Le parti Talaie El Hourriyet de l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis a réagi, hier, à l'interdiction, la veille, d'une manifestation publique que tentait d'organiser le mouvement El Mouwatana, à la place des Martyrs, à Alger. Une intervention musclée des services de sécurité a empêché, en effet, les organisateurs de tenir un sit-in dont l'objectif était de dénoncer le cinquième mandat en préparation de Abdelaziz Bouteflika. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Pour rappel, ce mouvement El Mouwatana, qui signifie «citoyenneté» est un regroupement de chefs de partis comme Soufiane Djilali et Zoubida Assoul, de militants politiques ou de mouvements associatifs qui contestent une nouvelle réélection de Bouteflika. Une sorte de «clone» du mouvement Barakat qui se dressait, lui, contre un quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika à pareille période préélectorale de la présidentielle de 2014. Comme il fallait donc s'y attendre, dès lors qu'il s'agissait d'une manifestation publique, que les organisateurs prévoyaient de tenir au cœur de la capitale et, à plus forte raison pour contester le projet politique phare du pouvoir, les manifestants n'avaient même pas eu le temps de déployer leurs slogans. Les arrestations feront vite avorter cette manifestation symbolique que les organisateurs ont pourtant préparée dans la discrétion la plus totale. Le parti de Ali Benflis affirme, dans son communiqué, qu'il «condamne énergiquement la répression du sit-in pacifique organisé par le mouvement Mouwatana, le 12 août à la place des Martyrs à Alger, pour dénoncer le coup de force que le pouvoir en place se prépare à opérer pour assurer le statu quo et le maintien du régime en place contre la volonté populaire et l'aspiration au changement porté par la grande majorité du peuple algérien». Dans son communiqué, largement consacré pour cette seule affaire, Talaie El Hourriyet ajoutera qu'il s'élève «contre le recours à des méthodes autoritaires répressives pour empêcher un rassemblement pacifique et contre l'interpellation injustifiée de leaders de partis politiques, d'organisations de défense des droits de l'Homme et de militants du mouvement associatif, interpellation significative du mépris des pouvoirs publics pour l'opposition». S'inscrivant dès le départ, dès sa création au lendemain de la présidentielle de 2014, dans une posture d'opposition frontale et sans concession au pouvoir, notamment à Abdelaziz Bouteflika, le parti de Ali Benflis poursuivra son réquisitoire, toujours au vitriol, et assènera encore : «Une fois de plus, Talaie El Hourriyet condamne la violation continue du droit de manifester pacifiquement et de la liberté d'expression consacrée par la Constitution.» Candidat et sérieux rival de Abdelaziz Bouteflika en 2004 et en 2014, Ali Benflis sait de quoi il parle lorsqu'il dénonce, dans le même communiqué, «le rétrécissement du champ des libertés pour faire taire l'opposition et rendre encore plus difficile la diffusion de son message pacifique par la fermeture hermétique des médias publics aux partis politiques de l'opposition, par les pressions exercées sur la presse indépendante et par le renforcement du dispositif arbitraire tendant à empêcher les contacts avec les citoyens». Durant la campagne électorale pour le présidentielle de 2014, la candidature de l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis était la seule qui inquiétait vraiment le tout-puissant camp présidentiel. Le camp de Abdelaziz Bouteflika avait même sérieusement paniqué à la suite de l'impressionnante démonstration de force du candidat Ali Benflis à l'est du pays, particulièrement ce mémorable bain de foule de la ville de Khenchela. A telle enseigne que Bouteflika en personne s'impliquera dans la bataille et lancera une grave accusation à son rival, la première phrase prononcée depuis son AVC du 27 avril 2013, à l'occasion d'une audience accordée à un ministre espagnol. La forte campagne que réussissait Ali Benflis en ce printemps 2014 avait, par ailleurs, obligé le camp présidentiel à faire des annonces fortes, durant la campagne. Comme celle consistant à réduire la durée du service national, annoncée par Abdelmalek Sellal, lors d'une conférence de presse surprise, entre deux meetings à l'intérieur du pays. C'était au lendemain du bain de foule de Khenchela... K. A.