Mercer, leader mondial du conseil en ressources humaines, dévoile les résultats de son dernier rapport sur les systèmes de retraite dans le monde. Guidé par l'objectif d'une vie meilleure, «l'Indice Mercer Melbourne 2018» (MMGPI) donne une analyse approfondie et enrichie pour interpréter les différents régimes de retraite du monde. Le Danemark perd la tête du classement pour la première fois depuis 7 ans et se retrouve second derrière les Pays-Bas. Les régimes de retraite privés doivent se généraliser à l'ensemble des actifs. Désormais élargi pour inclure Hong Kong, le Pérou, l'Arabie Saoudite et l'Espagne, il évalue 34 régimes sur la base de plus de 40 indicateurs permettant d'en déterminer la pertinence, la viabilité et l'intégrité. Cette démarche souligne la finalité de l'indice : assurer la comparaison de régimes distincts à l'échelle du monde grâce à l'analyse d'un vaste éventail de caractéristiques malgré une multitude de contextes et de cultures. Un nécessaire équilibre à trouver entre les montants de pensions versés et une économie durable Les décideurs politiques s'emploient à garantir la sécurité financière de leurs retraités tout en cherchant à concilier le double objectif suivant : assurer un niveau de vie suffisant (critère de performance) ainsi qu'une viabilité économique certaine (critère de viabilité). «L'Indice Melbourne Mercer» des régimes de retraite dans le monde révèle quels sont les Etats respectivement les mieux et les moins bien préparés à relever ce défi. Basé sur l'évaluation de 34 régimes de retraite, l'indice montre que les Pays-Bas et le Danemark (notes respectivement égales à 80,3 et 80,2) disposent tous deux d'un régime de retraite exemplaire qui, par la qualité de ses prestations, démontre clairement leur capacité à faire face au vieillissement de leur population. L'auteur de l'étude, le Dr David Knox, « Senior Partner» chez «Mercer Australie», rappelle que tout régime de retraite digne de ce nom se doit avant tout de garantir un bon équilibre entre les deux objectifs que sont la performance et la viabilité : «C'est un défi auquel se trouvent actuellement confrontés les décideurs politiques. De manière générale, un régime procurant des prestations très généreuses à court terme risque de ne pas être durable, et un régime affichant une grande viabilité a de fortes chances de réserver des avantages très modestes aux cotisants du moment. La question est donc de savoir ce qu'est un bon compromis.» Pourtant, si l'on examine de plus près les résultats des Etats européens, on observe une tension croissante entre ces deux critères. Ainsi, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède obtiennent des notes de bonnes (B) à très bonnes (A) sur ces deux indicateurs tandis que l'Autriche, l'Italie et l'Espagne recueillent elles aussi une bonne note pour le critère de performance, mais s'en tirent avec une note de viabilité médiocre, signe de l'ampleur des réformes à accomplir en la matière. Allongement de l'espérance de vie Le Dr Knox ajoute toutefois qu'il ne suffit pas qu'un régime soit viable et adéquat. Une nouvelle dimension s'invite en effet dans le débat entourant la qualité des régimes de retraite : la «couverture», à savoir la proportion de la population adulte bénéficiant des régimes. «Dans certains pays, une large couverture a été instaurée au travers de régimes obligatoires de retraite supplémentaire d'entreprise, voire de plans de retraite individuels. Pour autant, sachant que les conditions de travail évoluent dans le monde entier, il faut faire en sorte que ces dispositifs concernent tout le monde pour que chaque actif se constitue une épargne suffisante pour l'avenir. J'entends par là les sous-traitants, les indépendants, et toute personne bénéficiant d'un complément de revenu, qu'il s'agisse d'un congé parental, d'une allocation d'invalidité ou d'une allocation chômage», précise-t-il. David Anderson, président de la zone internationale chez Mercer, voit pour sa part d'un bon œil le fait que les gouvernements s'attaquent au chantier des retraites dans un contexte de poursuite de l'allongement de l'espérance de vie. «Cela fait un certain temps que les économies développées sont