Plusieurs médicaments ne sont plus disponibles dans les pharmacies. Cette pénurie, qui date pour certains produits depuis plusieurs mois, semble ne pas prendre fin. Des pharmaciens assurent que la liste des produits en rupture de stock ne fait que s'allonger. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le manque flagrant de plusieurs médicaments sur les étagères des pharmacies ne relève plus de rumeurs. A Alger, nombre de pharmaciens confirment la pénurie de ces produits pharmaceutiques. Cette fois-ci, précisent-ils, plusieurs spécialités sont concernées. «Nous enregistrons des ruptures de médicaments dans la majorité des spécialités. Actuellement, la plus courante est celle de la Ventoline, un bronchodilatateur destiné pour les maladies respiratoires, qui fait défaut avec acuité. En ophtalmologie, la majorité des antiseptiques sont introuvables. Idem pour la cardiologie et la gynécologie où nous enregistrons certains manques de médicaments», assure une pharmacienne, rue Didouche-Mourad à Alger-Centre.Selon elle, les premières pénuries se sont fait ressentir depuis fin 2017. Elle se rappelle ainsi, la récurrente indisponibilité des bandelettes de l'autosurveillance glycémique qui persiste depuis début 2018. Imputant ces pénuries au programme d'importation des médicaments qui n'a pas été signé depuis plusieurs mois, cette pharmacienne souligne à cet effet que la production nationale qui ne couvre pas toutes les spécialités est loin de pouvoir satisfaire la demande nationale. Pour elle, cette perturbation est aussi le résultat de la «spéculation» de certains grossistes qui n'hésitent pas à appliquer la vente concomitante. «Pour avoir droit à dix boîtes de vitamine D, il faut que votre facture d'approvisionnement en médicaments atteint dix millions de centimes», dit-elle. De son côté, Manel, pharmacienne à Chéraga, à l'ouest d'Alger, affirme que cette pénurie de médicaments a commencé avec celle de l'insuline, il y a plus de six mois. Selon elle, la liste des médicaments en rupture de stock s'allonge tous les jours. «Aujourd'hui, les médicaments pour la tension artérielle, les maladies respiratoires notamment les bronchodilatateurs comme la Ventoline, et bien d'autres sont difficiles à trouver», précise-t-elle. Parmi les produits pharmaceutiques qui connaissent des perturbations de disponibilité, elle cite également les anticancéreux, les traitements pour la diabétologie et la cardiologie. «Depuis quatre mois, deux produits indispensables dans le traitement du cancer du sein, sont très difficiles à trouver», déplore-t-elle. Incombant cette situation aux «manœuvres» des grossistes de produits pharmaceutiques, notre interlocutrice dénonce la vente concomitante imposée par ces mêmes grossistes. Elle cite l'exemple de la vitamine D vendue chez ces grossistes contre des génériques qu'ils ne vendent pas facilement. Les explications de l'Association algérienne de solidarité aux malades respiratoires sont tout à fait différentes. Selon son président, Rachid Saâdaoui, la rupture de la Ventoline en pharmacie est due aux malades qui s'empressent d'acheter ce produit et à le stocker afin de «parer à d'éventuelles pénuries». Ry. N.