La semaine a dû être pénible et plutôt deux fois qu'une. C'est-à-dire des deux côtés de la Méditerranée. Le président Emanuel Macron s'est présenté jeudi au domicile de la veuve de Maurice Audin pour lui présenter des excuses et lui remettre une déclaration officielle reconnaissant que son époux était «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France». Pénible pour une frange de français incapables de hauteur intellectuelle qui leur fasse prendre enfin connaissance que l'entreprise coloniale a été moralement injuste, politiquement médiocre et militairement violente. Et ce courant d'opinion n'a pas manqué de réagir par l'entremise de leurs représentants les plus constants et les plus enflammés. Et pas seulement pour des considérations de politique interne. Pénible aussi de ce côté-ci de la mer où la surenchère sur la «repentance» n'est pas toujours le fait de motivations vertueuses. Les reconnaissances historiques et le pardon, il y en a qui les préfèrent dans la version supérettes patriotiques et comme tous les fonds de commerce, l'idéal est qu'ils durent longtemps, de façon à en tirer le maximum. La semaine a été pénible. Les trains, on n'en a déjà pas beaucoup, si on se met en plus à les caillasser à chaque fois qu'on en inaugure un, ça va être vraiment… pénible. Bien sûr, la pratique n'est pas vraiment originale. Non seulement elle est vieille mais nous ne l'avons pas inventée. Est-ce que ça fait une consolation pour autant ? C'est possible, puisque nous sommes habitués aux explications les plus saugrenues pour atténuer notre douleur. Et trouver surtout des «circonstances atténuantes» aux coupables quand ils ne sont pas dans la haute gouvernance. Reconnaissons tout de même que de tels cas sont si rares que ça nous fait une autre… consolation ! La semaine a été pénible. Personne n'imaginait la situation mais elle est là et c'est plutôt marrant. Serrar et Berraf qui se crêpent le chignon à coups de déclarations publiques, on n'a même pas vu ça au cinéma. C'est surprenant pour plein de raisons, dont la plus importante est liée à la nature des deux personnages : ils se ressemblent tellement… Serrar a bâti sa carrière par l'intrigue et la roublardise, Berraf par l'entrisme et l'alignement. Ils auraient pu faire un bon duo spontanément complémentaire mais là, les intérêts divergent. Et quand il s'agit d'intérêts, l'un et l'autre sont intraitables. Berraf a intérêt à ce que l'incident de Bologhine soit de nature politique pour pouvoir… s'excuser. Serrar veut le contraire pour n'avoir pas à gérer une situation qui relativise son succès sportif. Une réussite qu'il veut nette et sans bavure. En plus d'être pénible, cette histoire est un peu compliquée, avouons-le. La semaine a été pénible et triste. Rachid Taha est mort à l'orée de la soixantaine, alors qu'il aurait pu encore donner beaucoup de belles choses à la musique. Sa voix rocailleuse et sa bouille attachante vont beaucoup manquer à tous ceux qui ont une certaine idée du chant, de l'art et de la vie. Il paraît qu'aucun officiel n'était présent à l'arrivée de sa dépouille à l'aéroport d'Oran. Les «officiels» ne doivent pas savoir à quel point il s'en fout. S. L.