Ould-Abbès. La «distribution » lui a attribué le beau rôle et il le joue à fond la caisse. Il n'a pas d'ambition personnelle au-delà de ce qu'il a déjà miraculeusement obtenu. Il est donc heureux d'être là et fonce comme un bulldozer pour espérer exister encore jusqu'à ce que désintégration organique s'en suive. Il n'a pas d'état d'âme, alors il va plus loin que les autres. Non pas parce que les «autres» ne s'y aventureraient pas mais parce que ça lui ressemble mieux. Après tout, ce n'est qu'un jeu de rôles, n'est-ce pas ? Bien sûr, il va parfois plus vite que la musique mais il est sous contrôle. Parfois, on le recadre mais on n'en a pas toujours besoin. Il arrive que ce soit commode que personne ne le prenne au sérieux. Y compris quand il s'est «précipité» en demandant à Bouteflika de présenter sa candidature pour un cinquième mandat ! Ouyahia. On lui prête le rêve d'un autre destin mais on ne sait pas si c'est vraiment le cas. D'abord, parce qu'il ne le dit pas. Au point où en sont les choses, il ne le dira pas, même sous la torture. Il connaît la direction du vent et s'y est positionné en conséquence, ce n'est pas «à son âge» qu'il va s'inventer une autre vocation. Mais lui aussi est accommodant, on le soupçonne cycliquement de velléités d'émancipation. Alors on le nomme puis on le met au frais puis on le sort pour le dégommer. Il arrive même qu'on le traîne publiquement dans la boue, avant de le passer à la machine à laver. Lui, il fait le dos rond et redouble de disponibilité, avec zèle, souvent. On en a besoin, comme intelligence-alibi, comme fusible silencieux ou encore comme virtualité qui entretient l'illusion d'une alternance intramuros. Avant de lui rentrer dedans comme c'est le cas depuis peu. Ou lui indiquer la porte comme dans le passé. Pas de panique pour autant, s'il ne reste pas jusqu'au printemps, il reviendra. Il revient toujours, sans doute parce qu'il ne part jamais. Benyounès. Il est presque émouvant, quand il veut être original. Il tient à être différent des autres soutiens de Bouteflika mais en… disant la même chose, en faisant pareil. Il a quand même réussi une fois à se distinguer au sein de l'alliance présidentielle… en insultant les Algériens. Concédons-lui donc que personne n'a été jusque-là ! Il n'a pas inventé «la politique autrement» mais il l'a quand même grossièrement plagiée. Cette fois-ci en retardant au maximum l'annonce de son soutien au cinquième mandat. Normal, dans un jeu de rôles on ne prend pas que des Lucky Luck. Quant à l'originalité, c'est encore raté. Lamentablement. Louisa. Elle va réunir dans les prochains jours son comité central. A l'ordre du jour, l'évaluation des concertations qu'elle a eues en vue de «l'élection d'une Assemblée constituante» à présenter en soutien à la «demande» qu'elle compte soumettre au… président de la République ! Si Bouteflika voulait d'une Constituante, ça se saurait. S'il pouvait accéder à une proposition si politiquement lourde du Parti des travailleurs, ça se saurait aussi. Pour le reste, on sait ce que pense Madame Hanoune de la vie : Bouteflika est le meilleur, c'est son entourage et sa périphérie qui posent problème. Alors, une fois «évacuée» cette histoire de Constituante, elle va l'accompagner comme elle peut. Comme tout le monde ne fait pas dans l'originalité, elle reprendra vraisemblablement sa mission de lièvre attitrée, à moins d'un imprévu majeur. Mais les imprévus majeurs, c'est pour tout le monde. S. L.