La CNR connaît de très grosses difficultés financières, et ce, depuis 2014 plus particulièrement. Nous n'avons cessé de le signaler depuis des années dans ces colonnes. Pour la première fois, les pouvoirs publics ont osé livrer des chiffres sur ce que subit la CNR. Nous y revenons plus en détail ci-dessous. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, a révélé récemment, que le projet de loi de finances 2019 autorisait le Fonds national d'investissement (FNI) à octroyer des crédits au profit de la Caisse nationale des retraites (CNR) en vue de soutenir ses capacités de couverture des pensions de retraite et lui permettre de préserver ses équilibres financiers. Présentant le budget de son secteur devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF) pour 2019, le ministre a précisé que «le PLF 2019 prévoit une nouvelle mesure autorisant le FNI à octroyer des crédits au profit de la CNR à des taux d'intérêt pris en charge par le Trésor public à long terme (jusqu'à 40 ans)», sans pour autant donner de précisions sur le volume de ces crédits. A ce propos, M. Zemali a ajouté que ladite mesure visait à «soutenir les capacités de la CNR en matière de couverture des pensions de retraite et afin de lui permettre de préserver ses équilibres financiers». 600 milliards de DA de «recettes» pour plus du double en dépenses ! Indiquant que la CNR connaît depuis 2014 un déficit sans cesse «croissant, passant de 155,1 milliards de dinars en 2014 à 336,8 milliards en 2016 et 479,1 milliards en 2017», le ministre a fait savoir que «l'affectation exceptionnelle de 500 milliards de dinars, octroyée en 2018 par l'Etat dans le cadre de la préservation des équilibres du système de Sécurité sociale, a permis le paiement des pensions de retraite». A ce titre, M. Zemali a affirmé que le système de Sécurité sociale constituait «l'un des principaux pivots» de la politique de l'Etat en matière de protection sociale, laquelle se manifeste par sa contribution particulière «la prise en charge des dépenses de la solidarité nationale visant la protection des citoyens à faible revenu». Il a indiqué, également, que les données relatives à la situation financière de la Sécurité sociale faisaient état de «certains déséquilibres financiers touchant notamment la branche retraite, au vu de la hausse des dépenses par rapport aux recettes des cotisations, le nombre global de retraités ayant atteint 3,225 millions, engendrant un coût financier annuel de 1 282 milliard de dinars». Il faut savoir que la quote-part de la CNR (recettes) en matière de cotisations sécurité sociale pour 2018 ne dépassera pas les 600 milliards de DA… La Cnas dans le rouge Par ailleurs, le ministre a affirmé qu'une enveloppe de 88 milliards DA – à la charge de la Cnas et intitulée «Forfait hôpitaux» – sera consacrée au financement forfaitaire des établissements de santé publics au titre de l'exercice 2019, soit une hausse de 10% (80 milliards de DA en 2018)», ajoutant que ce chiffre était destiné à la prise en charge des assurés sociaux. Abordant le déséquilibre financier au niveau du système de sécurité sociale et le déficit de 580 milliards de DA dont souffre la Caisse nationale des retraites (CNR), M. Zemali a cité plusieurs facteurs dont la non-déclaration de salariés par leurs employeurs auprès de la Cnas. «Il a été recensé 6 482 000 de salariés déclarés à la Cnas, représentant 43,21% de la population active». Expliquant encore ce déficit, le ministre a évoqué d'autres raisons comme le remboursement des médicaments, dont le montant s'est élevé en 2017 à 212 milliards de DA» et «les arrêts de travail, remboursés par les Cnas, avec 4 000 590 jours durant les 4 premiers mois de l'année en cours, soit quelque 6 milliards de DA». C'est dire que la situation financière de la Cnas est dans le rouge, sans que cela semble inquiéter les pouvoirs publics concernés… Djilali Hadjadj