Du temps où le tonitruant Ould-Abbès était aux commandes, le cinquième mandat fut la cause à défendre. Il le fit si bien qu'en bout de course, le cœur s'essouffla, la cause avec, qu'il se retrouva en retraite forcée. Il faut, néanmoins, lui reconnaître le mérite d'avoir défendu, bec et ongles, l'échéance d'avril, avec hargne, courage et abnégation ; au point où, emporté par l'amour immodéré du prince, qu'il perdit pied. Et se retrouva avec un congé de maladie de complaisance. Tout de même, il eut le mérite (pour lui) de nous compliquer la tâche ; il inventa la continuité politique, même si le chemin déjà effectué fut catastrophique. A ce niveau de réflexion, je me pose la question de savoir ce que devient le fameux rapport du FLN (et du gouvernement) sur les réalisations de vingt ans de règne. Est-il classé définitivement comme archives mortes ? Ould-Abbès peut-il y répondre ? En tout état de cause, le cinquième mandat fut un leitmotiv, à la limite du sacré. Puis, de fil en aiguille, si j'ose dire, un peu à la Pénélope, on détricote le concept inlassablement. La journée, on prend les aiguilles ; on fait semblant de travailler ; la nuit, on démonte l'œuvre diurne. Ould-Abbès a excellé dans cette tentative de vendre au peuple algérien une présidence qui n'a de présidence que le nom. Il a crié sa conviction. Il a tapé sur la table. Au burin, il a taillé une conviction à laquelle n'adhèrent que ses militants. Puis, on a sorti le dictionnaire : un Larousse, en avance sur l'Académie française. Le cinquième mandat n'est pas convaincant ? Il est trop risqué ? On passe à autre chose. Comme vingt ans de règne ont fait de notre pays une force économique incroyable, il faut, dès lors, continuer ; il faut continuer la continuité. L'Algérie n'est que la troisième puissance mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine, la continuité (au diable le cinquième mandat !) nous placera au premier rang, grâce au FLN, à ses chefs, à son génie et à son patriotisme. Je débloque grave, ya kho ! Je me suis laissé à mon énième crise nationaliste. Que voulez-vous, j'aime mon pays. Puis, si la continuité de la continuité n'est pas populaire, on va derrière les fagots, on propose carrément le report des élections. Qui présidera l'Algérie en 2019 ? Je veux bien comprendre. Gros bêta, il y a déjà un Président. Pourquoi en changer ? On reporte, pi'ssitou ! Pourquoi se compliquer la tâche ? Let it be ! Dans quelle langue devrais-je le dire ? Plus loin que le report, on annulera les élections. On ne change pas une équipe qui gagne. Depuis 1999, tout va pour le mieux dans le meilleur de l'Algérie ! On a une industrie qui importe des biens. On importe également des travailleurs. On planche l'argent, à gogo. Mais, on exporte nos m'khakh. Et on oblige nos harragas à fiche le camp d'ici. N'est-ce pas qu'elle est belle la vie ? Pourquoi donc s'embarrasser d'une élection ? On a le meilleur, on le garde ! Pourquoi en changer ? On ne va pas faire un référendum pour ça ! Puis, on décide, c'est tout. C'est comme ça, et pas autrement. Yakhi hala yakhi ! On peut même garder nos élus à vie. Une APN, à vie. Des APC, à vie. Un Sénat, à vie. Pourquoi chasser le naturel, puisqu'il revient au galop ? Tahya El-Djazaïr. Un seul héros, le peuple ! Ah, j'ai failli oublier. La mémoire populaire n'est pas oublieuse. Il faut que tout le monde s'en souvienne. La députée, vous voyez de qui je parle, celle qui voit rouge quand elle entend parler amazigh, je ne veux même pas me rappeler de son nom, s'est fait éjecter de Chabet-el-Amer. Cette députée est allée prendre l'air et se parader devant le peuple de Chabet qui, lui, n'oublie pas le mépris, les insultes et les langues fourchues. Il a rappelé à la députée en question qu'on ne joue pas avec l'Ancêtre. Heureusement que les gendarmes étaient là ; autrement, elle aurait passé un sale quart d'heure. Cheh, je dis cheh, parce qu'elle le mérite. C'est une bonne leçon pour elle. Maintenant, il faut qu'elle s'en rappelle. Sinon, gare à la colère populaire ! Personnellement, je ne savais pas que le jus Amila existait ; il y a tellement de jus qu'on perd le nord. Ce jus contiendrait du pyrazole ; chut, il se murmure que c'est une drogue. Il ne nous manquait plus que ça ; déjà qu'on est drogué sans drogue ; allez rajouter du pyrazole, je ne sais même pas ce que c'est, à nos boissons, c'est le trip assuré. N'allons pas plus vite que les laboratoires d'analyse ; attendons de voir les résultats ; il se pourrait que ce ne soit qu'une tempête dans un verre d'Amila. Par mesure de précaution, les pouvoirs publics ont retiré du marché le jus en question et gelé les activités de l'entreprise. J'aurais bien aimé l'essayer et voir l'effet hallucinogène du produit. Tant pis, une autre fois, peut-être ! Si au lieu de retirer du marché cette boisson, on retire tout simplement ce système qui, depuis 1962, «hallucinogène» le peuple algérien ! O la bonne trouvaille de Benghabrit ! Je rappelle que Benghabrit est notre ministre de l'Education nationale. Qu'elle fait bien son travail ! Mais, en voulant trop bien faire, on sort légèrement du contexte socio-éducatif algérien. On serait en Finlande, j'aurais compris que notre ministre veuille bien supprimer les sanctions ; mais chez nous, il y a lieu de resserrer un peu la cravate à nos potaches. Si on met sur un bulletin des félicitations à un élève, il est naturel qu'on mette un avertissement à un mauvais élève. C'est quoi ce misérabilisme à la noix ? C'est la loi de la nature, il y a toujours un premier de la classe et le bon dernier. Je n'invente rien. Alors, donnons à chacun la sanction qu'il mérite. Le travail paie, je ne suis pas le premier à le dire. La médiocrité ne mène pas loin. On le voit partout. Ici, il y a un chirurgien qui opère ; là, il y a un plombier qui répare la tuyauterie. Je voudrais dire à Madame la Ministre de laisser les choses aller dans le sens de la nature. On ne rend pas service aux élèves en laissant complaisamment la «case vide». Rien ne changera pour l'élève ! Sa moyenne est là, qui crie «au secours». Trouvez autre chose, Madame la Ministre ! Il y a des jours comme ça où, dans une chronique, on passe du coq à l'âne. Ou de l'âne au coq. Il y a des jours comme ça où les neurones ramollissent et ne permettent pas d'élever le débat. Il y a des jours comme ça où la sanction est méritée ; comme moi, aujourd'hui. Mea culpa, j'accepte la sanction. Je ferai mieux la prochaine fois ! Y. M.