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Les engagements-surprise de Bouteflika CHANGEMENT DU SYSTÈME, CONFERENCE NATIONALE INCLUSIVE, PRESIDENTIELLE ANTICIPEE À LAQUELLE IL NE SERA PAS CANDIDAT...
Abdelaziz Bouteflika confirme officiellement sa candidature pour l'élection présidentielle du 18 avril prochain avec le dépôt, hier, dimanche, en début de soirée, de son dossier auprès du Conseil constitutionnel, assuré par son nouveau directeur de campagne, Abdelghani Zaâlane. Sans surprise. Sauf qu'il a accompagné ce dépôt par un «message à la nation» où il prend des engagements lourds et inattendus. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Face à l'immense pression de la rue et les manifestations amples et incessantes contre sa candidature pour un cinquième mandat, Bouteflika s'engage à organiser, s'il est réélu le 18 avril prochain, «une élection présidentielle anticipée (…)». Mais aussi, et c'est là une colossale concession pour lui, Bouteflika tenait-il à préciser : «Je m'engage à ne pas être candidat à cette élection qui assurera ma succession dans des conditions incontestables de sérénité, de liberté et de transparence. » A l'évidence, l'homme ne veut pas perdre la face et sortir par la petite porte et veut organiser lui-même sa propre succession. Car, contrairement à Liamine Zeroual qui, en septembre 1998, annonçait, à la surprise générale, l'organisation d'une élection présidentielle dans six mois et à laquelle il s'engageait à ne pas être candidat, Bouteflika ne fixe pas d'échéance à sa présidentielle anticipée. Mieux, et face à la forte contestation populaire qui ébranle le pays depuis bientôt un mois, le chef de l'Etat qu'il est se désincarne, se place du côté de la contestation et s'engage à «assumer la responsabilité historique de la concrétisation de l'exigence fondamentale du peuple, c'est-à-dire le changement du système». Le Président-candidat à la présidentielle du 18 avril s'engage ainsi à mener lui-même ce changement, à travers sa conférence nationale. «Juste après l'élection présidentielle, je m'engage à tenir une conférence nationale inclusive et indépendante pour débattre, élaborer et adopter des réformes politiques, économiques et sociales, devant constituer le socle du nouveau système rénovateur de l'Etat national algérien en harmonie avec les aspirations de notre peuple.» De même, ajoutera-t-il, que de «l'élaboration et l'adoption par référendum populaire d'une nouvelle Constitution qui consacrera la naissance de la nouvelle République et du nouveau système algériens». En plus de réformes économiques et sociales, Bouteflika s'engage à faire sienne, une revendication extrêmement importante de l'ensemble de la classe politique, notamment l'opposition. A savoir, «la révision de la loi électorale avec notamment la création d'un mécanisme indépendant d'organisation des élections qui aura la responsabilité exclusive de l'organisation des élections». C'est extrêmement important, en effet, car il s'agit bel et bien «d'organisation », et non plus «de surveillance » ou de «supervision» des élections. Faisant, comme lors de son premier message de candidature du 10 février dernier, de «la conférence nationale inclusive» le projet central de son programme électoral, il précisera, cette fois, que la date de l'élection présidentielle qu'il compte organiser «sera fixée par cette conférence nationale». En l'espèce, il ne veut surtout pas se faire piéger en se fixant, sur ce point précis, une échéance précise, d'autant plus qu'il s'engage à ne pas se porter candidat à cette présidentielle anticipée. Autrement dit, il jette la balle dans le camp de l'ensemble de la classe politique, particulièrement l'opposition, de la société civile et de l'ensemble des segments de la société, tous conviés à cette «conférence inclusive ». En même temps, il signifie, par ces nouveaux engagements, pour ainsi dire, que si changement devait être, ce ne serait pas contre lui, mais se fera par… lui. «J'ai écouté et entendu le cri du cœur des manifestants et en particulier des milliers de jeunes qui m'ont interpellé sur l'avenir de notre pays (…) J'ai le devoir et la volonté d'apaiser les cœurs et les esprits de mes compatriotes. Je le fais également en tant que président de la République pleinement respectueux de la volonté populaire qui m'a accordé l'insigne privilège de me porter à la magistrature suprême. Je le fais enfin en qualité de candidat à la prochaine élection présidentielle, avec conviction.» Très affaibli par la maladie, particulièrement depuis le 27 avril 2013, Bouteflika, qui a déjà eu à gérer et à s'épargner une première tempête, «les printemps arabes», avec quelques «réformes politiques » et d'énormes concessions accordées, à l'époque au front social, sait que, cette fois, il ne pouvait concéder «moins que cela», de grandes et spectaculaires réformes politiques, et, surtout « une présidentielle anticipée à laquelle je m'engage à ne pas me présenter», même sans en fixer la date, alors que les manifestations n'ont qu'une seule cible : lui, son système et, bien sûr, sa candidature désormais irréversible au plan constitutionnel, pour un cinquième mandat. Son message réussira-t-il à convaincre, non pas la classe politique mais la contestation populaire ? K. A.