Pour le troisième vendredi de suite, une journée qui coïncide avec la fête internationale de la femme, le peuple de Annaba, femmes, hommes, familles accompagnées de leurs enfants, est sorti pour rejeter le 5e mandat du Président sortant. Dès treize heures trente, et dans une ambiance des grands jours, le centre-ville et les rues adjacentes étaient envahies par une foule estimée à plus de 70.000 personnes. Du jamais vu dans la quatrième ville du pays. Entonnant des chants patriotiques, les manifestants soulevaient des portraits de chahidate. Ils étaient enveloppés dans des emblèmes nationaux, et agitaient des banderoles et pancartes dénonçant le coup de force du pouvoir qui veut faire passer le 5e mandat sans se soucier du refus du peuple. Ils qualifient cela d'une provocation et d'un décalage total avec le souhait du peuple. Aux slogans habituels «Ni Bouteflika, ni Saïd », «Echaâb yourid taghiir Ennidham», « El djeich, Echaâb Khaoua khaoua » (l'armée et le peuple sont frères), «FLN dégage» «FLN au musée», sont venus s'ajouter de nouveaux. D'une seule voix, la foule constituée de jeunes et moins jeunes dont des handicapés dans leurs fauteuils roulants scandait «aâchrine sana barakat», (vingt ans ça suffit), «Non au système pourri», «Non au cinquième mandat, un mandat de la honte». « Hlektou leblad ya sarraqine » (vous avez massacré le pays, voleurs). « Saïd, c'est bon, makanch président ». Un manifestant accompagné de sa femme et de ses enfants a estimé que «le pouvoir est en décalage total avec le peuple. Celui-ci veut vivre dans un véritable Etat libre et démocratique où la corruption, le favoritisme et les passe-droits seront un mauvais souvenir.) « Nous voulons un pays d'avenir pour nos enfants où ils peuvent vivre libres sans jamais penser à la douloureuse aventure de la harga qui a déjà emporté des centaines de nos enfants», dira l'une des manifestantes dont les deux enfants, une fille et un garçon, émerveillés par ce qui se passait autour d'eux agitaient de petits drapeaux. Des jeunes munis de sachets-poubelles et soucieux de la propreté de leur ville se sont mis à nettoyer les rues. «Nous voulons une ville et un pays propres non seulement d'immondices mais aussi de ceux qui pourrisent la politique », ont-ils affirmé. A l'heure où nous rédigeons encore cette information (seize heures trente), la foule poursuivait toujours en force sa dénonciation du 5e mandat. A. Bouacha