Il semble bien que la CAF ne badine plus avec les affaires liées à la corruption dans ces compétitions. Celle qui a secoué l'instance continentale au lendemain du scandale qui a emporté un de ses membres, le président de la Fédération ghanéenne Kwesi Nyantakyi et non moins vice-président de la CAF, a poussé la structure dirigée par le Malgache Ahmad-Ahmad à frapper fort. En effet, le jury disciplinaire de la CAF réuni le 7 juillet a prononcé la suspension de 11 arbitres, dont une suspension à vie et deux de 10 ans ! 11 arbitres supplémentaires sont également suspendus à titre provisoire. Dans un documentaire diffusé en juin dernier, le journaliste d'investigation Anas Aremeyaw Anas, a mis en évidence un système de corruption à l'œuvre dans le football ghanéen et même africain. L'enquête avait débouché sur l'implication directe de Kwesi Nyantakyi, contraint à la démission. Le dirigeant ghanéen n'était pas le seul officiel impliqué dans ce scandale. La vidéo du journaliste ghanéen de la BBC apportait la preuve que des arbitres touchaient des pots-de-vin aux fins d'arranger l'issue des matchs du championnat ghanéen et des compétitions africaines. C'est ainsi que, filmé en train d'accepter 600 dollars de la part d'un journaliste se faisant passer pour un dirigeant de club ghanéen, l'arbitre assistant Marwa Range (Kenya), pourtant retenu pour le Mondial-2018 (il a dû y renoncer à cause du scandale), a été exclu à vie « de toute activité liée au football de la CAF» ! D'autres referees à l'exemple du Togolais Yanissou Bebou et l'arbitre assistant Jallow Ebrima (Gambie) écopent de 10 années de suspension. Des arbitres ivoiriens, maliens, burkinabè, mauritaniens et nigériens en ont eux aussi pris pour des peines allant de 2 à 6 ans. Enfin, 11 arbitres sont provisoirement suspendus «jusqu'à l'examen de leur cas par le jury disciplinaire le 5 août 2018». Au total, ce sont 22 officiels potentiellement sanctionnés. Et l'affaire ne fait que livrer ses premières conclusions. Il faut juste rappeler les aveux faits par l'arbitre sud-africain Victor Gomez à l'issue du match Plateau United (Nigeria)-USM Alger, en match de la Coupe de la CAF. Celui-ci a révélé avoir été approché par des dirigeants du club nigérian qui lui ont proposé 30 000 dollars aux fins de «faciliter» la tâche de leur équipe. L'affaire révélée par le correspondant nigérian de la BBC a débouché sur la suspension de l'arbitre «intermédiaire», en l'occurrence le nigérian Joseph Ogabor suspendu par la Confédération pour une année pour «tentative de manipulation du match» Plateau United- USMA, disputé le 7 avril dernier à Lagos. «La décision fait suite aux enquêtes menées et aux preuves présentées par les officiels de match sud-africains de ladite rencontre, qui ont été contactés par Ogabor pour fournir une «assistance technique à l'équipe nigériane», précisait le communiqué de la CAF qui a sommé le club nigérian de «s'abstenir de pratiquer des cadeaux d'hospitalité qui ont tendance à créer une mauvaise impression». M. B.