De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari La Commission «pêche» du Parlement européen (PE) était, hier, en conclave à Bruxelles. Les représentants du Front Polisario y assistaient. Pourquoi cette réunion et cette participation sahraouie sont-elles si importantes en ce moment ? Deux raisons. La première est que les représentants du peuple sahraoui détiennent sur les Européens une arme de haute technicité, qui peut, à terme, devenir invincible. La décision de la Cour de justice européenne qui a considéré le Sahara Occidental «distinct» et «séparé» du Maroc. Ce qui induit en droit, non pas seulement international mais européen, que la Commission, gouvernement économique de l'UE, en définitive, ne pourra plus permettre aux navires de pêche des pays de l'Union de prendre du poisson, grand ou petit, de la façade atlantique du Sahara Occidental. Le voudra-t-elle, qu'elle pourrait pas. Les commissaires français, Moscovici et Banier, tentent d'ailleurs de convaincre leurs pairs de contourner l'arrêt des magistrats de Luxembourg-City, mais pour l'instant ça ne passe pas. Les Européens savent qu'ils sont sous haute surveillance sur ce dossier. Les avocats, notaires et juristes tant du Polisario qu'européens sont sur le qui-vive. Ils assigneront devant les tribunaux toute entreprise qui devait pêcher au Sahara Occidental de l'Atlantique. Les saisies, les amendes, les immobilisations à «quai», les assignations devant les tribunaux seront rapides et effectives. La note sera salée. Plusieurs entreprises ont, déjà, depuis que la justice européenne s'est prononcée, quitté les lieux et ne veulent plus négocier avec Rabat sur la possibilité ou pas de faire des affaires au Sahara Occidental. Elles savent, dorénavant, que ce n'est plus de la compétence marocaine d'agir au Sahara Occidental. La seconde et non moins importante raison qui donne au symposium d'hier une importance particulière est le rapport de l'émissaire de l'ONU. Kohler, Allemand de son état, a tenu parole et a adressé des invitations au Maroc et au Polisario pour des rencontres préliminaires à Genève. Ce qui a déstabilisé la diplomatie marocaine qui ne sait pas comment opérer en pays helvète. Les Européens, divisés sur la question comme sur d'autres encore, ne veulent plus, et, d'ailleurs ne peuvent plus, se comporter comme par le passé sur la question sahraouie. La Cour de justice est passée par là; Cour de justice européenne, soulignons- le. A. M.