La semaine a été moins pénible que d'habitude. On pensait que l'entrée dans l'arène d'Ali Ghediri était une candidature banale dans un scrutin cousu de fil blanc, on a découvert un engagement qui n'a laissé personne indifférent. Bien évidemment, on a entendu ceux qui soutiennent, et ils ne manquent pas d'arguments, que tout est joué d'avance comme d'habitude. Mais d'autres estiment que le contexte, les conditions générales de cette élection, le profil du candidat et le niveau des soutiens qu'il a pu attirer sont quand même différents. Ce son de cloche se fait une place non négligeable au sein de l'opinion qui s'est exprimée jusque-là. Chez les partisans de la «continuité», Si Baha Eddine Tliba a été sciemment choisi pour s'en prendre à Ali Ghediri, on n'a pas peut-être besoin de dire que c'est lamentablement raté, tellement l'homme mobilise contre lui et contre tout ce qu'il défend. Autant dire l'adversaire rêvé qui ne vous demande pas d'effort particulier pour le mettre au tapis, puisqu'il s'en occupe très bien tout seul. La semaine a été pénible. Quasiment tout le gouvernement devait être «sur le terrain» mais n'y voyez pas de mal. Les ministres sont seulement en «visite de travail et d'inspection». Là où il n'y a rien à inaugurer, on bricolera bien quelque chose. Une visite dans une usine, une structure de santé ou une exploitation agricole et voilà de la matière pour revenir sur les réalisations du président et son bilan. Si on ressent à ce point le besoin d'y revenir, c'est que quelque part on a oublié qu'on est heureux jusqu'à ce qu'un ministre vienne nous le rappeler. Bien évidemment, les ministres ne sont pas en campagne, honni soit qui mal y pense. Surtout que pour cela, ils ont un argument imbattable : ils n'ont pas encore de candidat déclaré, n'est-ce pas. La semaine a été pénible, d'avoir été surchargée de quolibets envers les «candidats à la candidature» tellement tournés en dérision qu'ils ont fini par susciter quelques sympathies outrées par les attaques contre leurs dentitions là où on aurait pu se pencher sur leur inconsistance politique. Les prochains jours vont certainement permettre de recentrer le débat sur les questions de fond. A commencer par la manière d'envisager le rendez-vous du printemps : ou on ose espérer le rêve fou d' un scrutin ouvert même s'il y a très peu d'indices qui le suggèrent, ou alors on situe cette énième épreuve du genre dans la perspective d'une dynamique de changement qui commencera au soir de son dénouement. La semaine a été pénible. Il a beaucoup été question du «fichier électoral» ces derniers jours. Normal, il en a été ainsi à l'orée de chaque scrutin. Sauf que cette fois, une importante logistique a été déployée par l'administration publique pour l'opération. Bien sûr, comme avant, ça n'a pas convaincu grand monde et pour cause : ce n'est pas vraiment le niveau de performance technique du dispositif électoral qui est mis en cause. C'est plutôt la volonté politique d'aller vers une compétition loyale qui fait que le scepticisme et la suspicion soient si tenaces au sein de l'opinion. Et en l'occurrence, on n'a rien vu venir. Jusque-là, du moins. S. L.