C'est un véritable bras de fer que le ministère du Commerce semble engager avec les commerçants du pays. A Bouira, c'est à l'unanimité que les commerçants exerçant au niveau des marchés quotidiens de la ville ont répondu par la négative à ladite circulaire laquelle, selon un responsable de la Direction du commerce qui s'exprimait hier à travers les ondes de Radio Bouira, a concerné, dans un premier temps, la banane en exigeant auprès des commerçants vendeurs de ce fruit exotique, d'abord, la facture d'achat, ensuite, l'affichage des prix d'achat et de vente. Selon ce responsable, l'objectif de cette circulaire est la défense du droit du consommateur qui se retrouve victime d'une arnaque qui ne dit pas son nom de la part des importateurs qui dictent leurs lois, ainsi que les grossistes et autres détaillants qui font dans la spéculation en gagnant parfois cinq à six fois la marge qui leur est permise par la loi, et c'est ce qui a fait exploser les prix de ce fruit exotique ces dernières semaines avec des pics de 760 dinars le kilo. Une situation jugée anormale par le ministre du Commerce qui rappelait que le kilo de la banane ne devait pas dépasser les 260 dinars le kilo au détail. Par ailleurs et dans la foulée de cette circulaire, une opération de sensibilisation est entreprise, selon toujours les responsables de la Direction du commerce de Bouira, pour amener les commerçants détaillants exerçant dans les marchés quotidiens à apposer le double affichage du prix, celui de l'achat et celui de la vente de tous les légumes et fruits exposés. Les contrevenants se verront infligés des amendes et des actions en justice. A cet effet, d'ailleurs, et toujours selon ce responsable, les brigades de contrôle de la qualité et des prix et la répression des fraudes ont, durant ces derniers jours, effectué 162 sorties sur terrain et établi 162 interventions qui se sont soldées par l'établissement de 17 P-V pour cause de non-facturation des produits mis en vente et dont la valeur totale est évaluée à 122 810 dinars. Cela étant, même si les responsables de la Direction du commerce de la wilaya de Bouira parlent, concernant la nécessité de la double facturation, d'actions de sensibilisation plus qu'autre chose, les commerçants des marchés quotidiens de la ville de Bouira étaient unanimes hier à dénoncer cette circulaire en refusant catégoriquement de s'y soumettre. Selon certains commerçants rencontrés hier au marché quotidien de l'ancienne gare routière, le marché le plus important au niveau de la ville, il est hors de question d'afficher ce double prix, ni encore d'avoir des factures des produits mis en vente. Selon eux, beaucoup de légumes et autres fruits exposés à la vente sont achetés directement auprès des agriculteurs, lesquels agriculteurs n'ont jamais possédé de registre de commerce pour pouvoir établir des factures de vente. En outre, même au niveau des marchés de gros, et toujours selon ces commerçants, certains légumes et fruits sont achetés auprès de plusieurs marchés de gros du pays, à travers les wilayas limitrophes, et même depuis Biskra ; mais, dans la majorité des cas, le même légume est acheté à des prix différents alors qu'au niveau du détail, les commerçants se voient obligés de les écouler avec le même prix. Et c'est là, expliquent-ils, qu'ils jouent aux équilibristes entre la marge de bénéfice qui est des fois importante pour une quantité et à perte pour l'autre quantité mais qui donne au final au commerçant une marge de bénéfice équilibrée. En somme, des situations qu'aucun agent depuis son bureau ne pourra comprendre. Aussi, et selon ces commerçants qui refusent de se soumettre à cette circulaire, si le ministère insiste sur cette circulaire, le Syndicat des commerçants à l'échelle nationale entamera une grève nationale. Un bras de fer qui semble à peine engagé. Et pendant ce temps, les citoyens se voient déplumés au quotidien pour cause, justement, de cette hausse vertigineuse des prix des légumes et fruits. Et le plus souvent à cause de cette anarchie qui règne dans le marché national des fruits et légumes. Le ministère, qui s'est engagé à organiser cette filière, saura-t-il aller jusqu'au bout de son plan de régulation du marché national ? Y. Y.