Encore une autre journée de protestation de rue à Bouira. Hier, c'était au tour de l'élite universitaire, les enseignants en l'occurrence, d'organiser un sit-in pour dire tout haut «Non au 5e mandat», «Non à la violation de la Constitution» et oui pour le respect de la volonté populaire. Ces dizaines d'enseignants, qui étaient appuyés par des centaines d'étudiants lors de leur action organisée devant le siège du rectorat de l'Université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, se sont lancés dans une marche improvisée qui allait parcourir près d'un kilomètre entre le campus universitaire jusqu'au siège de la Wilaya, du côté nord. En effet, tout a commencé à l'intérieur du campus où le Cnes avait organisé un sit-in auquel ont assisté une centaine d'enseignants, mais également des centaines d'étudiants qui étaient là en grève générale en signe de protestation contre le 5e mandat de Bouteflika. Sur place, lors de ce sit-in, des enseignants brandissaient une grande banderole sur laquelle on pouvait lire en français : «Ceux qui se battent peuvent prendre ; ceux qui ne se battent pas ont perdu d'avance», mais aussi, des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres : «Non au 5e mandat», «Oui pour une République, non pour une monarchie», «Oui pour une 2e République», «Système dégage !», etc. Sur place, le coordinateur du Cnes fera une brève allocution dans la laquelle il explique l'objectif de cette action, en rappelant la nécessité de voir l'élite algérienne s'impliquer pour ne pas rester en marge de l'Histoire et des événements qui ont cours actuellement dans le pays, en rappelant également que les enseignants font partie de ce peuple et, par conséquent, c'est tout naturellement qu'ils joignent leur parole à celle du peuple en rejetant le 5e mandata et en dénonçant la violation de la Constitution par le pouvoir actuel. Juste après cette allocution, les centaines d'étudiants présents, et c'est parce qu'une grève générale a été observée hier, ont improvisé une marche qui allait grandir déjà à l'intérieur du campus universitaire, avant de sortir dans les rues de la ville de Bouira en empruntant le chemin du siège de la Wilaya, sur le boulevard Boussandala. Et comme cela se fait déjà depuis bientôt deux semaines, les étudiants qui marchaient côte à côte avec leurs enseignants n'ont cessé de scander les mots d'ordre propres au mouvement de ces derniers jours, à savoir «Bouteflika, pas de 5e mandat», «Djazaïr horra dimocratia» (Algérie libre et démocratique», «Y'en a marre de ce pouvoir», «Pouvoir assassin», «Ulac smah ulac», et également, et cela est nouveau, «Ya Derbal, ya Derbal, hez qechek ki Sellal» (Derbal, Derbal, dégage comme Sellal» et autres «FLN dégage !», «Ouyahia dégage !». Arrivés devant le siège de la Wilaya côté nord, au niveau du jardin public, les marcheurs ont observé une halte durant laquelle ils sont entonné en chœur l'hymne national, ainsi que plusieurs slogans anti-Bouteflika et anti-système, avant de se disperser dans le calme vers 11 heures. Aucun incident n'est à signaler. Y. Y.