Il est évident que la Banque d'Algérie veut désormais booster l'épargne en monnaie étrangère des Algériens, résidents ou non, autant que des étrangers également établis ou non sur le territoire national, détenteurs de comptes en devise librement convertible. C'est, en fait, une autre remise à l'ordre en direction de «certains» établissements bancaires que Mohamed Loukal a adressée. C'est dans ce sens que la Banque d'Algérie, il y a une dizaine de jours, a émis une note à l'intention des banques de la place de la même teneur que celle adressée en février dernier relative au développement de l'inclusion financière. En termes plus clairs, elle enjoignait aux institutions monétaires de ne plus jouer abusivement au gendarme devant leurs guichets, la banque des banques ayant relevé que «au nom d'une interprétation, souvent abusive et non fondée, des dispositions de la loi régissant le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, certains guichets bancaires ont été à l'origine de refoulement de capitaux de manière arbitraire et sans justifications réglementaires» avant de rappeler aux banques du pays certains fondamentaux, tel le droit d'ouvrir un compte ou encore la liberté de déposer ou de disposer de son argent sans justificatif. Tout récemment donc, la Banque d'Algérie a émis une nouvelle note énonçant, celle-là, des mesures complémentaires en matière d'inclusion financière relative à l'épargne en devises des particuliers. De nouvelles mesures qui se justifient, pour la Banque d'Algérie, par le fait qu'il a été constaté la remise en cause par certains établissements bancaires de la liberté accordée par la loi aussi bien pour l'ouverture d'un compte devises, son alimentation sans limitation de montant, disposer de ses avoirs, ou encore procéder librement à des mouvements au débit ou au crédit du compte devises. Pour être plus précise, l'institution gouvernée par Mohamed Loukal affirme dans sa note qu'il a été constaté que l'ouverture des comptes devises au profit des personnes physiques n'est pas systématique : certaines banques refusent d'ouvrir des comptes devises au profit de nouveaux clients ou exigent l'ouverture d'un compte dinars en parallèle. Des banques ne se sentaient pas gênées d'exiger un titre de transport pour les retraits de devises, a également constaté la BA, ou encore demandaient des justificatifs lors du versement de devises dans les comptes : qu'il s'agisse de virements reçus de l'étranger ou de dépôts en espèces. «Dans de nombreux cas, les banques suspendent le virement ou convertissent automatiquement les sommes reçues en dinars», a constaté la banque des banques qui, aussi, remet en cause ce fait accompli par certains établissements qui exigent de leur clientèle, au moment du versement de billets de banque étrangers, de remplir un formulaire nominatif mentionnant les numéros de chaque billet de banque étranger à verser au crédit du compte bancaire. Idem pour l'exigence de justificatifs ou d'autorisation de la Banque d'Algérie avant le transfert de devises à l'étranger pour le paiement de certains frais tels que les soins ou la scolarité à l'étranger ou toutes autres dépenses. La Banque d'Algérie a constaté aussi la disponibilité de fonds suffisante lors des demandes de retrait de devises, notamment pour le dollar américain, et l'indisponibilité des petites coupures de billets de banque de moins de cinquante euros. Une somme de griefs qui, selon la Banque d'Algérie, n'a pas permis le développement de l'inclusion financière, à travers la collecte de l'épargne devises qui constitue un apport certain, de par les 4,7 millions de comptes actifs autant que par l'épargne constituée, qui avoisine l'équivalent de 5 milliards de dollars US. Afin de remédier à cette situation, il est demandé par l'institution que gouverne Mohamed Loukal «la nécessité de promouvoir l'inclusion financière de cette catégorie d'épargnants, à l'instar des épargnants en monnaie nationale, par la levée des différentes contraintes n'ayant pas de raison d'être». Afin que soient levées toutes les contraintes énumérées ci-dessus, les banques sont invitées par la BA à développer davantage d'inclusion financière des détenteurs de cette épargne en devises par une agressivité commerciale ciblée et de proximité, améliorer l'accueil et la fluidité des opérations de versement, de retrait et de transfert, généraliser les instruments de paiement universels par la mise à disposition des cartes de paiement, de crédit à l'international, adossées à ces comptes. Et puis, les établissements bancaires sont invités à dispenser le client de l'exigence, lors du dépôt de fonds en devises auprès de leurs guichets, des justificatifs, au-delà de ceux relatifs à son identité dans le cadre des exigences réglementaires en matière de connaissance du client, et d'insister pour que les retraits demeurent libres d'utilisation. Az. Maktour