Halilhodzic, Renard, Rohr, Van Marwijk et Queiroz étaient les «affiches» autour desquelles tournait le débat de la succession de Rabah Madjer. Des «cibles» que la FAF de Kheireddine Zetchi n'a pas officiellement approchées mais que les médias, presque à l'unanimité, ont donné comme potentiels candidats à la barre technique des Verts. Depuis mardi soir, c'est le nom de Djamel Belmadi qui est proposé pour prendre en charge les fonctions de sélectionneur de l'équipe d'Algérie. Jamais une succession n'a soulevé autant de spéculations, de fausses pistes et de mensonges. Celle de Rabah Madjer, limogé le 24 juin dernier, fera date. Tant la Fédération algérienne de football et son président Kheireddine Zetchi ont manœuvré dans tous les sens pour tourner en bourrique journalistes et supporters de l'EN. Comme si du nom du prochain entraîneur de la sélection dépendait la survie d'une nation ! Zetchi qui a déjà consommé deux cartouches dans sa quête d'un vrai sélectionneur pour les Verts, les passages de l'Espagnol Alcaraz et de Madjer s'étant avérés un cuisant échec pour le président du PAC et son bureau fédéral, n'avait certes plus droit à l'erreur mais de la manière avec laquelle il a mené ce dossier qui tient en haleine rouages de l'Etat et petit peuple, le personnage doit certainement avoir une raison que la raison ignore. Sinon comment se hasarde-t-il à énoncer le profil du prochain entraîneur des Verts (mondialiste) et avancer que les négociations sont en phase de finalisation (petits détails financiers à régler) pour qu'enfin se retrouver dans une impasse qui mène droit vers Djamel Belmadi qui, au lendemain de sa démission de la barre technique du club qatari d'El-Duhaïl, semblait tout indiqué pour succéder à Madjer. Encore que rien ne dit à l'heure où nous mettons sous presse que cette «piste» soit la bonne et que Zetchi parviendrait à convaincre l'ancien joueur de l'O Marseille de prendre en charge une équipe à la dérive depuis le départ du Bosnien Vahid Halilhodzic. Une nomination à la carte ? C'est pourquoi cette valse hésitation des décideurs de la FAF, et de leur chef en particulier, interpelle à nouveau les esprits sur les «moyens» mobilisés pour assurer un maximum de réussite à cette opération. Sous d'autres cieux, le choix d'un entraîneur obéit à une certaine structuration. C'est à la DTN, et un de ses démembrements la DEN, qui, mise au parfum des objectifs attendus de l'heureux élu, va indiquer le profil adéquat et entamer les recherches suivant les candidatures. Les décideurs n'interviendront en aucun cas dans ce processus. Leur intervention se décidera dès lors que la structure technique a identifié le bon profil pour le soumettre à qui de droit. En l'occurrence les membres du BF qui, eux, discuteront dans la globalité et le détail les moyens financiers et logistiques à réunir pour convaincre l'entraîneur ciblé. La négociation est du ressort de la seule fédération qui pourrait agir en fonction de ses moyens financiers, y compris les aides étatiques et des sponsors. Cette négociation peut être directe ou par voie d'intermédiaires (agents). Généralement, chaque postulant dispose de son manager ou d'un cabinet qui défendrait ses intérêts. C'est pourquoi, les discussions se font à partir de cette logique commerciale. De toute évidence, la FAF de Kheireddine Zetchi n'a consulté personne sur la question. C'est le président en personne qui menait les tractations en s'adressant directement aux entraîneurs et/ou à leurs agents. Rarement, sinon jamais, des membres du bureau fédéral n'ont été consultés par Zetchi. Et ce n'est pas Rabah Saâdane, le DTN, ou encore Boualem Charef, le DEN, qui viendraient réclamer leurs prérogatives histoire d'avoir un droit de regard dans le choix du prochain sélectionneur. Zetchi a agi seul et a fini par reconnaître ses torts. Après avoir multiplié les «scénarios» à propos des critères, du profil et de l'état d'avancement des négociations, le président de la FAF a préféré jouer la sécurité. En acceptant de céder à la raison d'Etat. Celle qui a prévalu lorsque la FAF s'est engagée à choisir un successeur à Lucas Alcaraz. Madjer qui n'était dans aucune des listes prévisionnelles fut désigné au mépris de toute considération technique. Une cooptation qui a fait long feu, Madjer sera prié de se mettre à l'écart au bout de quelques mois passés à jouer des matchs amicaux et à des rassemblements de joueurs de tous les horizons au CTN/FAF de Sidi Moussa. Une aventure qui a porté préjudice et à la légende que fut Madjer, à la FAF de Zetchi et au pouvoir qui a vu en Madjer un «sauveur». Belmadi, «l'homme de la situation» ? Et c'est Djamel Belmadi, dont le nom était à peine cité depuis le limogeage de Madjer, qui serait le nouvel «homme de la situation». L'ancien joueur de Manchester City et du Celta Vigo a lancé une belle carrière d'entraîneur au Qatar. Avec Lekhwiya, devenu Al-Duhail après sa fusion avec Al-Jeich, il a multiplié les exploits (4 titres nationaux, deux coupes et une Supercoupe) mais aussi à la barre technique de la sélection qatarie (une coupe d'Asie de l'ouest et une coupe du Golfe). Suffisant pour conduire une équipe d'Algérie, certes en ruines, qui suscite les folles attentes ? S'il y a divergence sur les capacités de Belmadi à mener à bon port l'œuvre de réhabilitation, tout le monde s'accorde à affirmer que le natif de Champigny-sur-Marne a un meilleur vécu, une plus grande motivation et beaucoup d'atouts comparativement à bon nombre de candidats cités et même d'autres ayant eu à mener (à la dérive) le bateau des Verts. Juste faudrait-il ajuster les objectifs toujours à la hausse en dépit de la modeste forme de la sélection depuis le Mondial-2014. A moins d'une année de la phase finale de la CAN-2019, tournoi que les camarades devront atteindre facilement du fait de la faible résistance qui se dégage dans le groupe éliminatoire (Gambie, Bénin et Togo), il serait hasardeux de fixer à Belmadi les demi-finales comme impératif objectif. La vraie mission de Belmadi est de redonner confiance aux troupes dans l'optique des prochaines qualifications au Mondial-2022 avec comme objectif intermédiaire la CAN-2021 en Côte d'Ivoire. Ce serait plus raisonnable pour une sélection qui végète dans les profondeurs du classement mondial. M. B.