Le vice-ministre de la Défense nationale, chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, reprend ses visites marathon sur le terrain. Après sa visite de jeudi en 1re Région militaire à Blida, le patron de l'état-major effectue, à partir d'aujourd'hui, une autre visite, de deux jours celle-là, à l'ouest du pays, en 2e Région militaire à Oran. C'est ce qu'annonce un communiqué du ministère de la Défense, rendu public hier. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Au cours de son séjour oranais, précisera le communiqué du MDN, Gaïd Salah «présidera, au premier jour de la visite, au nom de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, la cérémonie d'installation du général-major Souab Meftah en qualité de commandant de la 2e Région militaire, en remplacement du général-major Bey Saïd, et supervisera, le lendemain, l'exécution d'un exercice de tir de missiles surface-surface, au niveau de la façade maritime ouest.» Il est donc essentiellement question, lors de cette visite, de présider la cérémonie de passation entre l'ancien et le nouveau chef de Région. Le général-major Souab Meftah remplacera officiellement le plus ancien des chefs de région, le général-major Saïd Bey qui dirigeait la 2e et la plus importante Région, depuis quinze ans. L'avant-veille, le chef d'état-major présidait, à Blida, la même cérémonie de passation entre l'ex-directeur de l'Académie interarmes de Cherchell, le général-major Ali Sidane qui remplace, à la tête de la 1re Région militaire, le général-major Habib Chentouf, admis à la retraite. A l'occasion, le vice-ministre de la Défense prononçait une allocution où il se limitera à commenter la seule actualité interne à l'institution. Autrement dit, les récents changements opérés à la tête de certaines régions ou encore quelques directions névralgiques de l'armée. Il dira, notamment, à ce propos que «l'indice de la compétence et le critère du mérite sont le phare qui nous éclaire et nous guide tout au long du droit chemin que nous empruntons, qui vise l'encrage du principe de passation des fonctions et des postes, à en faire une coutume militaire et une tradition à pérenniser, ouvrant ainsi les opportunités et motivant la ressource humaine, afin de valoriser son capital expériences et l'encourager à multiplier les efforts au service de l'Armée nationale populaire, qui poursuivra avec détermination, et grâce à l'aide d'Allah Le Tout-Puissant, le même parcours vers la rentabilisation optimale d'expérience et de professionnalisme de ses cadres partout où ils exercent, et continuera à mettre à profit les orientations clairvoyantes de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, afin de hisser nos Forces armées au plus haut niveau en termes d'acquisition de puissance et d'efficacité au combat en toutes conditions et circonstances.» Le chef de l'état-major tente, ce disant, d'expliquer que seuls des critères strictement professionnels ont motivé les nombreux changements que connaît la haute hiérarchie de l'ANP depuis début juillet dernier. Voire même, depuis fin juin, si l'on compte le changement surprise opéré par Bouteflika à la tête d'un autre corps de sécurité — certes qui n'est pas sous tutelle du MDN — , la DGSN en l'occurrence, et le limogeage du général-major Abdelghani Hamel. Par à coups, à raison de deux à trois hauts responsables à chaque fois, c'est tout de même un grand changement que Bouteflika a opéré au sein de la haute hiérarchie de l'armée. Les tout derniers étant ceux effectués mercredi dernier à la tête de la Direction centrale de la sécurité de l'armée ( DCSA), un corps clé au sein du MDN, ainsi qu'au niveau du poste de contrôleur général de l'armée. Auparavant, c'était un autre grand corps, la Gendarmerie nationale, et d'autres importantes directions, celles du personnel et des finances au sein du ministère, qui changeaient de mains. A l'arrivée, et à ce stade-là, déjà, et rien ne dit que d'autres changements ne suivront pas, il s'agit d'un vaste mouvement qui a complètement remodelé la composante humaine du Haut Commandement de l'ANP. Difficile de ne pas lier ces décisions en cascade de Abdelaziz Bouteflika à la prochaine élection présidentielle. A pratiquement la même période précédant la présidentielle de 2014, un mouvement similaire avait complètement décimé, en automne 2013, le corps des services. Après une fracassante sortie publique du «char d'assaut», en l'occurrence l'ex-SG du FLN Ammar Saâdani, le DRS, soupçonné d'être peu favorable à un quatrième mandat de Bouteflika, sera «charcuté» et réorganisé de fond en comble. Bouteflika, qui s'est toujours méfié des Tagarins, ne veut assurément, comme en 2014, prendre aucun risque à la veille de la présidentielle. A la seule différence qu'en 2018, les choses se font en douce et avec une finesse extrême. K. A.