Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, a présidé, hier, conjointement avec son homologue mauritanien, Ahmadou Ould Abdellah, la cérémonie d'inauguration d'un poste frontalier, le premier du genre entre l'Algérie et la Mauritanie. Cette nouvelle infrastructure névralgique se situe à 75 km au sud du chef-lieu de Tindouf, côté algérien. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Autrement dit, au confluent des frontières communes entre l'Algérie, la Mauritanie et l'Etat du Sahara Occidental occupé. C'est dire l'importance hautement stratégique de ce premier point de passage terrestre entre l'Algérie et son voisin du Sud-Ouest avec lequel elle partage près de 500 km de frontières tout de même. Une aberration pour deux Etats qui, globalement, ont toujours eu des rapports apaisés, hormis quelques brouilles diplomatiques au milieu des années soixante-dix, conséquemment à l'alliance contractée par l'ancien régime de Mokhtar Ould Dada avec la monarchie de Hassan II, dans l'affaire du Sahara Occidental. Mais depuis le renversement du «guide» mauritanien, les relations entre l'Algérie et la Mauritanie ont toujours été relativement ordinaires, sinon bonnes, et Nouakchott sera l'un des rares voisins «arabes» de l'Algérie avec lequel le bornage des frontières n'aura jamais constitué une source de tension. Certes, la Mauritanie est un pays pauvre, mais aux ressources assez conséquentes. Et la faiblesse des échéances «officielles» au niveau terrestre s'explique par le nombre modeste des habitants de notre voisin, à peine quatre millions. Cela n'avait pas pour autant empêché que prospèrent, le long des frontières s'étendant dans le grand désert entre les deux pays, des trafics en tout genre. La contrebande et le terrorisme ont, en effet, fini par sérieusement infester cette région . D'où l'urgence pour les deux pays d'y faire face. L'ouverture de ce poste frontalier constituant l'une des mesures concrètes, convenues entre les deux pays, à l'occasion de la 18e session de la haute commission mixte algéro-mauritanienne tenue à Alger en décembre 2016. Selon les chiffres annoncés par l'agence officielle, l'APS, ce poste frontalier, baptisé du nom du chahid Mustapha Ben Boulaïd, a nécessité un financement algérien estimé à 151 milliards de centimes. L'infrastructure, inaugurée hier, est constitué de «49 unités de construction préfabriqué, dont 46 bureaux administratifs et 4 parkings en plus d'autres structures». Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, n'a pas manqué, à l'occasion de la cérémonie d'inauguration, de souligner l'importance de cette réalisation. «Les mutations profondes et effrénées et la propagation, notable et préoccupante, du crime transfrontalier impliquent l'intensification des efforts, le rapprochement des vues, la promotion du niveau de coopération, la protection des frontières et l'instauration d'un climat propice au développement des régions frontalières», soulignant la disposition permanente de l'Algérie à échanger les expériences, les informations et les programmes de coopération avec la Mauritanie». Il s'agit, donc, en premier lieu, de canaliser et de contrôler les flux et les passages, du côté comme de l'autre des frontières communes, nécessairement illégaux parce que clandestins et, surtout, assurés et contrôlés jusque-là par la contrebande et le terrorisme. Outre l'aspect sécuritaire, ce nouveau poste frontalier requiert une importance non moins stratégique en termes économiques et commerciaux. C'est ce qu'indique également Bedoui lorsqu'il ajoutera dans la même allocution, toujours selon l'APS : «L'intensification des échanges commerciaux et économiques entre les deux pays afin d'atteindre les objectifs escomptés» de ce passage frontalier, sur la base «de la confiance mutuelle» entre les deux pays, soulignant que ce passage «traduit la volonté commune du président de la République et de son homologue mauritanien de hisser les relations bilatérales à un niveau à même de répondre aux exigences de la conjoncture actuelle en termes de concertation continue et de coordination permanente. Il constitue également un jalon supplémentaire à la coopération bilatérale dans les domaines sécuritaire, économique et humanitaire». En fait, outre l'opportunité pour les entreprises algériennes qu'offre le marché mauritanien de placer leurs produits finis, la Mauritanie est un pays qui offre, en plus, d'innombrables opportunités d'investissement pour ces mêmes entreprises. Nos voisins marocains l'ont d'ailleurs, eux, bien compris depuis des années... K. A.