Abdelaziz Bouteflika a opéré, hier lundi, une nouvelle vague de changements au niveau de la haute hiérarchie militaire et des postes stratégiques au sein du ministère de la Défense nationale. Il a été question, cette fois encore, de nouvelles nominations et promotions, de mises à la retraite et, cela va de soi, de sanctions. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Les décrets présidentiels signés hier ont concerné, selon nos sources, plusieurs postes-clés. A commencer par celui de commandant des forces terrestres. Annoncé déjà en août dernier, la mise à l'écart du général major Ahcène Tafer se confirmera donc, tout comme sa mise à la retraite et son remplacement au poste de commandant des forces terrestres, par le général-major Saïd Chengriha qui occupait jusque-là le poste de commandant de la 3e Région militaire (Béchar). Ce dernier sera remplacé, à son tour, au poste de commandant de cette même 3e Région militaire, par le général-major Smaïli Mustapha qui occupait jusque-là le poste de commandant adjoint de la 2e Région militaire. De par la taille de ce corps, les forces terrestres qui représentent près de 80% des effectifs de l'Armée nationale populaire, le général-major Saïd Chengriha est hissé, de fait, au rang de véritable numéro deux au sein de l'état-major. Pour rappel, quasiment tous les chefs de l'état-major de l'ANP ont eu à occuper, auparavant, ce poste-tremplin de commandant des forces terrestres. C'était le cas de Gaïd Salah, du défunt Mohamed Lamari et de Khaled Nezzar. Autre poste de première importance qui change de mains, à la faveur des changements opérés hier, celui de secrétaire général du ministère de la Défense nationale. Le général-major Mohamed Zenakhri y est remplacé par le général-major Hamid Ghris. Ce dernier est donc, de facto lui aussi, promu, ainsi, au rang de numéro deux dans la hiérarchie du ministère de la Défense. La Direction de l'organisation et de la logistique au niveau du même ministère est confiée, depuis hier lundi, au général-major Ali Akroumi. Ceci, au moment où le général-major Mohamed Tiboudlent est nommé, lui, à la tête de la Direction de l'équipement au niveau du MDN. Selon nos sources toujours, les changements d'hier n'ont pas épargné un autre corps de bataille, celui des forces aériennes. C'est ainsi que le général-major Mohamed Boumaza remplace, au poste de commandant des forces aériennes, le général-major Abdelkader Lounès, qui est, par ailleurs, admis lui aussi à la retraite. Enfin, le général-major Azzouz est nommé, lui, comme commandant adjoint de la 2e Région militaire. Il occupait, jusque-là, le poste de commandant du 40e bataillon. Avec les changements de ce lundi, Abdelaziz Bouteflika aura, presque, complètement renouvelé la composante de l'état-major de l'armée, de l'administration centrale du ministère de la Défense nationale ainsi que de l'ensemble des services de sécurité, à savoir la Police nationale et la Gendarmerie nationale en plus de la Direction centrale de la sécurité de l'armée. Tout cela, en moins de trois mois. De par son ampleur ainsi que de l'importance des postes concernés, ce mouvement «par vague» opéré depuis la fin juin est, sans conteste, le plus important et le plus profond qu'ont connu l'armée et les services de sécurité algériens depuis l'indépendance. Ils interviennent, d'abord, à la suite de l'affaire de la saisie de la cocaïne au niveau du port d'Oran. Une gigantesque affaire tentaculaire menée par les services de renseignements et qui a été la cause directe du limogeage d'au moins trois hauts responsables militaires : l'ex-directeur général de la Sûreté nationale, l'ex-directeur général des finances au niveau du MDN et un autre ex-directeur central chargé de la logistique. Cela dit, il ne faut jamais dissocier ces changements au sein du Haut Commandement de l'armée, avec les présidentielles d'avril prochain. Comme en 2013, à pareille période pré-électorale, Abdelaziz Bouteflika semble avoir lancé, là, une véritable opération «préventive», pour éliminer le moindre petit risque, pouvant survenir du sein de la plus grande institution, et d'ailleurs la seule force capable de changer «le cours des événements»… K. A.