Quelques heures avant le lancement de la cérémonie d'installation du nouveau wali, le député Tliba Baha Eddine agissait en roue libre sur le Cours de la révolution. Il n'a pas trouvé mieux que des «baltaguias» pour interdire l'accès de la mouhafada de Annaba aux militants locaux d'Annaba. Cette situation de main mise sur une structure d'un parti politique légal est intervenue au moment où plus de 4.000 travailleurs attendaient sous un chaud soleil, l'ordre de marche. Il a été donné vers 11h30. C'est-à-dire au terme de la cérémonie d'installation du nouveau wali et le départ de l'ancien. La marche et le sit-in ont eu lieu dans l'enceinte du complexe sidérurgique El Hadjar. «Tliba dégage », «Levée de l'immunité parlementaire », «Complexe El Hadjar ligne rouge», «Non à l'injustice» et de nombreuses autres banderoles et affiches ont caractérisé le mouvement. Les 4 000 travailleurs étaient furieux de ne pas voir l'Etat prendre les mesures pour le sanctionner, suite aux dépassements commis par le sulfureux député. Les sidérurgistes se sont exprimés. Tous l'ont fait pour démontrer que leur Complexe sidérurgique El Hadjar (Annaba) a mis un terme à l'activisme de Tliba Baha Eddine et ses acolytes. Parmi les protestataires, il y avait le secrétaire général du syndicat et en même temps du comité de participation non élu, d'où cette effervescence relevée parmi les sidérurgistes. Tous rejettent l'immixtion ou même la tentative d'immixtion dans la gestion de leur outil de travail. C'est parce qu'ils étaient les otages des syndicalistes menés par Nourredine Amouri et le député Tliba qu'ils avaient décidé de passer à l'action. C'était au lendemain d'une émission (août 2018) par Amouri Nourredine et d'un communiqué lancé par lequel le syndicat de l'entreprise «mettait en garde» la direction du complexe Sider filiale du groupe du même nom. Hier, au fur et à mesure des éclairages qui parviennent sur ce dossier inédit, il est dit que Tliba et Amouri, les deux complices dans la mise à sac du patrimoine Sider, auront des comptes à rendre à la justice, pour abus de leur fonction d'élus. C'est ce que reflètent les contenus des banderoles et les propos des intervenants exprimés publiquement au micro lors du sitin d'hier au complexe sidérurgique El Hadjar. C'est dire que l'affaire syndicat-Sider devient très compliquée. Le dossier à polémiques concerne d'ailleurs plusieurs acteurs. En tête de liste, il y a le syndicat de Amouri qui a ouvert grandes les portes de l'entreprise au député. Ce dernier serait intéressé par les 26 milliards de dinars que l'Etat a injectés pour le lancement de la 2e phase du plan de réhabilitation des installations de production. La démarche avait permis d'unir pour quelques mois les efforts de la direction générale et des syndicalistes. Ce qui s'opposait aux intérêts de Tliba. Il a tout fait pour déstabiliser la direction et l'amener à déposer sa démission. La réaction du directeur sera toute autre. Ce dernier ayant à cœur la survie du complexe rua dans les brancards et lança un appel à la rescousse des travailleurs. D'autant que les points à l'origine de la discorde avancés par le syndicat pour argumenter la «mise en garde» adressée à la direction générale ne tiennent pas la route. Pour l'heure, les effets néfastes de ce conflit s'étendent naturellement aux institutions financières et partout où le complexe sidérurgique El Hadjar a des relations de travail. Toutefois, une démarche est à saluer. Celle des sidérurgistes qui ne veulent pas entendre parler de conflits et encore moins de grève. A ce niveau, la sauvegarde des intérêts de l'entreprise n'a pas déserté, et ce, sans le conseil syndical dissout. Un comité de 5 sages, pour préparer les élections syndicales, a même été décidé récemment. La Direction générale œuvre actuellement à l'amélioration de la production. Les sidérurgistes ont déjà joué leur partition. Aux responsables de l'Etat de saisir la main tendue des sidérurgistes. A. Bouacha