L'Institut français d'Alger reprend ses activités au mois de septembre. Parmi les événements phares de cette rentrée, la projection du film documentaire Une journée au soleil d'Arezki Metref. Un matin comme tant d'autres au café Le Soleil dans le XXe arrondissement de Paris. Lieu mythique au cœur des mémoires conjuguées, immigrée, ouvrière et révolutionnaire du quartier Belleville-Ménilmontant, Le Soleil a fait sa mue. Sa terrasse est devenue le lieu de ralliement des « bobos » du quartier. C'est au cours d'une ultime journée de palabres, avant sa fermeture définitive, que Le Soleil verra se croiser les derniers témoins de la petite et de la grande Histoire de l'immigration algérienne en France. Une femme, des hommes, ouvriers, intellectuels, écrivains, musiciens, commerçants, tous diront, les uns leur enfance dans la guerre, les autres leurs combats politique, syndical, culturel. Les luttes qui ont émaillé l'histoire heurtée des relations entre la France et l'Algérie durant ces soixante dernières années. Des témoignages poignants, drôles aussi parfois, éclairés par des historiens et autres spécialistes de la question. Ce synopsis annonce donc un documentaire à la fois intimiste et versé dans une Histoire aussi complexe que passionnante : celle de l'émigration algérienne en France qui, depuis des décennies, charrie autour d'elle un engouement inépuisable tant au niveau sociologique et historique que culturel et artistique. Et comme un peu partout en France, notamment à Paris, la diaspora possède ses lieux emblématiques, ses quartiers et ses cafés qui portent encore aujourd'hui les traces du passage de milliers d'hommes et de femmes venus en France, notamment pour des raisons économiques, ne se doutant pas qu'ils allaient occuper une place aussi importante dans l'Histoire et la sociologie des deux pays. Parmi ces endroits mythiques du Paris populaire en voie de «boboïsation», le café Le Soleil à Belleville a fini par céder à la vague de «gentrification» des quartiers parisiens. A la veille de sa fermeture définitive, Arezki Metref y installe donc sa caméra pour immortaliser les derniers moments d'un lieu gorgé d'histoires et d'anecdotes que plusieurs intervenants (ouvriers, retraités, artistes, écrivains, intellectuels) prendront plaisir à nous raconter tout en nous offrant des récits intimes et personnels des événements et stations importantes de cette Histoire tourmentée qui est celle de l'émigration mais aussi des relations algéro-françaises. Coécrit par le réalisateur avec l'écrivaine Marie-Joëlle Rupp, Une journée au soleil est le deuxième film documentaire d'Arezki Metref après Ath Yenni, paroles d'argent. La projection aura lieu le samedi 26 septembre à 18h en présence du réalisateur à l'Institut français d'Alger, suivie d'un débat avec le réalisateur. Sarah H.