La Société algérienne de formation et de recherche en oncologie (Safro) s'oppose à la mise en place de centres hospitaliers de référence chargés de prescrire les nouvelles molécules oncologiques. Estimant que cette démarche pénalisera les cancéreux, la Safro plaide ainsi pour la création de trois comités régionaux : centre, est et ouest. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le ministère de la Santé envisage de créer des centres hospitaliers de référence pour les nouvelles molécules d'innovation thérapeutique en oncologie. Ils seront les seuls à pouvoir prescrire ces traitements. Mais cette option semble déplaire à nombre d'oncologues. La preuve : la Société algérienne de formation et de recherche en oncologie (Safro) s'y oppose avec vigueur. «Les centres référents obligeront les malades cancéreux à se déplacer vers ces structures. Cette décision va à l'encontre des orientations du président de la République qui favorisent l'accès aux soins de proximité afin de réduire les disparités régionales en termes de soins», souligne le Pr Adda Bounedjar, président de la Société algérienne de formation et de recherche en oncologie (Safro), hier, en marge du 2e Congrès maghrébin d'oncologie, tenu à l'hôtel El Djazaïr à Alger. Il estime que la désignation de centres référents va non seulement pénaliser davantage les cancéreux mais va également favoriser «un traitement des malades algériens en deux collèges». Il rappelle ainsi les «progrès» réalisés ces dix dernières années dans le domaine de la santé et particulièrement dans le traitement du cancer où plusieurs services d'oncologie ont été ouverts à travers le territoire national. En effet, l'Algérie dispose de plus de 35 services d'oncologie et de 11 centres anticancer. Pour le Pr Adda Bounedjar, ce n'est pas au patient d'aller vers le traitement mais c'est au traitement de se rapprocher du malade. «Nous demandons la création de trois comités régionaux ; centre, est et ouest, qui regrouperont tous les chefs de services hospitalo-universitaires, lesquels seront chargés de débattre des cas et de donner leur aval pour l'administration du nouveau traitement», plaide-t-il. Selon lui, cette démarche permettra justement de garder les malades dans leurs régions. Organisé par la Safro en collaboration avec l'Association médicale arabe contre le cancer (Arab medical association against cancer), le 10e meeting d'oncologie a regroupé plus de 500 participants venus des différentes wilayas du pays mais aussi de Tunisie, du Maroc, de Libye et de Mauritanie. Trois thèmes ont été choisis pour cette rencontre qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Les spécialistes débattront ainsi du cancer du sein, du cancer de la prostate et du cancer du poumon. «En Algérie, le cancer du sein enregistre 10 000 à 12 000 nouveaux cas par an. Le cancer de la prostate, premier cancer chez les hommes après 50 ans dans le monde, est actuellement, le premier cancer urologique chez l'homme en Algérie, bien avant le cancer de la vessie. Il compte 4 500 nouveaux cas par an. Quant au cancer du poumon, il est le 2e cancer en Algérie après le cancer colorectal. Environ 4 000 nouveaux cas sont recensés par an», détaille le président de Safro. Parmi les thèmes prévus au programme de la rencontre : le traitement innovant et les nouveautés dans tous les cancers. «Selon le ministère de la Santé, ces produits seront disponibles en Algérie à partir de 2019. Il s'agit notamment de la chimiothérapie deuxième génération et de l'immunothérapie deuxième génération pour le cancer du sein et celui de la prostate», précise le Pr Adda Bounedjar. Ry. N.