne manque pas d'affronter le Real. C'est lui qui brise les lignes, crée le décalage pour Ronaldo et les autres. Reste que le solide Danemark se dresse sur la route des «Vatreni». «Ça sera dur», annonce Badelj. «Ils ont fait un bon match contre la France (0-0) qui est une des deux ou trois prétendantes au titre. Une équipe organisée, qui sait ce qu'elle veut, qui ne souffre pas beaucoup mais qui fait souffrir ses adversaires.» «Le Danemark est une équipe sérieuse», abonde Rakitic. «Ce n'est pas un accident s'ils en sont là. Ils sont dangereux, rapides et ils ont (Christian) Eriksen, l'un des meilleurs meneurs de jeu d'Europe et du monde. Il a été tellement bon avec Tottenham cette saison.» Le duel avec Modric promet d'illuminer la rencontre. Permettra-t-il au Croate de glaner quelques votes pour le Ballon d'or ? Programme des 8es de finale (heure algérienne) Dimanche 1er juillet A Moscou : Espagne-Russie (15h) A Nijni-Novgorod : Croatie-Danemark (19h) Lundi 2 juillet A Samara : Brésil-Mexique (15h) A Rostov-sur-le-Don : Belgique-Japon (19h) Mardi 3 juillet A Saint-Pétersbourg : Suède-Suisse (15h) A Moscou (Spartak) : Colombie-Angleterre (19h).