L'argument des «officiels» algériens pour justifier la situation financière désastreuse de la Caisse nationale des retraites (CNR), c'est que le phénomène serait mondial et donc l'Algérie en subirait les contrecoups. Faux ! «L'Index mondial des retraites», dont la version 2018 vient d'être rendu publique, démontre le contraire : la crise des retraites n'est pas uniquement financière… Epargner davantage et trouver des solutions innovantes, l'Indice mondial des retraites 2018 («Global Retirement Index») a été publié le 10 septembre dernier par «Natixis Investment Managers». Au niveau mondial, l'Europe de l'Ouest continue de dominer le classement, avec 7 pays présents dans le Top 10. L'étude souligne également la difficulté croissante pour pérenniser le financement des retraites, dans un environnement marqué par les taux bas, les changements démographiques et la crise des régimes de retraite. 43 pays étudiés, l'Algérie n'en fait pas partie Créé en 2013, cet indice attribue aux 43 pays étudiés une note globale en matière de pérennité des systèmes de retraites, sur la base de 18 facteurs ayant un impact sur la vie des retraités. Le financement des retraites est le facteur le plus important, mais l'indice tient également compte du bien-être matériel, de la santé et de la qualité de vie des retraités afin de dresser un tableau complet... «La sécurité des retraites représente un challenge multidimensionnel. Le modèle traditionnel de financement à trois piliers est remis en cause par la réalité démographique du XXIe siècle, les déséquilibres fiscaux et les politiques monétaires qui pèsent sur les ressources des gouvernements, des employeurs et des travailleurs du monde entier», déclare un représentant de «Natixis Investment Managers ». «Nous souhaitons que cette étude contribue à établir le cadre d'un dialogue indispensable — entre les décideurs, les gestionnaires de régimes de retraite, les travailleurs et l'industrie financière — sur les solutions à mettre en œuvre pour répondre aux besoins des retraités d'aujourd'hui tout en préservant la sécurité des retraites pour les générations futures.» Une crise financière aux conséquences inattendues... Dix ans après la crise de 2008, les mesures prises pour stabiliser le système financier mondial et sortir de la récession ont fragilisé la pérennité du financement des retraites dans le monde entier. La faiblesse des taux a, en particulier, rendu l'épargne plus coûteuse, à la fois pour les retraités eux-mêmes et pour les organismes de financement des retraites... Dans le même temps tous les autres pays développés sont confrontés aux défis d'un taux de dépendance croissant des personnes âgées et d'inégalités économiques et sociales grandissantes. Qualité de vie, efficacité du système de santé, sousindicateurs financiers, revenu par habitant, égalité de revenu et taux de chômage font partie des paramètres qui servent à évaluer cet «Indice» par pays. Les solutions des meilleurs élèves L'Europe occidentale continue de dominer les 10 premières places de l'Indice 2018, avec la Suisse (no1), l'Islande (no2), la Norvège (n°3), la Suède (no4), le Danemark (n°8) et les Pays-Bas (no10). La Nouvelle- Zélande (n°5) et l'Australie (n°6) conservent leur place dans le Top 10. Le Canada (n°9) fait également son retour grâce à des scores très élevés dans les facteurs environnementaux et le bonheur personnel. L'Irlande entre dans le Top 10 pour la première fois, passant de la 14e à la 7e place, ce qui représente la plus grande progression dans le classement. La capacité de l'Irlande à réduire son taux de chômage à 6,2% à partir de 2017, puis à réduire les inégalités de revenus, ont contribué à cette progression... La nette amélioration de sa pression fiscale, et donc l'augmentation du niveau de revenu disponible de ses retraités, y ont également contribué. La bonne recette Les pays du «Top 10» bénéficient pour la plupart de programmes sociaux solides, de soins de santé largement accessibles et de faibles niveaux d'inégalité des revenus. Les pays moins bien classés peuvent certes s'inspirer des solutions mises en place dans ces pays pour pérenniser leurs propres systèmes de retraites, mais il semble évident qu'aucun pays n'est à l'abri des défis liés au vieillissement de la population, à la pression sur les ressources publiques et à une crise des retraites que 10 ans de faibles taux n'ont fait qu'aggraver... «Il est indispensable que toutes les parties prenantes du secteur de l'épargne-retraite — gouvernements, communauté financière, entreprises et salariés eux-mêmes — se saisissent du problème pour trouver des solutions durables. Les investisseurs individuels vont notamment devoir assumer une plus grande partie du financement des retraites en épargnant davantage et plus activement. Il est de notre responsabilité, en tant que société de gestion résolument active, de les accompagner dans cette démarche et de les aider à construire des plans d'investissement qui leur permettront une retraite plus sereine. Cela nécessite une approche de long terme, avec des objectifs de performance et un budget de risque propre à chacun et l'intégration de solutions diversifiées et alternatives pour maximiser les sources de rendement du portefeuille tout en optimisant le risque à long terme», conclut le représentant de «Natixis Investment Managers». LSR