D'où Ali Ghediri tire-t-il cette assurance, lui qui a été rappelé à l'ordre par l'armée à quatre reprises, en l'espace de quelques jours seulement ? D'une assurance inébranlable, Ali Ghediri se voit futur président de la République. Le candidat indépendant à l'élection présidentielle du 18 avril prochain, inconnu du grand public il y a juste quelques semaines, croit en effet, en toutes ses chances de l'emporter. «Je suis partant pour gagner. Je n'envisage pas la défaite», a-t-il affirmé hier, lors de son passage au forum du quotidien Liberté, à l'hôtel Sofitel d'Alger. Il ne donne aucune importance à la candidature du chef de l'Etat pour un cinquième mandat. «Avec ou sans Bouteflika, je suis partant pour gagner», a-t-il insisté à plusieurs reprises. D'où Ali Ghediri tire-t-il cette assurance, lui qui a été rappelé à l'ordre par l'armée à quatre reprises, en l'espace de quelques jours seulement ? «J'ai une force qui est avec moi : c'est le peuple», a-t-il assuré. L'orateur pense que son appel au chef d'état-major de l'ANP à assumer ses responsabilités, au moment où les débats sur le report de la présidentielle faisaient l'actualité, a porté ses fruits, puisque, a-t-il expliqué, «on n'est pas sorti de l'ordre constitutionnel, alors que Makri (le président du MSP) a voulu la prolongation du mandat présidentiel». Pour sa première conférence publique, tenue dans une salle archicomble, en présence de personnalités connues, comme l'avocat Mokrane Aït Larbi, le général Hocine Benhadid, le déclencheur de l'affaire des magistrats faussaires, Benyoucef Mellouk, le général à la retraite a voulu convaincre du bien-fondé de son projet de «rupture sans reniement». Par rupture, le candidat veut «rompre avec l'autoritarisme et le système rentier et clientéliste, et édifier une deuxième République». Il a affirmé qu'il veut construire une Algérie moderne, tournée vers l'avenir. Il s'est engagé à combattre la corruption et la fraude électorale qui sont, à ses yeux, les deux maux qui ont ruiné le pays. «La légitimité passe par l'urne», a-t-il expliqué, estimant que l'Algérie d'aujourd'hui est un Etat de non-droit. Quant à la corruption, M. Ghediri soutient qu'elle ne porte pas uniquement préjudice à l'économie du pays, mais constitue «un danger pour la sécurité nationale». La situation de la justice inquiète également le candidat à la présidentielle. Selon lui, un Etat sans une véritable justice n'est pas un Etat. Ali Ghediri s'engage donc à réparer la justice et à combattre la corruption, mais il ne compte pas solder de comptes avec des personnes. «Il faut ouvrir tous les dossiers et en discuter sans tabou. Je ne suis pas venu pour demander des comptes, mais pour corriger la trajectoire du pays. Je veux rassembler (…). On a le droit d'avoir des idées différentes, mais on n'a pas le droit d'être des ennemis (à cause de nos idées)», a-t-il lancé. L'invité du forum de Liberté n'exclut pas les alliances avec les autres partis dans le futur. Il dit qu'il se base sur la compétence pour les missions nationales. «Je suis venu rassembler ceux qui partagent ma vision, sur la nécessité de sauver le pays du pourrissement actuel», a-t-il encore affirmé. Il n'a pas manqué de présenter les grandes lignes de son projet pour l'Algérie. Il s'agit de «rompre avec l'autoritarisme et le système rentier et clientéliste, édifier une deuxième République et bâtir un Etat de droit». Il envisage aussi de restaurer l'autorité de l'Etat, en renforçant son assise démocratique à travers l'érection d'institutions nationales démocratiques, et en consacrant une réelle séparation des pouvoirs. Ali Ghediri projette, en outre, de rompre avec l'instrumentalisme des déterminants fondamentaux de l'identité nationale, avec le discours démagogique et les pratiques populistes, avec les inégalités sociales, avec l'économie de la rente et le centralisme stérile. L'ancien général a affirmé qu'il n'est le candidat d'aucun clan.