Alors que le pouvoir semble ignorer la rue et s'en tenir seulement à sa propre feuille de route, avec son obstination à présenter la candidature du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika malgré son état de santé très grave, les citoyens, eux, continuent à manifester dans les rues pour faire entendre raison justement à ce pouvoir pour retirer cette candidature, vue comme une humiliation pour le peuple et le pays, mais également réclamer un changement radical et le départ du système avec les têtes et les partis qui l'incarnent. Ainsi, hier, alors que tous les regards étaient braqués sur Alger pour voir si le pouvoir oserait franchir le cap en présentant la candidature de Bouteflika, une centaine d'avocats du barreau de Bouira a organisé une marche pour dénoncer l'entêtement du pouvoir à aller vers un 5e mandat de Bouteflika, mais aussi, dire tout haut que les avocats sont aux côtés du peuple en faisant leurs les slogans scandés durant les historiques marches populaires des deux derniers vendredi, avec «Djazaïr horra dimocratia» (Algérie, libre et démocratique), «Libérez l'Algérie», «la défense s'engage, système dégage !», mais aussi, «Y'en a marre, y'en a marre de ce pouvoir !» et autre «Ulac smah ulac», alors que sur les banderoles, on pouvait lire, entre autres : «Non à la violation de la Constitution», «Nul ne peut arrêter le peuple sur le chemin de son destin», etc. écrits en arabe et en gros caractères. Les avocats, qui ont arpenté les principales rues de la ville, ont fait une halte devant le siège de la Wilaya avant de poursuivre leur marche en faisant une boucle du côté de la cité Ouest pour revenir au point de départ, au niveau du parking de la cour de Bouira, où ils se sont dispersés dans le calme. Juste après cette marche, ce fut au tour des étudiants de battre le pavé, aux environs de 10 heures 30 minutes, pour réclamer un changement radical avec le départ du système. Avec des banderoles hostiles au pouvoir et aux cris de «Pouvoir assassin» et autre «Non au 5e mandat», les centaines de marcheurs n'ont cessé, tout au long de l'itinéraire qui les a menés depuis le campus universitaire jusqu'au siège de la Wilaya en passant par le siège de la Sonelgaz et la cité Harkat, de scander des mots d'ordre hostiles au pouvoir mais, également, réclamer le départ u système en criant fort que «ni Sellal, ni Zaâlane, nous réclamons le départ du système», comme pour signifier aux décideurs que les changements de façade opérés ce samedi ne leurrent personne et que, désormais, la revendication principale du peuple est le départ de ce système et toutes ses figures comme Ouyahia, Bouchareb, Ghoul, Benyounès, mais également les partis qu'ils dirigent, le FLN et le RND particulièrement. Les deux marches se sont déroulées dans le calme sous l'œil vigilant des policiers dont beaucoup étaient en civil, qui veillaient au grain pour éviter l'incursion de personnes qui oseraient créer des troubles et autres échauffourées pour que les marches pacifiques dégénèrent. Y. Y.