Le 7 novembre 2008, le maâlem (maître) Benaïssa déposait pour de bon son goumbri. A l'occasion du dixième anniversaire de la disparition du grand artiste de la musique diwan (gnawi), un hommage lui sera organisé à la salle Ibn-Zeydoun à Alger, le vendredi 14 décembre à partir de 19h. Au programme de la soirée figurent des prestations de Ifrikya Spirit, Chibane et de Zaki Project. Une partie des fonds récoltés sera reversée en forme de dons à la famille de Benaïssa Bahaz (entrée à 500 DA). Né en 1965 à Alger, Benaïssa Bahaz a ouvert les yeux au sein d'une communauté artistique, baignant dans la musique diwan. Son père l'a rapidement initié au goumbri, instrument à quatre cordes de musique traditionnelle des peuples Gnawa, une sorte de basse ou de guitare traditionnelle. Son père lui a également inculqué la rigueur dans le travail et le respect des ancêtres. Benaïssa va perfectionner son jeu du goumbri pour découvrir des sonorités nouvelles, notamment en collaborant avec d'autres artistes. Il puise ses inspirations spirituelles autant chez le musicien Abdelkader Alla de Béchar surnommé «le roi du fondou», que dans l'univers du rock algérien. L'artiste intègre ensuite le groupe Diwan Dzaïr dont il deviendra le leader grâce à son expérience musicale et son art du goumbri. Le groupe se produit dans de nombreux concerts et festivals en Algérie et à travers l'Europe, l'Afrique, le Moyen-Orient et même à Cuba. Le temps passe, et Benaïssa devient un grand maâlem. Comme un retour aux sources, il enregistre un album de pur diwan, intitulé Daoui. La mort brise net une carrière fabuleuse. Lors du concert de vendredi à la salle Ibn-Zeydoun de Riadh-el-Feth, les anciens membres du groupe Diwan Dzaïr et des amis du maâlem joueront ensemble sur scène «pour faire revivre l'esprit de partage et de fête du maître». Les Gnawa d'Algérie (et du Maroc) sont des descendants d'anciens esclaves noirs issus de populations d'origine d'Afrique noire. Certains se considèrent les ouled Sidi Blel, les descendants spirituels de Bilel Ben Rabah, l'esclave affranchi devenu le premier muezzin de l'Islam. La musique diwan est basée sur le goumbri et les percussions qarqabou (sorte de castagnettes métalliques). Une soirée diwan est appelée «derdba», un mot entré dans le langage populaire algérois, avec le sens de «s'éclater, de faire la fête». Kader B.