La 13e édition du Festival national du théâtre professionnel, dédiée à la mémoire de la défunte comédienne Sonia, s'est ouverte samedi au Théâtre national algérien avec la présentation de la première pièce en compétition H'zam el ghoula. Montée d'abord par Abdelmalek Bouguermouh en 1989 d'après un texte de Valentin Kataïev, H'zam el ghoula revient cette année avec une nouvelle adaptation signée Omar Fatmouche et mise en scène par Mouhoub Latrèche. Produite par le Théâtre régional de Béjaïa, la pièce d'ouverture de ce 13e Festival national du théâtre professionnel s'ouvre sur une impressionnante scénographie signée Aziz Messaâd, constituée d'un enchevêtrement de canalisation faisant à la fois office de décor, de mobilier et d'accessoires. Alors que s'achève un joli instrumental d'une chanson de Hnifa, les comédiens se suivent et occupent efficacement la scène en arborant très rapidement les codes du vaudeville. Aïssa, étudiant marxiste, partage une misérable piaule avec son ami Brahim, fervent musulman. Les deux viennent de se marier et redoutent de l'annoncer l'un à l'autre puisqu'ils n'ont d'autres lieux où vivre que cette cave. Le premier a épousé la fille d'un riche propriétaire terrien ; le second une étudiante éprise de lecture et plutôt gauchisante. La pièce s'articulera alors sur les problèmes de cohabitation entre les deux couples, que le propriétaire El Hadi, caricaturant un politicard algérien, veut résoudre à coup de discours et d'assemblées générales biaisées. Or, les conflits et l'impossibilité de trouver un compromis vont également mettre en exergue l'incompatibilité endogène de chaque couple : Aïssa, idéaliste et obnubilé par la lutte des classes, ne supporte plus le matérialisme et la nonchalance bourgeoise de son épouse. Quant à Brahim, bigot et opportuniste, il est de plus en plus offusqué par le désir d'émancipation et de justice de sa nouvelle campagne. Et c'est en toute logique que ces deux couples finiront par éclater afin que d'autres, moins antagoniques, se forment : Aïssa et Nadia, les doux rêveurs de gauche ; Brahim et Djamila, les partisans de l'ordre établi et du capitalisme. Ponctuée d'un humour souvent facile, voire réchauffé, et de scènes déclamatoires assez grandiloquentes, Hzam el Ghoula demeure, néanmoins, en adéquation avec le registre léger et sans prétention où s'est inscrite sa version originelle La quadrature du cercle de Valentin Kataïev. Celle-ci pointant avec ironie mais sans trop d'audace politique, les travers devenus caricaturaux du système soviétique, s'est trouvée ici aménagée dans un contexte algérien dont on a convoqué cependant les caractéristiques les plus anecdotiques moult fois exploitées dans le théâtre des années 1990 : crise de logement, bureaucratie, jeunes pris en tenailles entre religiosité et opportunisme d'une part et rêves de liberté et de justice d'autre part, etc. Le Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu'au 31 décembre. Au programme d'aujourd'hui : les deux pièces en compétition Juba II de Ahmed Khodi (Théâtre régional de Tizi-Ouzou) à 15h et Maâroudh l'hwa de Mohamed Bakhti (TR. Oran) à 19h tandis que le Théâtre communal d'Alger-centre accueillera à 17h la pièce en hors-compétition Caligula de Abbas Mohamed Islam (Coopérative espace culturel d'Alger). S. H.