La semaine a été horrible. A peine remis de l'épisode honteux de Miss Algérie, le pays a découvert qu'il n'était pas au bout de ses peines. Houari Manar, un chanteur de raï dont on peut aimer ou non le travail artistique, est parti à la fleur de l'âge après une énigmatique opération de chirurgie esthétique. Il y a deux ans, il avait déjà été sous les feux de la rampe quand il a été empêché de chanter à Constantine sur une décision du wali qui avait cédé à la pression de «la rue» qui avait trouvé son orientation sexuelle outrageante pour la commémoration de Novembre. On pensait que l'armée des ténèbres et les vigiles de la morale blafarde pouvaient observer un minimum de retenue face à la mort mais il n'en a rien été, ils sont revenus, ils reviennent toujours et on ne voit pas encore ce qui pourrait les dissuader de revenir. Dans la foulée, on a même «oublié» que l'artiste aurait succombé à une grave erreur médicale. La semaine a été pénible et elle n'est pas encore terminée. Deux légendes de la chanson kabyle ont été traînés dans la boue par d'autres vigiles, de la berbérité et de la Kabylie, ceux-là. A l'origine, un spectacle en perspective à Paris destiné à célébrer Yennayer. Voici ce qu'on leur a reproché, tour à tour : Le… prix des billets. Le fait d'avoir dit sur un plateau TV que la consécration de Yennayer comme fête nationale et tamazight langue officielle est une avancée. Et pour boucler la boucle, la… présence avec eux pour le spectacle de Mohamed Allaoua, un chanteur dont le style est jugé trop léger pour l'événement ! Pénible, vraiment pénible et c'est le moins qu'on puisse dire. La semaine a été plus ou moins pénible, avec Yennayer, toujours. Pénible parce qu'une faune de thuriféraires usés dont on commençait à apprécier la discrétion a surgi du buisson. Ils nous apprennent que célébrer Yennayer est une hérésie, que la fête a d'autres origines que celles qu'on lui prête et en dénient aux «Kabyles» un monopole… qu'ils n'ont pourtant jamais revendiqué. Gerbant. Moins pénible parce qu'il y a une véritable dynamique populaire autour de cette fête qui, loin des douteux déploiements officiels et peut-être bien contre eux, se développe une effervescence populaire dans un véritable esprit festif où le terroir comme l'innovation heureuse sont à l'honneur. Rassurant. La semaine a été pénible même si sur cette dernière question, on a connu des jours plus inquiétants. Les syndicats autonomes de l'éducation ont (encore) déposé un préavis de grève pour la journée du 21 janvier prochain. La première chose qui peut venir à l'esprit des parents est qu'il est encore heureux qu'on ait rompu avec les débrayages «illimités». Deuxième motif d'optimisme, la ministre a tout de suite pris les devants en engageant un dialogue-négociation avec les syndicats, ce qui n'était pas vraiment dans la «tradition» par le passé. Mais il y a quand même des choses qui n'ont pas changé : dans la liste des revendications, il n'y a nulle trace d'un quelconque souci pédagogique mais seulement des demandes liées aux salaires, au primes, à la retraite… Et puis cette question que plus personne ne se pose, ce qui est édifiant en soi : que devient l'UGTA ? S. L.