conscientes des défis démographiques auxquels font face leurs régimes de retraite. S'agissant des économies moins développées, il est réjouissant de constater que les gouvernements sont nombreux à déceler les mêmes tendances démographiques et à agir en conséquence. Ce sont ces mesures qui vont améliorer la viabilité de leurs régimes de retraite à long terme», se félicite-t-il. Prétendre à la viabilité à long terme Le vieillissement démographique, le niveau élevé de la dette publique de certains pays et la course planétaire à l'allègement de la fiscalité limitent d'autant la capacité de certains pays à améliorer la sécurité des retraites. Fruit de l'analyse d'une décennie de données absolument uniques, le MMGPI et les recherches qui le sous-tendent apportent de précieux éclairages comparatifs globaux aux planificateurs et aux décideurs sur la marche à suivre. Certains régimes de retraite ont plus de chemin à parcourir que d'autres pour prétendre à la viabilité à long terme : compte tenu de facteurs éminemment spécifiques, les différents systèmes ne partent d'ailleurs pas sur un pied d'égalité. Néanmoins, chaque pays demeure libre d'agir et de chercher à faire progresser son régime. Si, à longue échéance, aucun régime de retraite ne s'avère parfait, les principes de «meilleures pratiques» sont néanmoins clairs, et les gouvernements ont tout intérêt à instaurer un climat politique et économique favorisant l'avènement des changements voulus. «L'Indice Melbourne Mercer» 2018 en chiffres L'Indice de cette année met en relief la qualité des régimes de retraite d'une grande partie des pays d'Europe du Nord et de l'Ouest. Avec une note globale de 80,3 et un écart de 0,1 point en sa faveur, les Pays-Bas ravissent la première place au Danemark, qu'il occupait depuis six ans. La Finlande fait pour sa part tomber l'Australie (72,6) de la troisième marche du podium mondial avec une note globale de 74,5, tandis que la Suède (72,5) s'adjuge la cinquième place. «L'Indice constitue une référence privilégiée pour tous les décideurs politiques soucieux de tirer les leçons des régimes les plus adéquats et les plus viables», explique le Dr Knox. «Certes, aucun régime n'est idéal, ni ne saurait s'appliquer universellement, mais il existe cependant de nombreux attributs communs pouvant être partagés en vue de meilleurs résultats». L'Indice recourt à trois sous-indices (performance, viabilité et intégrité) pour évaluer chaque régime de retraite à l'aide de plus de 40 indicateurs. Synthèse par Djilali Hadjadj Augmentation en 2019 des pensions de retraite à la charge de l'Etat ou revalorisation annuelle financée par la CNR ? Encore de la confusion dans la communication du ministre en charge de la Sécurité sociale. Ce dernier a présenté mercredi dernier (7 novembre 2018) le projet de budget de son secteur pour 2019 à la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) dans le cadre du projet de loi de finances 2019 où il aurait annoncé — selon le journal gouvernemental El Moudjahid (édition du 10 novembre 2018) —, que «le gouvernement a décidé la revalorisation des pensions de retraite. En effet, une hausse allant jusqu'à 5% en faveur de 3, 2 millions de retraités algériens est prévue dès 2019». Fin de citation. Dans la dépêche de l'APS (datée du 8 novembre 2018), toujours à propos de la même réunion, le ministre a précisé que «les affectations octroyées au titre des dépenses de la solidarité nationale pour l'exercice 2019 sont estimées à 97,539 milliards DA consacrés à assurer la couverture sociale des franges vulnérables, notamment à travers une allocation complémentaire mensuelle au profit des retraités et des invalides et une revalorisation exceptionnelle des pensions de retraite dans le cadre de la Cnas et de la Casnos». Fin de citation de la dépêche de l'APS. Alors, est-ce une augmentation en 2019 des pensions de retraite à la charge de l'Etat ou l'annonce anticipée de la revalorisation annuelle des pensions de retraite financée par la CNR ? Ou le cumul des deux à la fois, élection présidentielle obligent… Nous y reviendrions plus en détail dans le prochain «Soir retraite», ainsi que sur la situation financière de la CNR. Djilali Hadjadj