Le soutien qu'apporte le célèbre avocat Mokrane Aït Larbi à la candidature de l'ancien général-major Ali Ghediri a généré des critiques, mais aussi une certaine somme d'interrogations auxquelles il a décidé de répondre dans une lettre transmise hier à la presse. Dans son ensemble, cette lettre se résume à une série d'explications à travers lesquelles l'avocat justifie son engagement aux côtés d'un candidat pas comme les autres. Ancien général-major de la marine s'étant attiré les foudres de son ancienne hiérarchie et du système en place pour avoir versé dans l'opposition au régime, il porte aussi l'étiquette de proche du général Médiène lui-même tombé en disgrâce. Ali Ghediri s'en est cependant démarqué publiquement lors d'une récente interview. Le soutien que lui a apporté Mokrane Aït Larbi n'est de ce fait pas passé inaperçu. Militant politique de longue date, défenseur des droits de l'Homme, il mène actuellement campagne pour ce dernier. Le fait lui a valu des critiques auxquelles il répond donc. «Qu'est-ce qui peut bien réunir un avocat, engagé depuis longtemps sur le terrain des droits de l'Homme, et un général-major, aujourd'hui à la retraite ?» s'interroge-t-il dans sa correspondance aux médias. «Qu'est-ce qui peut rapprocher un opposant qui a payé de sa liberté la défense de ses convictions» d'un homme «issu de l'armée et qui s'engage tardivement dans la politique ?» Autant d'interrogations «légitimes», selon Mokrane Aït Larbi qui évoque aussi des «déceptions compréhensibles à ce stade» suscitées par sa décision. «La réalité est aussi simple qu'inédite, écrit-il. Deux citoyens d'origines modestes, aux parcours atypiques et qui ont répudié le choc des ego, ont réussi à trouver un terrain de convergence autour de valeurs communes.» «Pour les Algériens échaudés par les pratiques sulfureuses de leurs dirigeants, être général-major, même à la retraite, est un handicap qui suscite, au mieux la méfiance, au pire le rejet. Porté par un homme de conviction, intègre, déterminé et au parcours honorable, ce grade est un atout majeur pour imposer aux groupes d'intérêt qui ont pris le pays en otage le changement exigé par le sens de l'Histoire. Et pour s'en convaincre, il suffit de mesurer la violence de leurs réactions, qui défient le droit et la morale, pour tenter de lui barrer la route». Il ajoute : «Il n'y a ni messie, ni homme providentiel, ni sauveur suprême. L'édification d'une nouvelle République, démocratique, moderne et respectueuse des valeurs d'une société plurielle, passe par la mobilisation des citoyennes et des citoyens, qui doivent occuper la scène politique pour imposer leur volonté de changement et devenir les acteurs de leur propre destin.» A. C.